" Ce n'est pas parce que des minables individus ont tiré sur une personne que vous vous sentez menacé sur notre route " Ces propos du préfet du Mayo-Louti, Gambo Haman, à des visiteurs qui s’empressent de quitter la ville de Guider avant la tombée de la nuit, cachent à peine l’embarras dans lequel se trouvent les autorités administratives et militaires du Mayo-Louti. Depuis près d’un mois, les brigands de grands chemins sont de retour sur les différentes routes de ce département. Le jeudi, 4 août 2004, aux environs de 19 heures, un véhicule des Brasseries du Cameroun tombe dans un guet-apens monté à la sortie d’un virage nom loin du grand village Serrawel. C’est sur l’axe qui relie Guider à la route N1. Le chauffeur est grièvement blessé à la jambe gauche. Il n’a la vie sauve que grâce à l’intervention d’une femme du groupe qui aurait supplié ses acolytes de ne pas l’achever. "Il n’est qu’un pauvre chauffeur des Brasseries", avait-elle argumenté en foufouldé. Quelques semaines plutôt, c’est une dame qui a trouvé la mort sous la balle des coupeurs de routes sur l’axe Guider-Batawo.
Dans la même période, quatre jeunes originaires de Louggere, un village situé sur la route qui mène de Guider à Mayo-Oulo, sont arrêtés par les gendarmes alors même qu’ils se trouvaient en opération de brigandages. Selon Djolieu Célestin, le délégué départemental de la communication, " ces jeunes qui avouent être à leur quatrième opération seraient sans nul doute des relais locaux à des coupeurs des routes. S’estimant déjà mature pour opérer seul, ils se sont lancés pour leur propre compte. Mal leur en a pris". Aujourd’hui, les routes du Mayo-Louti qui se targuent d’être le seul département de la province du Nord dont tous les arrondissements sont reliés par des routes bitumées, sont devenues de plus en plus incertaines. Les voyageurs qui sont le plus souvent la proie de ce banditisme sont aux désarrois. Les éléments du 3ème Bataillon d’Intervention Rapide (Bir), semblent ne plus faire peur aux bandits. Le préfet du Mayo-Louti regrette l’insuffisance des moyens de luttes contre les coupeurs de route. Gambo Haman reconnaît que " les forces de l’ordre du département n’ont pas les moyens nécessaires pour la lutte contre les bandits. Ces derniers sont très mobiles et nous ne disposons pas d’un effectif suffisant. Encore que, même le renfort que nous demandons n’arrive pas souvent". La complicité de certains chefs traditionnels est de plus en plus décriée. Dans certaines localités, ces chefs sont même arrêtés.
|