Alors que toutes les conditions semblaient réunies pour que le pays maintienne sa fragile stabilité économique et financière amorcée depuis peu, le Fonds monétaire international (Fmi) et la Banque Mondiale (Bm), à travers leur observatoire dénommée Fitch Ratings, viennent de produire un rapport particulièrement amer vis-à-vis du Cameroun. Selon un communiqué rendu public lundi le 5 juillet dernier, les institutions de Brettons Woods ont, sans autre forme de procès, placé le Cameroun sur la " liste B " de leurs fichiers, c'est à dire en position négative. Le Fmi et la Banque Mondiale disent en effet observer une certaine " médiocrité " dans la gestion des finances publiques du pays ; ainsi qu'une accumulation graduelle des arriérés de sa dette interne.
En plus, poursuivent les experts dans leur rapport, le non règlement de la dette due aux entreprises publiques et para publiques comme Cameroon airlines a été relevé et décrié, qui aurait largement contribué à reléguer les finances publiques dans une position de pure contrainte, et compliqué davantage les plans des autorités en matière de finances publiques. Conséquences: malgré les opportunités louables, la solvabilité de l'Etat se trouve considérablement diminuée, de même que sa crédibilité financière...
Une situation pour le moins paradoxale, quand on sait qu'au niveau international, la hausse vertigineuse du prix du pétrole enregistrée ces mois derniers augurait des lendemains qui chantent pour l'ensemble des pays producteurs dont fait partie le Cameroun; et que, sur place au pays, l'environnement économique a plutôt l'air favorable. ce serait plus une embellie de facade.
Dans les milieux avertis, on n'a pas cessé de s'interroger, depuis la publication du rapport du Fmi et de la Banque Mondiale, sur la gestion qui est faite des finances publiques au Cameroun. Selon certaines informations, les membres de la délégation de la dernière mission au Cameroun du Fonds monétaire international, conduits par le flegmatique Maciejewski, ont été particulièrement ulcérés par le trou financier observé dans les caisses de l'Etat. A la lecture du Tableau des opérations financières de l'Etat (Tofe) ordonnées par le Ministère des Finances et du Budget, un déficit de l'ordre de 50 milliards de francs Cfa aurait en effet été constaté dans les comptes
Certaines de nos sources indiquent à cet effet que les récentes tractations visant à renouveler la flotte présidentielle, avec " l'acquisition " de l'avion baptisé " The Albatros " auraient partiellement été financées par ces fonds. Une information battue en brèche par ceux qui estiment que l'aéronef présidentiel a plutôt été loué, et que cette opération " n'aurait pas nécessité tant d'argent ". Une autre thèse soutient même qu'en ce moment, une bonne partie des 50 milliards de francs Cfa dont on ne semble avoir toutes les traces, serviraient à la construction aux Etats-Unis d'un nouvel avion présidentiel commandé par les autorités camerounaises auprès de Boeing, pour les déplacements de Paul Biya... Quel que soit la raison, en tout cas, le Cameroun semble s'être donné un peu trop de libertés ces temps derniers, par rapport aux exigences du Document de stratégie de réduction de la pauvreté. On comprend ainsi pourquoi le point d'achèvement tant espéré a été interminablement ajourné jusque-là. Jusqu'à quand ?
Par eugène Dipanda - Mutations
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