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Avocats: Le batonnier sur la sellette
(04/01/2005)
Ordre des avocats: le batonnier sur la selette
Par Redaction

A l’issue de la réunion d’évaluation à Douala de leur mouvement de protestation, les avocats pourraient être amenés à demander la démission du conseil de l’ordre actuel pour sanctionner l’attitude trouble de leur bâtonnier depuis le début de la crise qui les oppose avec les instances de répression gouvernementales

La semaine dernière, le bâtonnier de l’ordre des avocats, Me Ebanga Ewodo, a tenté de rouler dans la farine ses confrères en lutte, depuis un mois, pour une meilleure garantie institutionnelle des droits de la défense en général et la protection de l’exercice public du métier d’avocat en particulier. Après avoir paraphé avec les autres membres du Conseil de l’ordre, à l’issue de sa session extraordinaire du 28 décembre dernier, le communiqué reprenant, en l’étendant sur l’ensemble du territoire national, le boycott général des audiences judiciaires décidé le 19 décembre par les avocats de Douala, le Bâtonnier a unilatéralement, et par voie de presse, annoncé le lendemain, la levée du mot d’ordre de grève des avocats. Tirant argument de ce que de hauts responsables du gouvernement l’avaient reçu pour s’informer des préoccupations de ses “collègues”, il a donc cru judicieux de recommander port de la robe.

Problème: la sortie du bâtonnier recoupe et conforte tous les soupçons de trop grande allégeance au pouvoir politique que lui font nombre de ses confrères depuis qu’il a accepté de siéger au sein d’un organe gouvernemental de supervision des élections. Parce que d’une part l’Onel est, de par ses pouvoirs limités, peu crédible pour le rôle de régulateur des élections qui lui est attribué, mais surtout, en acceptant d’y siéger en même temps que trois autres avocats dont deux au dessus de lui (Me François Xavier Mbouyom et Me Diana Acha Morfaw sont respectivement président et vice-président, lui n’étant qu’un simple membre), il aurait davantage fait prévaloir son positionnement personnel dans le sérail que l’image d’un bâtonnat fort et indépendant.

Mais plus, Me Ebanga Ewodo qui se trouvait en mission professionnelle à Paris pour le compte du barreau du Cameroun, au moment où s’ouvrait la crise entre les autorités judiciaires et les avocats à la suite d’une énième agression d’un avocat par des éléments des forces de l’ordre, aurait multiplié les démarches pour dissuader ses confrères d’engager une action qui embarrasserait le gouvernement. Le Messager a en effet appris qu’alors que les avocats se concertaient dans un hôtel de Douala, après avoir été expulsés du palais de justice par le procureur général du Littoral Luc Djodo, il aurait insisté, par téléphone, auprès de son représentant dans le Littoral, Me Charles Tchoungang, et quelques autres membres du Conseil de l’ordre pour qu’ils n’entreprennent rien publiquement. Même le principe d’un mémorandum aux autorités n’avait pas son onction.

C’est ainsi que pendant toute la réunion qui a accouché du mémorandum finalement remis au Gouverneur du Littoral, le représentant du bâtonnier qui la présidait aurait sans cesse prôné la retenue. Finalement débordé par une base sérieusement remontée contre ces attitudes timorées de leur direction, pour dire le moins, le représentant du bâtonnier, en fin manœuvrier politique, a rejoint dans la rue, au propre comme au figuré, ses confrères déterminés qui avaient engagé une marche pacifique du palais de justice aux services du gouverneur.

Collusion décriée

Ce qu’il n’a pas réussi à faire à Douala, à savoir tempérer les ardeurs de ses confrères – d’autres disent casser leur détermination -, il le réussira de manière relative à Yaoundé. A la
dernière minute en effet, les avocats de Yaoundé qui avaient repris les revendications de leurs confrères de Douala se sont rendus dans les services du Premier ministre remettre un mémorandum sans les membres du Conseil de l’ordre y résidant qui, sous la houlette du représentant du bâtonnier Me Mben Mben se sont simplement débinés.
Les observateurs avertis, connaissant les relations personnelles du bâtonnier avec les membres du Conseil résidant à Yaoundé dont notamment son représentant actuel dans la province du Centre qui lui a d’ailleurs succédé, ont perçu une influence de Me Ebanga. Sur ces entrefaits, les membres du Conseil de l’ordre des avocats réunis en session extraordinaire à Douala le mardi 28 décembre que les avocats du Cameroun suspendraient du 30 au 31 décembre 2004 le port de la toge dans les palais de justice du Cameroun.
On expliquait alors que cette radicalisation de l’ensemble de l’instance dirigeante collégiale du barreau camerounais était lié à deux facteurs : d’une part le silence des autorités gouvernementales sur les revendications portées à leur connaissance par les avocats de Douala depuis le 3 décembre et, fait aggravant, une nouvelle voie de fait policière sur un avocat à Kumba le 19 décembre, le jour même où les avocats de Douala faisaient la première évaluation de leur mouvement.

Vers la sanction?

de la direction du barreau
Seulement 24 heures seulement après avoir paraphé le communiqué du Conseil de l’ordre, le bâtonnier de l’ordre annoncera par voie de presse la levée du mot d’ordre de grève des 30 et 31 décembre. Prétexte prix de l’audience que lui auraient accordé le secrétaire général de la présidence de la République mais surtout le ministre de la Justice. Ce dernier, explique Me Ebanga, ordonné l’ouverture d’une information judiciaire contre le commissaire de police Assogo et … promis des réformes en 2005. Pour Me Ebanga c’est suffisant pour suspendre le plan d’action.
Or nombre d’avocats rencontrés par Le Messager estiment ne rien y voir de concret : le commissaire Assogo n’a toujours pas remis le téléphone portable de Me Nekuie ; il n’a toujours pas été traduit devant une juridiction de jugement ; mais surtout le projet de loi portant code de procédure pénale n’est toujours pas annoncé à l’Assemblée nationale qui a d’ailleurs clos ses travaux depuis le 20 décembre. Toutes choses qui font craindre aux avocats que le bâtonnier dont ils savent qu’il n’est pas prêt à mener cette bataille contre le pouvoir politique a simplement manœuvré, à la demande de ses amis du gouvernement pour torpiller un mouvement qui commence à être compris par l’opinion publique.
“Le bâtonnier veut nous rouler dans la farine pour pouvoir continuer à servir ses intérêts personnels auprès du pouvoir. Il va devoir d’une manière ou d’une autre rendre compte de son attitude qui frise une collusion avec ceux qui veulent tuer notre métier”, dit en cœur un groupe de jeunes avocats très remontés qui se préparent à crever l’abcès lors de la réunion d’évaluation prévue ce lundi 3 janvier 2005 à Douala. Selon toute vraisemblance, les avocats de Douala, en accord avec leurs pairs de Yaoundé et des autres grands pôles du Barreau camerounais tels que Kumba, Bafoussam et Bamenda, demanderont la convocation d’une assemblée générale extraordinaire du barreau du Cameroun pour statuer sur “ les forfaitures ” du Conseil actuel. Ils pourraient alors demander la démission du Conseil actuel et la désignation d’un nouvel exécutif plus en phase avec la base qui vit de plus en plus mal la précarité de ses membres.

Source: Le messager



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