C'est incroyable, mais pourtant vrai. Ce phénomène, celui des "bug chasers", est entrain de se répandre aux Etats-Unis. Ce sont des personnes saines, qui expliquent qu'ils désirent par dessus tout attraper le virus du sida. Cela semble bien difficile à croire, mes il semblerait qu'ils soient environ une centaine de millier à être des bug chasers. Mais qu'est ce qui peut bien pousser une personne saine d'esprit et bien portante, à vouloir par tous les moyens devenir séropositif alors que tant de personnes redoutent cette maladie?
Lors du récent festival du film gay et lesbien organisé à Genève par l’association Dialogai, on a pu assister à la projection du film documentaire «The Gift» (le Don), suivie d’un débat sur la réduction des risques en matière de comportements sexuels.
Dans une scène du film, la caméra fait un gros plan du visage d’un jeune rouquin qui témoigne de son parcours. A l’âge de 19 ans, il fait le choix de se faire volontairement contaminer par le virus du sida. Le phénomène est connu aux Etats-Unis sous le terme de «Bug Chasers» (les chercheurs d’emmerdes) et désigne des hommes séronégatifs qui cherchent à se faire infecter pour rejoindre la communauté des séropos. Comme le film l’explique, les hommes séropositifs qui infectent leurs partenaires délibérément et en toute connaissance de cause sont appelés les «Gift Givers» (ceux qui transmettent le «don» du VIH). Ce documentaire montre des hommes qui pratiquent régulièrement, voire revendiquent le «barebacking», terme anglo-saxon qui signifie littéralement «chevauchée à cru» et qui désigne la pratique du sexe anal sans Kpotes avec des partenaires multiples (1). La pratique du «bareback» et du «Bug Chasing» gagne-elle des adeptes sur le vieux continent? «C’est évident», affirme Rémès, pour qui la capitale française avec ses plus de 200 lieux publics de consommation sexuelle serait devenue la plus grande «Dark Room du monde». Le nombre de groupe de discussion en ligne où des hommes gay publient des annonces explicites pour avoir du sexe non protégé serait également en forte augmentation.
Le phénomène est répandu dans les milieux homosexuels
Aux Etats-Unis, pour beaucoup, ce phénomène est une véritable religion. Répandu surtout dans les milieux homosexuels, les adeptes de cette pratique recherchent d’autres adeptes, afin, soit de contaminer, soit d’être contaminé par le virus du sida. Ces adeptes ne considèrent pas leur pratique seulement comme un simple moyen d’attraper le virus du sida, mais aussi comme un véritable mode de vie. Ainsi, le partenaire qui recherche une contamination est dit bug chaser et l’infection est dénommée “fécondation“. Certains sero-négatifs parlent même de « conversion ». Le partenaire contaminant est dit gift giver et il assume la “paternité“ de la (sur)contamination. Un sociologue commente : « Pour ces hommes, la séroconversion est devenue un rituel d'adoption, plutôt que le fruit du hasard, formulée avec des métaphores de la grossesse. ».
Toutes ces personnes se rencontrent fréquemment dans des « barebacking parties » qui sont des réunions de sexualité où il est interdit d’utiliser des préservatifs. Il en existe plusieurs sortes :Les « All positive barebacking parties », où tout le monde est séropositif, les « All negative barebacking parties », où tout le monde est séronégatif, les « conversion parties » où réunions dans lesquelles des bug chasers cherchent à être infectés par des gift givers, les
« Russian roulette parties » qui réunissent des hommes séropositifs et séronégatifs. Les négatifs courent le risque d’être infectés au cours de pratiques sexuelles.
Vous trouverez un vocabulaire très précis lors de ces soirées. Ainsi, le VIH est appelé le « gift » (le don), le sperme d’un homme séropositif est appelé « charged cum », le rapport sexuel au cours duquel se produit l’infection est appelé « fucked of death »…
Personne ne peut savoir exactement ce qui se passe dans la tête d’homme qui veulent se mettre dans ce genre de situation. Quand on interroge Carlos, un « gift giver », il explique : « c’est le truc le plus érotique que je puisse imaginer… je sais quels sont les risques et je sais que me mettre dans cette situation est comme me mettre un fusil a la tête… Mais je pense que ça excite l’autre mec de savoir que je suis négatif et qu’ils m’introduisent dans leur fraternité. Ca m’éclate ça, moi aussi”. Quand on lui demande s’il est prêt a vivre avec le VIH après ce moment “érotique”, Carlos néglige la vie avec le VIH comme si c’était un inconvénient mineur. Comme la plupart des bug chasers, Carlos a l’impression que le virus n’est plus aussi important: “c’est comme vivre avec le diabète. Tu prends quelques pilules et tu continues ta vie. C’est une question de liberté. Que peut-–il vous arriver après ça? vous pouvez baiser qui vous voulez et autant que vous voulez, rien de pire ne peut vous arriver. Rien de mal ne peut vous arriver une fois que vous avez le Sida.”
Difficile à croire, mais pourtant vrai. Carlos, comme beaucoup d’autres, surfe sur le net environ 20h par semaine, a la recherche d’hommes susceptible de coucher avec lui. Les sites sur lesquels il va sont www.bareback.com ou encore www.barebackcity.com , sans compter un autre bon nombre de forums et chats qui permettent de fixer des rendez-vous pour « conversion ».
Aujourd’hui, pendant que l’humanité mène un combat acharné contre le sida, certains hommes en font une religion et désirent ardemment la propager. Comme le disait souvent un journaliste de chez nous, « le monde est formidable. Vivons seulement ».
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