Et c’est à l’entrée que beaucoup ont appris la triste nouvelle. En larmes, et le pas alerte, ils ont grimpé les escaliers pour des précisions. Au premier étage, ils ont été servis. L’affliction se lisait sur les visages, le téléphone sonnait sans arrêt. Armand Bella, le fils du disparu, était très sollicité. Et c’est à tour de rôle qu’il relatait les circonstances de la mort de son père. Sur sa table, il garde encore un dernier souvenir de leur discussion de la veille.
"Il m’a égratigné à propos de ces sacs… ". C’est que, l’homme d’affaires était au bureau mercredi dernier. Il a travaillé avec son fils et en fin de soirée, il a regagné sa résidence d’Obala. Jusque-là, il ne présentait aucun signe de maladie. Une fois à domicile, il a regardé le journal télévisé en attendant le repas. Mais autour de 23 h, la femme de ménage constate que le patron s’est assoupi dans son fauteuil. Intriguée par cette attitude inhabituelle, elle se rapproche et constate avec amertume que Théodore Bella s’est envolé pour l’éternité.
A 74 ans, Théodore Bella quitte la scène après une intense activité dans le monde des affaires. Né le 7 octobre 1930 à Essong, l’homme fait ses classes à l’école primaire d’Efok. Il embrasse aussitôt la vie active comme commis des postes. Vers les années soixante, il entre dans les affaires. Selon son fils, c’est en reprenant le fonds de commerce d’un expatrié, D. Chevalier, que lui vient l’inspiration de la création de T. Bella.
Il exerce dans le transport public sur la route Obala-Yaoundé. Dans les années 62-64, les " Chéri car " sont très connus par les populations de la Lékié. Ensuite, l’homme se retrouve dans la distribution des boissons hygiéniques. Il est aussi le deuxième exportateur du cacao au Cameroun après Mavromatis. A la fin de la décennie 70, c’est l’ère de la grande distribution notamment avec la création de Prisunic T Bella. Dans les années 80, l’escalator de ce supermarché fait rêver plus d’un " Yaoundéen ".
Cette intense activité va de pair avec des fonctions diverses. Par exemple, Théodore Bella est délégué de la Chambre de Commerce pour le Centre, 1er Vice président du Conseil économique et social. Dans le domaine sportif, il est président de la Fédération camerounaise de boxe et surtout, président de Tarzan Club d’Obala. Sur le plan politique, ses proches affirment qu’il a été militant de l’UC, de l’UNC, et du RDPC.
C’est d’ailleurs grâce aux couleurs de ce parti qu’il a occupé le poste de maire de la commune rurale d’Obala, jusqu’en 2002. Dans le cercle familial, on reconnaît son franc-parler et le bon chef de famille. Il était aussi chef traditionnel à Elig Bodo. Théodore Bella était chevalier de l’ordre de la valeur. L’ancien maire laisse deux veuves et six enfants.
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