Certains ministres et directeurs généraux camerounais possèdent des passeports français ou britanniques comme parapluies politiques.
Le fait peut paraître banal a priori. Mais certains membres des Synergies africaines et les enfants d’un membre du gouvernement ont récemment vu leur passeport diplomatique renvoyé du consulat de l’ambassade de France à Yaoundé. Dans le même intervalle, toujours pendant les vacances en cours, d’autres parents de ministres se faisaient proprement renvoyer par d’autres ambassades pour les motifs identiques. En fait, depuis quelque temps, les représentations diplomatiques accréditées au Cameroun se plaignent du fonctionnement excessif des passeports diplomatiques et ceux dits “ de service ”, documents qui facilitent l’obtention automatique des visas pour les autorités des ambassades.
Ces excédents sentent de faux, et, désormais, il suffit plus d’être “ fils de ” pour avoir un visa américain, français ou italien. “ Ces passeports cachent beaucoup d’imperfections et se sont retrouvés dans des mains qui ne méritaient pas d’ en posséder ”, déclarait un diplomate il y a peu. C’est que, les rejets systématiques des passeports verts (ordinaires) dans les ambassades occidentales ont engendré la multiplication des passeports de service et des prestigieux diplomatiques. On parle même, à propos de commerce de ces pièces rares et certaines chancelleries s’en seraient plaintes auprès du Minrex. Des échanges de correspondances auraient également sous-tendu quelque incompréhension entre le ministère des Relations extérieures et certaines ambassades. Toutes choses qui ont permis aux différents consulats de “ visser ” les détenteurs du passeport de service et diplomatiques. Dans ces ambassades on préfère désormais les passeports ordinaires dès lors que la qualité des requerants ne postule pas de fait à la possession d’un passeport rouge ou marron.
Gabegie et fuite. Les plaintes des consulats ne s’arrêtent pas pourtant aux seuls passeports jugés excessifs et illicites, l’autre constat vient de la trop forte demande de nationalité française, américaine et britannique. “ Ces demandes ont pratiquement doublé ces dernières années ” révèle un diplomate. Il faut y ajouter les fortes demandes d’asile politique, comme si les Camerounais fuyaient leur pays. “ Le nombre des demandeurs d’asile en provenance du Cameroun est impressionnant en France et en Allemagne, égrène un autre diplomate. Le mécanisme est simple. Du visa court séjour on passe, une fois en Europe, à la demande d’asile politique. On parle de plus en plus de 300 dossiers en étude dans l’Union européenne.
Mais ceci ne semble pas être la plus grosse épine selon des sources, tant là aussi, les contrôles sont méticuleux en Europe, en ce moment ”. Le plus gros problème, relèvent des diplomates et un journal confidentiel paraissant à Paris, “ Le confidentiel africain ” porte sur le nombre incompréhensible des décideurs camerounais détenteurs de passeports français. Ce qui implique une double nationalité dans certains cas. La citoyenneté française ainsi acquise octroie un nombre incalculable d’avantages fiscaux, bancaires, sociaux, voire une immunité politique dans des pays à “ hauts risques ”.
confidentiel parisien, lequel poursuit “ ne se contentant d’inscrire leurs enfants dans les facultés locales, ces ‘’grands’’ ont transformé leur progéniture en Français, les mettant à l’abri des instabilités politiques qui ont court en Afrique. Pour s’installer en Europe après la chute de leurs régimes, les décideurs africains n’ont qu’à prendre l’avion et de joindre leurs fils et filles qui ne rentrent au pays qu’après que papa ait négocié pour un poste de Dg ou de ministre… ” Pour mieux comprendre ce phénomène et la petite combine larvée, le journal conseille d’aller dans les écoles et lycées français en Afrique .
C’est en observant les “ fils de … ” qu’on comprendra aisément que papa a franchi le rubicon. Nombreux sont donc ceux qui savent être prudent au regard des scarii des pays voisins. Seuls, les enfants ne sont plus à l’abri. Le foisonnement des écoles primaires et maternelles suivant des programmes scolaires français ou anglo-saxons (établissements privés) répond aux besoins de la cause. Depuis quelques années les épouses de nombreux Camerounais accouchent à l’étranger au profit des automatismes de la loi pour la nationalité originelle. Beaucoup ont ainsi acquis leur propre nationalité par l’astuce des enfants français ou américains. Et là, les consulats n’y peuvent rien. La loi c’est la loi.
Abris politique. En Afrique, aujourd’hui, affirme“ Le confidentiel africain ”, beaucoup vont à la banque avec leur passeport ordinaire et voyagent avec des passeports étrangers, assurance absolue pour rapidement s’extirper du pays au cas où la situation politique dégénère. Le passeport ne sert plus seulement à voyager, c’est davantage un gilet pare-balles face à l’instabilité politique en Afrique. “ Des gens qui mettent le feu sont les premiers à prendre la poudre d’escampette dès le premier incendie ” pour citer à nouveau Lca. Les lycées blancs d’Afrique sont à ce titre autant de garanties pour ces décideurs qui sont finalement un pied dedans et l’autre pied dehors, prêts à s’envoler pour les cieux de quiétude.
Pour accentuer ces exils volontaires, ces décideurs ont acheté pavillons et appartements de luxe à l’étranger. Et offrent des week-ends à des concubines dans ces petits paradis à l’aide de passeports de service, toujours pour citer le journal parisien. Les responsables des ambassades connaissent le manège. A l’intérieur des pays occidentaux on dit être au parfum des stratagèmes sus-évoqués. Là encore, il existe une impuissance avérée des autorités incapables de réagir et de tout contrôler. Au bas des plaintes des ambassades, il y a la contre-façon des passeports et des visas au noir. “ De grossières imitations de nos visas sont découvertes soit au départ, et là, il existe la complicité des forces de l’ordre, soit à l’arrivée, et souvent nos propres forces de sécurité ferment les yeux ”, affirme un secrétaire d’ambassade.
Depuis quelque temps, les passeports diplomatiques n’échappent point à cette falsification. Conséquence, dans les consulats on a du mal à faire toute la différence entre les documents authentiques et les pseudo parchemins de voyages. D’où encore la rigueur observée lors des contrôles aux aéroports des pays étrangers tels qu’à Londres, Paris ou New-York. Ce qui, parfois, ne manque pas d’irriter les détenteurs des vrais passeports de cette nature. Ce qui, également, crée une confusion criarde entre les véritables “ diplomates ” et les prédateurs et faussaires mêlés à la même enseigne.
A défaut d’être un instrument de facilitation d’obtention de visas, ces passeports constituent des exutoires à des risques de déflagrations politiques. Combien de ministres ou de directeurs généraux possèdent ces passeports rarissimes ? Combien d’enfants de Pca en détiennent ? Tout se passe comme si, désormais, les gouvernants considéraient leur propre pays comme une terre d’exil, une poudrière endormie capable d’exploser à tout moment. Au-delà des passeports diplomatiques, ces “ Français ” sont à l’abri des séismes politiques qui menacent les pays africains. Le journal parisien a cité le Cameroun parmi les pays francophones où les dirigeants sont des Français en puissance. Les noms, par décence, sont volontairement larvés mais la quasi totalité des hommes du sérail sont des citoyens de l’hexagone, avec femmes et enfants.
par Franck Ndoumbe Diwouta- La nouvelle expression
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