"Chirac? Je ne sais pas pourquoi il me déteste, pourquoi il fait tout ça à la Côte d'Ivoire. Depuis que je suis président du pays je n'ai rien fait contre les intérêts français ou la France. Franchement, je ne comprends pas pourquoi ils (les Français, ndlr) nous traitent comme ça", a-t-il déclaré dans une interview au Corriere della Sera.
"Les Français ne se sont pas rendus compte qu'ils faisaient de moi un martyr. Ils ont eu tort de se comporter de cette manière et tant qu'ils ne l'auront pas compris il sera très difficile d'avoir de bonnes relations avec eux", a poursuivi M. Gbagbo pour le quotidien La Repubblica.
"Il est évident que nous ne sommes pas contents que les (militaires) Français se comportent en patrons, qu'ils occupent nos aéroports, que pour entrer ou sortir de Côte d'Ivoire il soit nécessaire de passer sous leur contrôle, mais espérons que tout cela passera rapidement pour revenir à la vieille concorde", a-t-il dit au Corriere.
Le président ivoirien faisait le point d'une semaine de crise que traverse actuellement son pays après le bombardement par ses forces d'un cantonnement militaire français à Bouaké (centre) qui a fait neuf morts et 38 blessés parmi les soldats de Paris.
En représailles, Paris a ordonné la destruction de l'aviation militaire ivoirienne, ce qui a provoqué de nombreuses manifestations violentes anti-françaises et des pillages.
Considérant "injuste et intolérable" que des blindés français se soient brièvement déployés autour de sa résidence, M. Gbagbo a affirmé avoir pensé qu'il s'agissait d'une tentative de coup d'Etat de la part de la France.
"Je n'étais pas préoccupé pour moi mais pour ce qu'une telle provocation aurait suscité. Et ça été le cas. Des milliers de personnes sont descendues dans les rues, les francs-tireurs français ont tiré sur la foule et plus de soixante Ivoiriens ont été tués", a-t-il affirmé à La Repubblica.
Selon l'armée ivoirienne 22 personnes ont été tuées aux cours de ces manifestations par les militaires français, tandis que pour la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie, les manifestants tués ont été victimes d'échanges de tirs entre "jeunes patriotes" et militaires ivoiriens.
M. Gbagbo s'est cependant dit convaincu de la reprise du dialogue avec les dirigeants français.
"La France a réussi à devenir l'amie même de l'Allemagne. Comment voulez-vous qu'elle ne réussisse pas avec nous? Nous trouverons certainement des personnes à l'intérieur de l'establishment français avec lesquelles nous parlerons", a conclu M. Gbagbo à La Repubblica.
Source: L'intelligent
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