Entre soins de beauté et shopping, les candidates se préparent pour la compétition. Minces, élancées et agitées comme le sont généralement les jeunes filles de leur âge, pour la plupart, et quelque peu réservées pour d'autres, les 20 postulantes au titre Miss Cameroun 2004 ont débarqué, hier matin, dans les locaux du ministère de la Culture où il était prévu une rencontre avec le secrétaire général dudit ministère, Thomas Fozeing.
Fadimatou Bonaï, Miss Nord
Première sortie " véritable ", pour ces jeunes dames, depuis leur entrée, samedi dernier au " couvent ", au monastère des bénédictins du Mont Febé. Lieu par excellence de calme et de recueillement où elles devront, pendant les tout prochains jours, faire le plein d'énergie et être d'attaque pour le concours de beauté prévu vendredi au soir. " Cela nous fait du bien. Le cadre dans lequel nous sommes logées est assez reposant. On s'amuse entre filles, et on se découvre mais c'est aussi bien que nous fassions ce petit tour de ville. Cela nous évite le stress et nous dégage l'esprit", confie Tamga Famanou Cécile, 1ère dauphine de la province du Nord, sanglée dans des pagnes qui ne masquent en rien la finesse de ses traits, et ses atouts. " Nous sommes venues pour la compétition mais, à mon avis, il n'est pas superflu de nous faire faire ce tour de ville. Nous devons nous rendre au Zoo. C'est une chose qui me ravit " s'enchante Emilia Mukoko, miss Sud-Ouest.
Au programme: des séances de pédicure et manucure, de même que des séances avec le chorégraphe et d'autres personnes dont la présence dans l'entourage de ces jeunes filles obéit à un même objectif: les mettre toutes sur le même pied d'égalité vendredi prochain, jour de la finale de cette deuxième édition. " Tout le monde ne pouvant être parfait, il est important de rectifier des choses ici et là chez chacune des filles. Il y en a qui sont totalement naturelles, donc, il y a des choses à rattraper. C'est à cela que nous nous attelons ", précise-t-on du côté de l'organisation. Loin de se laisser aller au stress et à l'inquiétude de ce que seront les résultats le jour J, les jeunes filles, dont la moyenne d'âge oscille entre 20 et 22 ans, avec comme niveau moyen d'études la classe de première, en profitent pour se faire de nouvelles copines et s'ouvrir à d'autres modes de vie. " Nous sommes logées deux par chambre. C'est assez enrichissant. On découvre de nouvelles choses. Depuis notre arrivée, je me suis mise au fufuldé(rire) avec Famanou (1ère dauphine Nord, ndlr), j'ai appris de petites choses entre temps ", explique, fière d'elle et le sourire aux lèvres, Raïssa Ntouba, miss Littoral.
Mental
Loin d'elles également des considérations selon lesquelles, les jeunes filles qui se présentent à ce type d'élection, ne sont pas toujours des modèles d'intelligence. " C'est vrai, le milieu exige que nous ayons parfois un comportement qui amène certaines personnes à nous attribuer toutes sortes de mauvaises habitudes mais ce n'est pas toujours ce que les gens voient qui est. Il y a des choses souvent plus profondes sur lesquelles les gens peuvent s'attarder. Et puis, nous allons toutes à l'école, nous suivons des études comme toutes les jeunes filles de notre âge", se défend Diana Soppo, première dauphine de la province du littoral, par ailleurs miss Ngondo 2003. Dans la plupart des cas, on attribue à ces préjugés de femmes sans consistance, le fait que ces dernières années, bien que la beauté soit l'un des facteurs clé d'une élection miss, une grande place soit également accordée à la culture générale et à d'autres points sur lesquels, les jeunes filles ne doivent pas faillir. Désormais, le concept " Soit belle et tais toi " est de plus en plus mal perçu.
Partageant, il y a un an, son expérience de 1ère candidate à l'élection d'une miss (indépendance) dans le pays en 1960, Julienne Ayissi revient sur le contexte d'une élection miss à ce moment : " A cette époque, les parents étaient tellement sévères et assis sur les principes qu'il devenait difficile pour les jeunes filles de s'exprimer, de se laisser aller. C'est pour cette raison que, l'on encourageait les jeunes filles belles à se présenter. Il ne leur était pas fait beaucoup d'exigence comme c'est le cas ces jours-ci".
Des exigences qui n'ont pas que pour but, de voir, larmoyante, une jeune fille quitter la scène parce qu'il lui a été pénible de répondre à quelque question de culture générale. Au fil des éditions en effet, on se rend compte que l'élection miss est le symbole de toute une entreprise économique. Aujourd'hui, les lots sont plus consistants. Au risque d'amener les anciennes reines de beauté à regretter qu'elles aient été couronnées à une époque où les cadeaux étaient davantage symboliques.
Par Dorine Ekwè, Quotidien Mutations
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