Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) de Paul Biya a choisi la berge du fleuve Wouri, l’endroit même où se déroule le rituel du Ngondo pour lancer sa campagne à Douala. Edouard Etondè Ekotto, député et maire des maires de Douala aura été le mentor du cérémonial, en sa qualité de coordinateur provincial pour le Littoral de cette campagne. Sous un ciel dégagé qui dardait les rayons d’un soleil de plomb était dressé une cinquantaine de tentes. Un peu plus de 5.000 personnes en tenue du Rdpc étaient là soutenues par une trentaine de l’Upc – la faction qui a choisi de s’accrocher au serpent – et une dizaine de l’Undp.
La désignation du Colonel Edouard Etondè Ekotto, délégué du gouvernement auprès de la Communauté urbaine de Douala au détriment de Thomas Tobbo Eyoum le coordinateur attitré des activités du parti dans le Wouri nourrit encore les commentaires dans les milieux politiques de la ville et illustre pour certains “ les zizanies ” qui prévalent dans les sphères dirigeantes du parti au pouvoir. Qu’à cela ne tienne, Thomas Tobbo Eyoum a effectué le déplacement à la Base Elf, question de sauver la face par sa présence. Le retour du patriarche Pokossy Doumbè, avec des galons de sous-lieutenant a suscité quelques youyous malgré tout. Aux avant-postes trônaient Etondè Ekotto, Françoise Foning, Armande Din Bell, Louis Yinda, Emmanuel Ngollo Ngama… membres de la commission provinciale d’appui et de suivi de la campagne.
Pour le premier jour de celle-ci, ce n’était pas l’euphorie à laquelle on était en droit de s’attendre. Des slogans qui ont fait leur temps ornaient les façades des tentes. Des slogans qui tournent autour de la paix et de la stabilité. Les partisans du ministre d’Etat Augustin-Frédéric Kodock apporteront du leur en ces termes : “ les femmes de l’Upc disent non aux aventuriers politiques en soutenant l’alliance Upc-Rdpc ” et “ la jeunesse de l’Upc invite la jeunesse camerounaise à voter utile ”.
1- Des discours lancinants
La quinzaine de personnalités qui auront défilé sur l’estrade dressée pour la circonstance n’auront rien apporté de nouveau à une campagne où l’on attend le bilan du dernier septennat de Paul Biya tout au moins. Tout tourne en ronronnant autour de la paix et de la stabilité. Même la passionnaria Françoise Foning semble avoir perdu sa verve et sa morgue habituelles devant les misères des épargnants de la Caisse d’épargne postale et des instituteurs vacataires sans salaire depuis des mois tandis que le reste du corps enseignant relevant du ministère de l’Education nationale attend depuis des années un statut particulier. Des problèmes non moins sociaux et d’autres qui ont fleuri pendant le septennat qui s’achève.
Autant, il est facile aux séides de Paul Biya de s’attaquer à une opposition dont ils soutiennent qu’elle n’a pas de programme, autant il leur est difficile de soutenir un quelconque bilan de leur champion qui use et abuse des moyens de l’Etat pour battre campagne. Des moyens humains, financiers et matériels. Sur les berges du Wouri hier étaient rangés les véhicules de service de la Communauté urbaine et des mairies d’arrondissement. A la fin du meeting, les militants de Bonabéri en tenue du Rdpc ont regagné l’autre rive à bord des bus de la Socatur. Au frais de la princesse. Les Roger Mbassa, Moukoko Mbonjo et tous les autres fonctionnaires grands et petits dépêchés dans leurs provinces et localités d’origine pour battre campagne pour Paul Biya deux semaines durant ne feront peut-être que des apparitions sporadiques à leurs lieux de service.
Vera-t-on le corrigé dans les prochains jours ? Les sceptiques qui ont suivi la première journée de la campagne sont rentrés sur leur faim.
2- Yondo Black chez les chefs de l’Ouest
“Nul n’est prophète chez soi ” dit la Bible. C’est peut-être fort de cette sentence que Me Yondo Mandenguè Black a choisi de se tourner vers les chefs traditionnels de l’Ouest pour solliciter leur soutien. Selon un membre de son état-major de campagne, il a été hier à Bafang, à Bafoussam et dans d’autres localités de la chaîne montagneuse de l’Ouest. Ses interlocuteurs lui auraient tendu une oreille attentive et lui ont dit que les votants éventuels sauront faire le choix à l’intérieur de l’isoloir.
3- Ekanè Anicet chez les siens
Le candidat du Manidem a néanmoins été chez les siens à Bomono-Gare, dans l’arrondissement de Dibombari où il a reçu l’onction des siens. Il s’est rendu ensuite à Makèpè.-Village pour installer son comité de soutien. Ekanè Anicet qui a ainsi engagé sa campagne dans un cadre bucolique compte axer la suite à travers la dorsale du Moungo et celle de l’Ouest. Notamment par des entretiens avec la société civile. Il sillonnera ensuite les provinces du Centre, du Sud et de l’Est. La dernière semaine sera consacrée aux trois provinces septentrionales : Adamaoua, Nord et Extrême-Nord. Partout le quotidien des Camerounais sera au menu de ces entretiens avec les solutions que le candidat du Manidem pourrait apporter à ces problèmes que le septennat finissant de Paul Biya n’a pas pu résoudre. Au contraire.
4- Ekindi Jean-Jacques au cimetière
Le Tartarin camerounais à la barbichette qui rappelle Ho-Chi Minh s’est levé très tôt hier matin pour aller se recueillir sur les tombes de son géniteur Joël Dioh Ekindi, de Rudolf Duala Manga et de Fampou David Dagobert. Un rituel auquel il s’était déjà soumis en 2002. Lui portera-t-il bonheur cette année ? Le polytechnicien ne perd pas espoir et sa vraie campagne commence mercredi le 27 septembre dans le Sud-Ouest. Avec pour thème : Une ère nouvelle avec Jean-Jacques Ekindi.
5- Fritz-Pierre Ngo dans l’eau
Le candidat écologiste camerounais est descendu dans le Wouri avec des notables traditionnels d’Akwa-nord pour les sensibiliser sur les dégâts que la jacinthe d’eau est en train de causer dans ce fleuve dans l’indifférence totale des autorités gouvernementales en charge de l’environnement, des forêts et des activités de la pêche. Fritz-Pierre Ngo ne s’est pas limité à pleurer sur le sort du fleuve qui constitue la mamelle nourricière de Douala, il a révélé à ses interlocuteurs que si cette plante est dangereuse pour la flore et la faune aquatiques, arrachée et traitée avec efficience, elle peut servir de compost, fermentée, elle peut donner des gaz combustibles. Des raisons et d’autres pour lesquelles Fritz-Pierre Ngo s’engage dans cette campagne pour une justice environnementale.
6- Djeukam Tchameni et Gustave Essaka
Tous les deux ont fait leurs déclarations radio-télévisées à la Crtv. C’est à partir de ce jour qu’ils engagent leur campagne. Douala attend les autres candidats. Cet après-midi les partisans du Dr Adamou Ndam Njoya feront entendre leurs voix sur l’esplanade du stade Omnisports de Douala. Dans la grande métropole portuaire, on espère qu’au fil des jours la campagne se fera plus intense, moins corrosive. Surtout avec beaucoup d’espoir et de réalisme pour les Camerounais qui ne voient que du cinéma et du folklore dans cette campagne.
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