Parmi les 46 prétendants à la candidature pour l’élection présidentielle du 11 octobre prochain, le ministère de l’Administra-tion territoriale et de la décentralisation (Minatd) a finalement jugé 16 dossiers recevables, c’est-à-dire conformes aux critères d’éligibilité définis par la loi.
Sous réserve des recours susceptibles d’être introduits auprès du Conseil constitutionnel (actuelle Cour suprême) par les candidats recalés, le Cameroun vient de rattraper la France dans le record des candidatures à une élection présidentielle. (Pour la présidentielle 2002, il y avait 16 candidats en lice en France). Cet engouement des Camerounais à chercher à briguer la magistrature suprême, loin d’être un indicateur de la vitalité de la démocratie, constitue plutôt un indice de pauvreté de la démocratie à la camerounaise. En effet, plusieurs candidatures ont été suscitées par le pouvoir, pour encombrer la scène.
L’intérêt de cet exercice était de chercher à crédibiliser un processus électoral globalement contesté.
La deuxième raison de cette pléthore de candidats se trouve dans la volonté non dissimulée de plusieurs candidats à avoir accès aux financements divers (notamment le financement public) de la campagne électorale.
Une démarche mercantile qui relègue la politique au rang d’une banale activité commerciale où la rentabilité se recherche à coups de déclarations intempestives dans l’espace public. La troisième raison, la plus fondamentale, s’inscrit en droite ligne de la perception que les Camerounais se font de la gestion de l’Etat. Les inconséquences du Président sortant ont fini par ôter toute crédibilité à la fonction présidentielle.
Cet abaissement de la perception du rôle et de la stature du chef de l’Etat donnent l’illusion à plusieurs individus qu’ils peuvent prétendre gérer le Cameroun, et, de surcroît, mieux que Paul Biya. L’enjeu de l’élection présidentielle prend alors les contours d’un exercice ludique ou de parfaits analphabètes, des clowns et autres va-nu-pieds consacrent l’imposture, en sollicitant les suffrages de leurs compatriotes.
La progression des candidatures à l’élection présidentielle entre 1992 et 2004 est à l’image de la régression que connaît le pays. L’on est passé de 8 candidatures déclarées en 1992 pour 6 candidats en compétition à 15 candidatures déclarées en 1997 pour 10 candidats en lice.
Le record de 2004 doit donc être aligné parmi les indices du déclin civique de la société camerounaise.
Les 16 candidats retenus
1 - Paul Biya (Rdpc)
2 - Victorin Hameni Bieleu (Ufdc)
3- Gustave Essaka (Dic)
4 - Hubert Kamgang (Upa)
5- Ni John Fru Ndi (Sdf)
6- Garga Haman Adji (Add)
7- Boniface Forbin (Jdp)
8- Jean Michel Tekam (Rc)
9- Adamou Ndam Njoya (Udc)
10- Fritz Pierre Ngo (Mec)
11- Jean Jacques Ekindi (Mp)
12 - Ekane Anicet (Manidem)
13- Nyamdi George (Slc)
14- Justin Mouafo (Npc/Bush)
15- Djeukam Tchameni (Mdi)
16- Black Albert Yondo Mandengue (Mnsd)
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