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Crise financière : Les caisses de l’Etat sont vides
(11/12/2004)
La situation économique du pays pendant l'année 2005 ne sera guère meilleure que celle de l'année écoulée...
Par Le Messager

Une mission du Fonds monétaire international (Fmi) séjourne au Cameroun depuis vendredi dernier, pour y effectuer une “ revue d’ensemble ” de la situation économique et financière du pays. A la fin de sa mission le 18 décembre, publiera – t – elle encore un de ces communiqués diplomatiques dont elle a l’habitude, aux antipodes d’une situation de plus en plus alarmante ? Depuis près d’un an, l’économie du Cameroun s’est largement éloignée de la voie du redressement.

Les finances publiques en particulier, sont au plus mal. L’agence de notation financière Standard and Poor’s s’en fait l’écho cette semaine. Dans un communiqué publié lundi dernier, elle s’inquiète de l’état “ de détérioration ” des finances publiques du Cameroun et annonce qu’elle a baissé les notes de ce pays sur sa dette à long et à court terme de B à CCC et de B à C, respectivement.

Standard and Poor’s (S&P) est l’une des trois grandes agences de notation financière internationales avec Moody’s et Fitch. Le jugement de ces agences sur la qualité de la dette d’un pays ou d’une entreprise, est un indicateur très suivi par les investisseurs. S&P révèle que “ de septembre à novembre, le gouvernement camerounais était en défaut de paiement sur sa dette intérieure (…) pour un montant de 3 milliards de francs cfa ”.

Pour l’agence de notation financière, “ il est probable que le Cameroun ne remplira pas ses objectifs budgétaires 2004 ”, notamment en raison de la “ faiblesse de la collecte de l’impôt sur le revenu ” et du “ nécessaire soutien financier aux compagnies nationales insolvables, notamment les compagnies aérienne et postale ”. S&P prévoit même que “ si les dettes fiscales et les dépenses courantes se maintiennent à leurs niveaux actuels, les arriérés de règlements fournisseurs iront grandissant et le service de la dette en serait menacé ”.

Salaires en attente

“ La situation est plus catastrophique que Standard & Poor’s ne le dit ”, confirme un cadre de la Fonction publique qui n’a pas encore pu toucher son salaire du mois de novembre. L’ Etat peine à rassembler les 40 milliards de francs cfa qu’il lui faut officiellement chaque mois pour payer les salaires de ses agents. Jusqu’ici, la Société nationale des hydrocarbures ( Snh) lui donnait un coup de main en lui versant mensuellement de 16 à 18 milliards de francs.

Mais, en juillet, la Snh n’a pu payer que 4 milliards et parvient de moins en moins à le faire. Dans ces conditions, le gouvernement a pratiquement arrêté d’honorer sa dette salariale, ce qui occasionne ici et là des mouvements de colère chez les détenteurs de titres.
Les fournisseurs de l’Etat ne sont pas mieux lotis. Leurs factures sont honorées au compte – gouttes. L’illustration en est la paierie générale de Yaoundé, celle qui paie les dépenses engagées par les structures centrales de l’Etat.

Au mois de septembre, elle avait désintéressé les fournisseurs à hauteur de 1,5 milliards de francs seulement. Or, à la même période il y a un an, elle leur avait déjà payé environ 70 milliards de francs. Partout ailleurs dans le pays, les arriérés s’accumulent. Au Sud par exemple, province la moinsbudgétivore de l’Etat, celle aussi dont est originaire le président de la République, les manque – à – payer excèdent 4 milliards de francs.

A Douala, le chantier de réfection du pont sur le Wouri a failli s’arrêter il y a un mois, parce que l’Etat n’arrivait pas à verser sa quote-part dans le financement de ces travaux, soit 1,3 milliard de francs. Ainsi, à la fin de l’exercice budgétaire en cours, l’Etat aura honoré seulement le tiers de ses dépenses prévues.

Grandes ambitions sans le sou
Et pourtant, que d’espoirs le président Biya n’a-t-il vendus lors de la récente campagne pour l’élection présidentielle ? A Monatélé, il disait comprendre les difficultés des fournisseurs de l’Etat qui n’arrivent pas à se faire payer, avant de se contredire à Douala, en affirmant que son gouvernement a réussi à assainir et à stabiliser les finances publiques.

Peut-on parler de stabilité lorsque la direction des Impôts de laquelle le Trésor public attend des recettes mensuelles de l’ordre de 65 milliards de francs, n’arrive pas à en recouvrer plus de 40 en cash ? Il en va d’ailleurs de même de la direction des Douanes qui collecte à peine 10 milliards de francs sur les 24 attendus. Ici et là, la multiplication des procédures a alourdi le recouvrement et fait perdre de précieuses recettes à l’Etat.

A l’évidence, les finances publiques camerounaises paient au prix fort les réformes hasardeuses engagées depuis la loi de finances de 2002. Comme par exemple cette fameuse réforme de l’impôt sur le revenu qui a eu l’effet budgétaire inverse de celui escompté et dont tout le monde réclame aujourd’hui l’abandon. Comme aussi l’abandon de la retenue à la source de la Tva.

Monumentale erreur à cause de laquelle un brasseur de la place qui collectait jadis près de 7 milliards de francs de Tva auprès de ses fournisseurs, pour le compte de l’Etat, n’en verse plus qu’un seul petit milliard aujourd’hui. Les caisses de l’Etat font aussi surtout les frais de l’échec de l’assainissement des finances publiques. D’où vient – il par exemple que l’Etat avoue une masse salariale mensuelle de 40 milliards de francs, alors qu’elle n’était même pas de 20 milliards avant la réduction des effectifs dans la Fonction publique ?

Le pire est-il à venir ?

Apparemment, l’avenir ne s’annonce pas meilleur. Tous les arriérés accumulés cette année, seront reportés sur l’exercice 2005 au cours duquel le service de la dette extérieure va doublement accentuer son poids sur les finances publiques. Jusqu’ici, le Cameroun consacre chaque mois, 30 milliards au remboursement de sa dette extérieure. Il aurait pu n’en payer que 20 milliards en 2005. Mais, parce qu’il n’a pas atteint le point d’achèvement avec le Fmi, il va désormais devoir payer 60 milliards de francs cfa chaque mois, soit le double du service actuel. A compter de janvier 2005.

Pour tenter de repousser les nuages qui s’amoncellent sur un ciel qu’il avait prétendu bleu, l’Etat envisage évidemment d’aller chercher l’argent là où il croit qu’il se trouve : chez les contribuables. On parle d’un relèvement d’un point de la Tva qui devrait à nouveau être retenue à la source et de façon générale de l’abandon de la pause fiscale. Ce sera l’équilibre budgétaire contre la santé des entreprises et la survie des ménages. Bienvenue au pays des grandes ambitions !




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