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Tutsis et Hutus s’affrontent à Douala
(01/12/2004)
Agressions, menaces de mort, promesses d'enlèvement dans un air de stupeur.
Par BurundiRealités International

J’ai une idée de la violence dans son acception la plus bestiale. Je sais ce que signifie l’exclusion car, j’ai vu de mes propres yeux les manifestations de cette tare dans mon pays. Je connais surtout ce qu’on appelle extermination. Pour toutes ces raisons, j’ai voulu m’établir très loin du Burundi et tenter de me refaire une vie".

La mine complètement défaite, les yeux noyés dans un torrent de larmes, la jeune Nadège Nibigira sanglote sans arrêt. Comme dans son témoignage qui précède, elle dit revivre les atrocités du drame burundais et ne comprend pas qu’on la persécute jusqu’au Cameroun où elle croyait avoir trouvé une terre de paix et d’accueil, loin des tueries, des viols et des pillages "des forces du mal".

Dans ses confessions, Nadège Nibigira qui séjourne au Cameroun depuis trois mois dit être persécutée par certains ressortissants burundais, Hutu notamment. "Ils estiment que je suis le poste avancé des milices extrémistes tutsi.

Quand je suis arrivée à Yaoundé, aidée par des réfugiés de la République démocratique du Congo (Rdc), j’ai pris attache avec le Hcr pour l’ouverture de mon dossier. Seulement, en plus d’être prise en charge par la Croix rouge camerounaise, il fallait que je rentre en communauté. C’est de cette initiative que sont partis tous mes problèmes.

Car, à peine j’ai pris attache avec la communauté burundaise que j’ai été taxée d’extrémiste. Pour mes compatriotes, je suis de la même famille que Concilie Nibigira, secrétaire général de l’Union des Femmes du Burundi (Ufb), un parti considéré par les Hutu comme l’un des plus radicaux", relate au milieu des larmes, la jeune femme qui dit avoir très peur pour sa vie.

Le drame de Nadège Nibigira qui affirme être un parent éloigné de Concilie, est de rencontrer la même hostilité à Douala où, sur les conseils d’une autre Hutu Burundaise, Nathalie Musango, elle pouvait trouver un emploi dans les institutions sociales de l’archidiocèse de Douala. Ses compatriotes de l’ethnie hutu ne veulent rien savoir. "Ils m’ont vertement agressée, arguant qu’ils nous ont laissés le pays. Mais on continue de les persécuter à l’étranger. Pour eux, je suis l’un des espions des milices tutsi qu’on aurait lancé à leurs trousses en attendant la mobilisation effective des escadrons de la mort dans de nombreux pays susceptibles d’abriter les ressortissants burundais".




Anxiété


Recluse dans une famille camerounaise à Douala, Nadège Nibigira était sur le point de quitter la ville lors de notre dernier entretien, lundi dernier, à cause des agressions physiques et verbales dont elle est l’objet. Samedi, 30 octobre dernier par exemple, cette Tutsi burundaise a été agressée par des hommes cagoulés qui lui parlaient dans la langue de son pays.

"Ils m’ont dit qu’ils me tueraient si je reste dans ce pays. Que je représente un danger pour eux mais davantage qu’ils sont en train de s’organiser pour m’apprivoiser le moment venu comme un oiseau en cage. Pour cette raison, je dois me retirer pour une autre terre d’asile", conclut-elle, sentencieuse. Certains membres des communautés burundaise et rwandaise établies à Douala vivent la même anxiété depuis de nombreux mois.

Le même sentiment de peur s’est emparé de certains de leurs tuteurs camerounais à qui les mêmes menaces physiques et verbales sont adressées.

C’est ainsi qu’au milieu du mois de septembre dernier, Mariama Aboul Atchang, une âme charitable qui tente de protéger une autre victime de la persécution et de la stigmatisation ethnique entretenue entre les Hutu et les Tutsi dans les deux pays voisins que sont le Burundi et le Rwanda, a été agressé.

Deux jours plus tard, ses agresseurs ont fait déposer une lettre anonyme dans son bureau du Collège de la Salle à Douala. Amie et désormais marraine de Béatrice Nkurunziza, Aboul Atchang est prise à partie par des Rwandais et Burundais hutu qui estiment que la jeune Nkurunziza est, elle aussi, un espion venu au Cameroun pour aider les extrémistes tutsi à planifier, le moment venu, des tueries parmi les réfugiés issus de la communauté burundaise. Dans un document non daté et non signé, que brandissent deux autres victimes de sexe masculin cette fois, il lit des propos identiques à ceux contenus dans la lettre qui a été servie à Mariama Aboul Atchang.



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