Si la vaste campagne de contrôle du permis de construire actuellement engagée par les services de la Communauté urbaine de Douala (Cud) se passe sans pression, presque tous les propriétaires des maisons d’habitation de la métropole économique se verraient, au meilleur des cas, sanctionnés ou, au pire des cas, leurs maisons seraient simplement démolies. Parce que les promoteurs ne disposent pas d’autorisation de bâtir, ou alors les constructions ne respectent pas un certain nombre de règles d’urbanisme. Et d’après des statistiques obtenues auprès des services de la direction de l’Urbanisme et de la Construction (Duc) de la Cud qui suivent l’opération, Douala compterait près de 400.000 logements (sans compter les administrations, les commerces, et autres édifices publics) contre seulement environ 35.000 titres fonciers attribués jusque-là par les services du cadastre, et donc autant de nombre de permis de construire délivrés par la Cud.
Pour expliquer ce nombre exorbitant et surprenant de logements construits en marge de la réglementation, l’on relève la corruption des agents en charge du contrôle des ces pièces administratives, les seuls à effectuer des descentes sur le terrain. La preuve de l’implication de certains agents dans cette magouille foncière est renforcée par le ton utilisé par le Délégué du gouvernement. Dans un communiqué, Edouard Etondé Ekoto met les propriétaires des maisons en garde contre le comportement de certains agents véreux. " Il est donc inutile de recevoir des démarcheurs isolés pour une quelconque protection ou dissimulation ", clame t-il.
Par ailleurs, comment comprendre que des milliers de chantiers, sans permis de construire, aient échappé à la vigilance des équipes des services de la Cud, pour être détectées plusieurs années plus tard ? Il peut arriver que ces équipes de contrôle de la Cud ne soient pas informées de l’existence de certains chantiers sans permis de construire, mais aussi d’autres qui sont montés avec la complicité de quelques agents, explique-t-on à la Duc. A cause des lenteurs administratives, de piles de dossiers ont aussi été abandonnés par leurs propriétaires auprès des services compétents.
Conséquence, à Douala, des milliers de maisons ne respectent aucune règle de construction. D’autres sont édifiées sur des zones interdites (drains, emprises sur la voie publique, non respect des plans initiaux, etc.). Les maisons érigées sur l’emprise de l’axe lourd Douala-Yaoundé (75 mètres de part et d’autre de l’axe central de la chaussée), le long du tronçon urbain, c’est-à-dire du carrefour de l’avenue du Général de Gaulle au pont de la Dibamba, échangeur de l’aéroport compris, ont deux mois à compter du 23 juillet 2004, pour libérer ces lieux et démolir leurs constructions et installations. Pendant la première phase de cette campagne d’information, il sera question de sensibiliser les propriétaires à rentrer dans le circuit de la procédure normale. " Parallèlement à l’instruction des dossiers de demande de permis de construire, le contrôle de la conformité des constructions déjà autorisées aux dossiers approuvés est engagé sur toutes les concessions. Toutes les constructions non conformes ou non autorisées seront identifiées, analysées et évaluées en vue des redressements et des amendements ou démolitions appropriées ", affirme t-on à la direction de l’Urbanisme et de la Construction. Après cette campagne, devrait s’ouvrir, en principe, la phase de répression.
par quotidiens Mutations
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