Ce constat très alarmant permet de toucher du doigt l'ampleur du faux et de ses usages aussi bien au sein de l'institution scolaire qu'administrative. D'où les nombreuses réticences éprouvées vis à vis des parchemins en provenance du Cameroun à l'étranger. Pour lutter contre ce fléau qui n'épargne pas les pièces d'identité, les permis de conduire, les actes de naissance et même les passeports, Charles Ateba Eyene, coordonateur national du Club éthique du Cameroun a convié les jeunes à une conférence-débat dimanche dernier à la chambre d'Agriculture. C'était également pour lui une manière de relancer les activités de son association pour le compte de l'année 2004 après un moment de silence. A cette occasion , quelques universitaires comme Hubert Mono Ndzana de l'université de Yaoundé I et M Mabou de l'Esstic, des juristes comme Me Ndzana, avocat au barreau du Cameroun, des hommes d'église à l'exemple de Cheik Oumarou Malam Djibril, ont éclairé la lanterne des jeunes sur le thème "faux et usage du faux comme entrave à tout effort de développement et de progrès au Cameroun ". Par leur présence massive à ce rendez vous, les jeunes ont montré qu'ils ne sont pas indifférents aux questions de fraude qui les interpellent.
Les intervenants ont tour à tour condamné le faux sous toutes ses formes. Ainsi, ces hommes ont fustigé la falsification des factures par de hauts responsables, l'usage des faux actes de naissance pour des fins personnelles, le recrutement de certains incompétents dans les entreprises, la listes des manquements ainsi relevés est loin d'être exhaustive. A ce sujet, les jeunes ont appris que le faux est une gangrène que la loi réprime à travers les articles du code pénal, que la religion condamne dans les différents livres sacrés comme le Coran et la Bible. La mondialisation quant à elle le rejette au profit de l'excellence. Alors que la philosophie demande de sortir " de la médiocrité vers l'excellence " qui est synonyme de perfection. Face à ces dérapages organisés par des jeunes accablés par la mal vie et la faim, il apparaît que nombreux ont positivement accueilli l'initiative du Club éthique, alors que certains sont restés sur leur faim. Pour Michel Premier Ntourou, étudiant en Lettres modernes à l'université de Yaoundé I,"cette conférence a tout simplement réouvert le débat sur la pauvreté des jeunes". Il fonde son insatisfaction sur le fait que l'on a tout simplement dénoncé sans pour autant proposé des alternatives.
Dans le même sens, Rosine Motio Fotso étudiante à Siantou Supérieur, quant à elle affirme qu' "Il n' y a rien à redire sur le sujet choisi à notre intention. Personnellement, j'ai n'ai pas été édifiée sur le faux en milieu jeune par les différentes prestations des conférenciers. Il fallait nous montrer comment ce problème est combattu à travers un personnage précis. Il a manqué du concret comme dans tous les discours. C'est chacun qui dénonce à son niveau".
Mais, au terme de cette conférence, les uns et les autres ont compris que le Club éthique s'est intéressé à la jeunesse parce que c'est elle qui est l'héritière naturelle du Cameroun de demain. Selon Charles Ateba Eyene rien n'est encore perdu. La lutte contre le faux et son usage est plus facile chez un enfant qui peut encore être façonné ou éduqué. Mais qu'avec les aînés c'est plus difficile parce que c'est une option, un choix ou un mode de vie.
Tout compte fait, il apparaît clairement que c'est une lutte de longue haleine dans ce pays où le faux fait partie de la morale, et où ceux qui la combattent sont marginalisés. Car, dans une société où l'excellence à céder le pas à la flagornerie et au culte de la paresse, la tâche du Club éthique s'apparente au mythe de Sisyphe qui a passé son temps à rouler la pierre sans atteindre son but.
source: Quotidienmutations, Sorèle Guebediang
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