Condamnés également aux dépens, ces derniers ont bénéficié des larges circonstances atténuantes, en leur qualité de délinquants primaires. Même allégée, cette sentence a eu un effet certain sur le deuxième condamné, qui s’est estimé trop lourdement frappé pour un " simple complice ". L’homme a même fondu en larmes. " Je ne mérite pas ça ! " se lamentait-il. Pendant que son compagnon, regard perdu dans le vide, était imperturbable.
Mais, tout semblait apparemment séparer ces deux accusés au destin curieusement lié. Devant les juges, les deux ont adopté une ligne de défense contradictoire : Bitomo a reconnu et avoué les faits, tandis que Ebehe les a niés vigoureusement tout au long du procès. Sans convaincre. " Bien souvent, c’est une manœuvre montée de toutes pièces à Kondengui, pour sortir du pétrin… ", reconnaît le procureur de la République qui n’est pas dupe. Peine perdue donc pour les prévenus !
Les faits qui remontent au début du mois de janvier 2004 sont clairs. Tout est parti de la brigade de Gendarmerie de Mbankolo à Yaoundé qui a eu vent d’un réseau de faussaires, spécialisés dans la contrefaçon de faux diplômes et de faux cachets. A la tête du réseau, un certain Bitomo. Suffisant pour élaborer une stratégie, en vue de démanteler ce vaste réseau. Un gendarme, déguisé en civil, est descendu à l’atelier de Bitomo, pour solliciter la délivrance du Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC). Après une brève négociation, le diplôme lui est délivré séance tenante, contre une somme de 10 000 francs. Un vrai faux diplôme. Rien à faire : le faussaire est dans la nasse.
Quelques heures après, une escouade de gendarmes a alors fait irruption dans l’atelier. Bitomo qui y était encore est alors pris la main dans le sac. Puis déféré à Kondengui. Il passe aux aveux complets et cite ses complices fictifs et réels. Le réseau est vaste, avec des tentacules à l’Est et un peu partout dans le pays. La clientèle se recrute parmi les étudiants qui veulent étudier à l’étranger. Une autre descente au domicile de Bitomo permet de mettre la main sur un nombre impressionnant de documents et cachets officiels. Dans la foulée, Ebehe, sérigraphe et co-chambrier de Bitomo est interpellé. Les autres complices courent encore.
Pendant le procès, Bitomo a soutenu qu’il a opté pour la contrefaçon des documents officiels, parce qu’il n’avait pas d’emploi.
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