Installés à coup de publicité, les deux groupes électrogènes de la centrale électrique du chef lieu du département du Logone et Chari n’auront finalement tenu qu’environ un an. Pas plus. Le temps de faire la dure expérience d’une utilisation sans maintenance. Depuis juillet dernier, le cycle infernal des délestages à repris son cours. Dans certains quartiers, il faut compter trois à quatre jours avant de voir l’électricité. L’absence de l’électricité se fait durement sentir en ce début du mois de ramadan, où le besoin en boissons fraîches s’accroît. Les morceaux de glaces vendues à 50 francs s’arrachent aujourd’hui à 100Fcfa. Malgré cela, la glace fine trente minutes avant l’heure de rupture de jeûne. Mme Dassié, opératrice économique de la place, regrette amèrement cette situation. " Nous faisons beaucoup de manque à gagner. Je suis obligée de faire le marché tous les jours pour l’hôtel, parce que je n’arrive plus à conserver les aliments dans le frigo.
" En dehors des hôteliers et des vendeurs de vivres frais, les gros perdants sont les propriétaires des grandes fabriques de glace. Ces Tchadiens sont venus s’installer à Kousseri à cause du coût de l’électricité et également parce que les délestages sont devenus depuis belle lurette le quotidien des N’Djaménois. C’est ainsi que, chaque jour, des milliers de barres de glace traversent le fleuve pour échouer sur les rives tchadiennes. Hélas, ce ramadan sera très difficile pour les N’Djaménois également. Depuis un peu plus de deux mois donc, les habitants de Kousseri ne voient plus l’électricité que par intermittence. En l’absence d’un programme rigoureux de rationnellement, les agents de Aes-Sonel se livrent à des trafics éhontés que beaucoup des gens décrient. Adoum Gargoum, ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures en charge de la coopération avec le monde islamique, élite du département, témoigne : "nous sommes saisis des nombreuses plaintes de nos concitoyens de la ville, qui se plaignent des mauvaises pratiques des agents de Aes-Sonel, qui consistent à ne fournir de l’électricité qu’à ceux des quartiers qui leur ont donné de l’argent.
Si cette information révèle vraie, c’est très grave. En tout cas nous allons informer qui de droit et des enquêtes sont en cours pour vérifier si les faits allégués sont exacts."
A l’agence de l’Aes-Sonel de Kousseri, motus et bouche cousue. Aucun des responsables présents ne daigne donner des explications. Ils renvoient tous à leurs responsables hiérarchiques, au mieux à Maroua, sinon à Douala. Ni le chef de l’unité commerciale encore moins celui de la production n’ont répondu aux questions de Mutations. Pour connaître la raison de la panne, il faut voir ailleurs.
Et c’est le préfet du Logone et Chari qui donnera la raison de ces délestages. Il s’agit "de la panne d’un moteur due à une absence d’entretien des groupes neufs." Nous apprendront de la de même source que ces pannes ne sont pas facilement réparables, même si l’Aes-Sonel "fait tout son possible" pour remédier à ce problème. Selon des informations recueillies dans la ville un technicien français envoyé sur place n’a pas pu venir à bout de ces machines capricieuses. Il aurait regagné son pays au bout de deux semaines de séjour sur les bords des fleuves Logone et Chari. Pour le préfet du Logone et Chari, " la solution résulte dans la connexion de Kousseri au réseau de Lagdo. Sinon, nous aurons toujours la même précarité. " Cette opinion est partagée par la grande majorité des habitants de Kousseri qui ne comprennent pas pourquoi, l’électricité de Lagdo qui est arrêtée à Waza, environ 160km, n’arrive pas chez eux.
Source: Quotidien Mutations
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