En ce jour de la rentrée scolaire pour le compte du deuxième trimestre, Charles Djendelé Iko, enseignant au collège chevreuil de Douala, ne répondra pas à l’appel. Depuis les premières heures du 31 décembre dernier, il est gardé à vue dans les cellules de la brigade de gendarmerie d’Akwa-sud pour assassinat. Jeune homme de 29 ans, frêle, le visage émacié, des yeux bruns, le prof avait plutôt l’air d’un agneau égaré. “Il nous a toujours paru comme quelqu’un qui n’aime pas de problème, timide, gentille et aimable.” A entendre ses collègues, Charles était un jeunot sans histoires.
Pourtant, sous cet air naïf somnolait un monstre. La population du quartier Akwa l’a découvert jeudi, 30 décembre autour de 23 heures. Charles Djendelé Iko, pour des motifs encore non élucidés, a égorgé comme une poule, sa compagne, la nommée Yolande Massaka Eyala, une étudiante de 24 ans. Selon les voisins du meurtrier, ce sont les supplications de la victime qui les ont ameutés. Après avoir réalisé qu’il se passait quelque chose de tragique, ils ont alerté les forces de l’ordre. Accourus sur les lieux, ces derniers retrouvent le jeune couple dans un décor d’horreur. Le bourreau, évasif, assis à même le sol devant la victime baignant, les yeux livides et sans vie, dans une mare de sang. Le service médicalisé (Samu), appelé à la rescousse n’a pu que constater, comme tout le monde, la tragédie. “Arrivée sur les lieux, nous avons trouvé la victime les pieds sur le lit, la tête complètement enfoncée dans une bassine d’eau. Lorsque nous avons essayé de retourner la jeune dame, on a constaté qu’elle avait été égorgée avec un couteau, une plaie profonde au niveau du cou. Elle a aussi abondamment saigné par les narines”, a constaté, atterré, le médecin, Malobé Mama, de Samu Douala.
Pourquoi as-tu décidé de mettre ainsi fin à la vie de ta petite copine ? A cette question, le meurtrier, a répondu, visiblement au regret, que le moment n’était pas indiqué pour en parler. “Quand
j’aurai besoin d’un journaliste, je vais vous appeler. Faites-moi confiance pour l’exclusivité ”, a-t-il déclaré en exigeant sans blague, un numéro de téléphone.
Fin tragique d’un couple de génies
Néanmoins, l’assassin, qui ne nie pas les faits, a raconté, par le menu, à la force de l’ordre, son acte : “Lorsqu’elle est venue me voir, nous avons un peu échangé sur notre situation. Après, je lui ai demandé de me dire combien d’années de prison sanctionnent un crime passionnel. Elle a répondu qu’elle ne savait pas. Je l’ai longuement fixé dans les yeux. Elle m’a demandé pourquoi je la regardais aussi bizarrement. J’ai vite fait de bondir sur elle et me suis mis à l’étrangler. Comme elle résistait, je suis allé chercher un couteau pour l’égorger. Par la suite, j’ai plongé sa tête dans une bassine d’eau pour m’assurer qu’elle est bien morte ”.
Interrogé sur les motivations de son forfait, Charles Djendelé Iko a déclaré qu’il soupçonnait depuis quelque temps, sa compagne “de beaucoup d’infidélités”. Pourtant, il a affirmé aux gendarmes de ne l’avoir jamais surprise avec un autre homme.
Les deux tourtereaux qui vivaient ensemble depuis quatre ans, étaient pourtant promis à un, bel avenir. Charles Djendelé Iko, titulaire d’une maîtrise, avait décroché son Probatoire série c en classe de seconde et avait été admis au bac à l’âge de 17 ans. Sa petite copine, à qui on donne 24 ans, avait également dans son cursus scolaire obtenu une maîtrise et était en passe d’entrer à l’Institut des relations internationales du Cameroun (Iric) après avoir réussi à l’épreuve écrite. Depuis le 31 décembre dernier, chacun d’eux ne pourra plus achever le destin singulier dont la nature les avait dotés. L’on comprend aisément pourquoi à l’écoute de la nouvelle un des frères de Yolande Massaka Eyala s’est évanoui à la vue du meurtrier. Il n’a pas pu supporter le fait d’écouter le “beau frère” d’hier, raconter avec désinvolture son crime. Sorti de l’effervescence des fêtes de fin d’année, le meurtrier sera conduit au parquet demain.
Source:La Nouvelle Expression
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