Prisonnier sans crimes.
Albert Mukong, décédé dans la nuit de lundi à mardi à l'âge de 71 ans, aura été toute sa vie un contestataire. Il était également le fondateur d'une association de défense des droits de l'Homme basée à Bamenda (400 km à l'ouest de Yaoundé), sa ville natale.
Né le 23 octobre 1933 à Bakanki Tungo, arrondissement de Tubah dans le département de la Mezam, c’est en 1959 que Albert Mukong s’engage véritablement en politique après de solides études universitaires à Ibadan au Nigeria. Cette année-là, il participe pour le compte du Nuks (association des étudiants Kamerounais du Nigeria) à la session spéciale des Nations unies (février-mars 1959); secrétaire général de “ one kamerun “, Albert Mukong fait partie de la délégation à la conférence constitutionnelle de Bamenda et Foumban en 1961.
Téméraire dans ses prises de décisions, incompris, le régime Ahidjo trouve en lui un radical hors pair. Il s’exile volontairement au Ghana où il s’essaye dans le journalisme à “ The Evening News “ organe du parti Cpp du Dr. Kwame Nkrumah. Il purge plus d’un an de prison à Nsawam suite à l’affaire Nkukungungu ; affaire qui entraîna une instabilité dans l’opposition ghanéenne. De retour au Cameroun, il est une fois de plus fait prisonnier par le régime Ahidjo. A sa sortie des geôles, il est nommé directeur du cabinet (1965) du Dr. Bernard Fonlon, ministre des Affaires étrangères d’alors. Mais sa forte personnalité, son indépendance d’esprit et ses convictions l’éloigneront définitivement des cercles du pouvoir.
Régulièrement arrêté pour des motifs politiques dans les années 60 et 70 sous le régime du président Ahmadou Ahidjo (1960-1982), et incarcéré à plusieurs reprises dans différentes centres de détentions politiques, il effectue notamment un séjour de six ans en prison de 1970 à 1976.
Il a raconté ses expériences carcérales dans un livre intitulé "Prisoner without a crime" (Prisonnier sans crime) qui a remporté un grand succès public.
En 1989, il fait partie des membres fondateurs du SDF, actuel plus important parti de l'opposition camerounaise au Parlement (22 sièges), qu'il quitte au début des années 90 pour fonder en 1994 le SCNC, rapidement interdit.
Il aura connu les plus redoutables prisons politiques du Cameroun : la Brigade mixte mobile de Yaoundé, Mantoum dans le Noun, Tcholliré dans le Mayo-Réy. aujourd'hui il tire sa révérence après ces decennies de combat politique acharné.
Sources communes : AFP / Le Messager
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