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Affrontements sanglants à Kumba
(20/09/2004)
Une affaire de vol débouche sur des émeutes.
Par LeMessager

Des véhicules endommagés, des habitations détruites, des téléviseurs, magnétoscopes et autres biens emportés, des établissements de commerce pillés etc. Comment en est-on arrivé là ?
C’est dans la matinée du 16 septembre, aux environs de 11 heures que cette crise sociale en trois actes s’est nouée.

Trois individus identifiés comme membres de la tribu Bafow, conduits par Dan Mboué sont surpris en flagrant délit de vol dans une cacaoyère. Démasqués, ceux-ci au lieu de s’enfuir, décident d’en finir avec l’importun qui n’est autre que le frère cadet du propriétaire, Francis Nyambi, décédé deux semaines plus tôt. Gravement touché à la tête, le cri de détresse de la victime ameute ses trois fils qui accourent.

Mis en minorité, les voleurs prennent la fuite. Alertée par les cris des poursuivants, la population du quartier Kosala, riverain de la plantation, réussit à mettre la main sur l’un des voleurs qui n’est autre que Dan Mboué. Celui-ci est proprement lynché par la population en furie. Le deuxième voleur appréhendé par la population est conduit, suite aux supplications d’un adjudant-chef habitant le quartier, à la compagnie de gendarmerie située à Douala Road.

En réaction à cet épisode qu’ils considèrent comme un affront, des membres de la tribu Bafow organisent une expédition punitive au quartier Kosala. A la faveur de la nuit du 16 septembre, ils passent à l’action. Armés de lances, machettes, cailloux, couteaux etc., ils investissent les lieux délaissés par les habitants qui battent en retraite devant cette mobilisation de forces. En l’absence d’une opposition, les assaillants s’en prennent aux habitations, voitures, commerces etc., qu’ils vandalisent.

La maison de M Alexander Eta, un septuagénaire originaire du département de la Manyu installé ici depuis 1958 est incendiée alors que la famille est endormie. “ Je ne comprends pas. Je n’ai de problème avec personne. Cette agression est gratuite, avec quoi vais-je refaire ma maison que ces gens viennent de détruire ? ”, s’interroge-t-il. A cet effet, le chef du quartier a déjà lancé une opération “ coup de cœur ” pour aider “ pa ” Alexander Eta à reconstruire une habitation digne.



Le prétexte du vol

Non satisfaits de cette initiative vengeresse, les vandales reviennent le lendemain vendredi 17 septembre. Initialement circonscrits au quarier Kosala, les affrontements s’étendent désormais à deux autres quartiers. Ceux-ci sont reputés abriter des populations allogènes, notamment des ressortissants du Nord-Ouest et de l’Ouest.

Ils sont accusés par les Bafow d’avoir fait main basse sur les terrains des autochtones. Il ne s’agit donc plus seulement de venger la mort d’un des leurs. Les frondeurs entendent recupérer les terrains vendus par leurs parents et grands parents “ pour une bouchée de pain ”. Ce changement de discours se traduit sur le terrain par un durcissement des méthodes.

Les assaillants Bafow ne font plus dès lors de distinctions, chaque personne identifiée comme allogène est prise à parti. C’est le cas de Kennedy Abia, 28 ans, actuellement interné à l’hôpital de district de la ville. “ Ils m’ont surpris alors que sur leur injonction, je venais de quitter le garage où je travaillais. Ils m’ont conduit dans un domicile et m’ont dévêtu et blessé à la tête à coups de machettes avant de me relâcher suite à la supplication d’un policier”, raconte-t-il sur son lit d’hôpital. Son compagnon de misère, l’handicapé Hgeus Ngongang, subira le même traitement.

Pour réussir leur coup, les révoltés Bafow qu’on dit manipulés par la famille Dibongo prennent les points stratégiques de la ville. Les agences de voyages sont investis, les passagers et les personnes trouvés sur place molestés, délestés de leurs biens et pris en otages. Le directeur d’agence de la compagnie “ Garantie voyage ” est même assigné à résidence dans son domicile. Le but recherché est visiblement d’empêcher les ressortissants ciblés (Nord-Ouest et Ouest) de prendre la fuite et d’alerter les autres de ce qui se passe à Kumba.

Les quartiers Kosala, Fiango et Kumba Town sont mis sous coupe réglée. Las de servir de cibles passives, les populations visées sortent de leur réserve pour un affrontement qui s’avère sanglant au vu de la détermination des uns et des autres. Le massacre sera arrêté in extremis par les éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi) et du 21ème bataillon militaire de Buéa (arrivés respectivement vers 13 et 14 heures) appelés en renfort pour appuyer les forces de l’ordre de Kumba incapables de faire face à la situation. La visite du gouverneur de la province du Sud-Ouest sur les lieux peu après a réussi à désarmer la bombe. Momentanément.


La démission des forces de l’ordre

L’escalade de violence de Kumba est la conséquence du laxisme des unités locales de la police et de la gendarmerie bien au parfum du feu qui couvait. Dès les premières minutes de la crise, rien n’a été fait pour circonscrire l’émeute et limiter la contagion. Le préfet Joseph Wilson Otto qui a tenu 5 séances de concertation avec les instigateurs de ces émeutes jeudi et vendredi n’a prescrit aucune mesure conservatoire aux responsables des forces de l’ordre.

Pire, celles-ci se sont illustrées dans une complaisance ostentatoire à tenir leur rôle de protection des hommes et des biens. Les nombreux pillages commis l’ont été pratiquement sous leurs yeux. Sous la menace des assaillants de brûler la compagnie de gendarmerie et le commissariat du 1er arrondissement de la ville où étaient gardés des manifestants, gendarmes et policiers ont tout simplement cédé en libérant les délinquants dont l’un a pourtant attaqué le commandant de brigade de gendarmerie. Drôle de comportement pour des gens qui sont censés être au service de l’ordre public !



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