Tout commence le 14 octobre 2004. Ce jour-là, l’abbé Joseph Noma reçoit un individu qui se fait identifier comme Ayissi Jean-Benoît, originaire de Sa’a dans le département de la Lekié comme le jeune abbé. Les deux hommes ne se connaissent pas. Mais Ayissi Jean-Benoît évoque dans sa présentation à l’abbé qu’il connaît bien une de ses cousines basée à Douala où lui aussi dit travailler pour le compte de la coopération française. Dans ce lointain Batouri, le jeune prêtre s’installe dans la confiance de la rencontre d’un frère qui plus est, lui apporte de la bonne nouvelle.
En substance, le faux chargé de mission de la coopération française révèle qu’il est en prospection dans le diocèse de Batouri pour un projet agro-pastoral qui sera financé par des Italiens. Il s’agira d’un champ de condiments sur une superficie de 10 ha soutenu par une usine. Le projet accroche l’économe diocésain.
A la fin de l’entretien, le faux chargé de mission présente une doléance. Il dit avoir été victime d’un accident peu avant Bertoua. Il lui faut 450 000 Fcfa pour aller sécuriser la voiture dans un garage avant de retourner sur Douala. Le prêtre tombe dans le panneau et remet l’argent à Ayissi Jean-Benoît qui promet de lui renvoyer cette somme par un moyen plus rapide dès qu’il retrouve Douala. Dans la journée du 22 octobre, l’abbé Joseph Noma reçoit le coup de fil d’un personnage qui se présente comme le secrétaire particulier du ministre de la Santé.
Cet individu lui rapporte les salutations de son grand-frère Paul Noma (lui aussi prêtre) et dit être au courant de l’accident de la voiture d’Ayissi Jean-Benoît. Le faux secrétaire particulier du Minsanté demande au jeune prêtre par téléphone de lui avancer de l’argent pour l’achat de cette voiture 4 x 4 de la coopération française.
Car, dit-il, il n’a pas le temps de faire le déplacement avant 72 heures au regard de l’agenda chargé du ministre. Le faux secrétaire particulier sollicite une avance de 5 millions. Dans l’euphorie d’aider un frère, Joseph Noma sort 5 millions comme avance pour l’achat de cette voiture au bénéfice d’un individu qu’il ne connaît pas. Naïveté ?
L’affaire prend une tournure dramatique. Le prêtre attend l’arrivée du Sp du ministre en vain. La délégation italienne aussi. Paniqué, il s’ouvre finalement à son évêque Monseigneur Kleda qui y perçoit du louche.
Ayissi Jean-Benoît de son vrai nom Ndzana Zogo Jean-Claude est porté disparu et n’appelle plus l’abbé. Le 26 octobre, Monseigneur Kleda met le jeune abbé devant ses responsabilités et le suspend de toute fonction dans le diocèse. L’enquête ouverte par la gendarmerie a déjà permis l’arrestation de trois personnes qui se faisaient passer pour les chargés de mission de la coopération italienne. Ndzana Zogo Jean-Claude court toujours.
Cette rocambolesque histoire rend compte de la vulnérabilité de certaines âmes sensibles qui se laissent émouvoir par les titres. L’abbé Joseph Noma, temporairement déchu de son ministère, en paie aujourd’hui le prix le plus fort…
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