Les artères du quartier Akwa à Douala, malgré les pluies de plus en plus fréquentes dans la ville, connaissent une effervescence assez particulière depuis quelques semaines. A la rue Joffre et sur le boulevard Ahmadou Ahidjo, entre le carrefour Soudanaise et ce qui reste de la Douche municipale, la chaussée est un peu plus encombrée par les vendeurs ambulants, qui causent à longueur de journée, des embouteillages pour les véhicules qui s’aventurent sur cette voie. Déjà, le long des trottoirs, ce sont les étals des commerçants qui sont installés, obligeant les piétons, eux aussi très nombreux de ce côté là, à marcher sur la chaussée.
Eric Simo a installé son pousse-pousse non loin du magasin Cash Center. C’est une sorte de hangar mobile où pendent des sacs de classe aux couleurs et aux coupes diverses. Des petits sacs -au -dos pour enfants avec des dessins de Mickey, un espace réservé à la gourde et au goûté, d’autres plus grands et plus " tendance ", ont une poche sur le côté, pour garder le téléphone portable. Il y a aussi ces nouvelles sacoches qui vont sans doute être les plus en vue cette année chez les jeunes, que l’on porte en bandoulière et qui pendent jusqu’au niveau des genoux.
Sur le même tronçon, d’autres " sauveteurs " proposent, à même le sol ou sur des étagères, des chaussures de sport, des maillots. Même des tenues de classe de certains établissements scolaires de la ville sont accrochés à des cintres sur des pièds. Un peu partout aussi le long de la rue, on retrouve des imperméables pour enfants et adultes, en pièce unique ou en deux pièces, les uns aussi fantaisistes que les autres. Charles Mbock, quant à lui, avec son pousse-pousse bondé de cahiers de différents volumes qu’il propose par douzaine et au détail, ne reste au même endroit que le temps d’une vente. Il sillonne la rue dans tous les sens, et compte ainsi maximiser ses chances d’avoir beaucoup de clients. " Je le faisais dans toute la ville, mais c’est assez éprouvant, et avec la saison des pluies, c’est encore plus difficile. D’ailleurs, presque tout le monde vient ici pour faire des achats et c’est plus facile d’attaquer ", explique–t-il.
Comme lui, d’autres jeunes marchands se promènent le long de l’avenue avec des stylos qu’ils proposent aux passants. A côté du traditionnel " Bic " que l’on connaît, d’autres marques telles que " Shanghang 100 ", venues de la Chine, Reynolds et autres sont vendues. Même les manuels scolaires jonchent déjà les rues de la ville, et occupent des espaces ici sur le Boulevard Ahmadou Ahidjo. Outre les opérations d’achats effectuées par ces négociants, il y a aussi des ventes directes et des échanges, avec une " petite compensation " de la part de l’acheteur. Tous ces étalages sont constamment entourés de nombreuses personnes venues effectuer des achats, ou se renseigner simplement sur les prix, "avant d’envisager toute décision d’achat ".
Adaptation
Ce ne sont pourtant pas seulement les rues qui se sont mises aux couleurs de la rentrée scolaire sur le boulevard Amadou Ahidjo. Les vitrines de certains magasins affichent, en caractères gras, des slogans tels que " spéciale rentrée scolaire ", suivis des réductions qu’ils proposent pour aguicher davantage les clients. Au magasin " Trait d’union " qui fait dans le commerce général, l’on a aussi été contaminé par cette fièvre. " Nous essayons toujours d’adapter les produits que nous proposons aux clients, aux saisons et aux circonstances. Actuellement, c’est la période de la rentrée scolaire, et nous faisons tout pour ne rien manquer de tout ce qui accompagne cet événement", soutient Pierre Nsoga, le responsable commercial de cet espace de vente. Il y a en effet dans différents rayons du commerce, des cahiers, des stylos, des chaussures et des vêtements de sports, des manteaux, des sacs de classe et de voyages, des valises et autres. Les prix affichés sont un peu plus élevés que sur le trottoir, mais M. Nsoga oppose à ce constat, l’offre de réduction faite à tous les clients qui achètent des produits en rapport avec la rentrée scolaire. " Nous faisons une campagne vraie, contrairement à ce que vous pouvez penser, et nos réductions vont jusqu’à 40% pour certains produits ", argue–t-il.
Des magasins les plus fournis sur cette rue, les cités commerciales chinoises restent les plus en vue. Que ce soit celles qui occupent les locaux de l’ancien cinéma le Rex, ou juste en face de l’entreprise de transport inter urbain Centrale voyages, c’est de là que sortent sacs, valises, chaussures de sport et bien d’autres effets que la rentrée scolaire vient de remettre sur la sellette. Mais, ce ne sont que les détaillants qui peuvent y avoir accès, les ventes étant effectuées en gros et demi-gros. Sorties de là, les marchandises changent alors de prix en entrant dans d’autres magasins ou en gagnant les trottoirs. Les petites confections ouvertes ça et là sur l’avenue et qui exposent des tenues scolaires, de même que les librairies, ne désemplissent pas. " Ils viennent tout simplement regarder, et très peu sont ceux qui achètent. Pour l’instant, cette rentrée scolaire se présente de manière plus sombre que la précédente qui elle, n’était déjà pas bonne ", argue Céline Deffo, vendeuse des tenues scolaires. Malgré ces complaintes des commerçants et des parents, et auxquelles il faut ajouter les rumeurs qui faisaient croire au renvoi de la rentrée pour le 30 septembre 2004, au moins dans son aspect physique, la ville présente un autre visage.
par quotidiens mutations
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