Ngala Wonsi Guy et ses quatre collègues étaient encore devant la barre vendredi dernier, au tribunal de grande instance de Yaoundé. Ils sont poursuivis par l’entreprise Camtel, par ailleurs leur employeur. La société les accuse d’être à l’origine d’un important détournement de deniers publics. Une somme de près de 54 millions de F Cfa selon l’accusation.
Renvoyés devant le juge, les accusés ont nié les faits en bloc. Pourtant l’avocat de la partie civile a tenté d’établir leur implication dans cette rocambolesque affaire. La supercherie est savamment montée à partir d’une ligne de téléphone. Lorsque l’utilisation frauduleuse de cette ligne de téléphone est découverte, il est trop tard, le mal est fait.
En l’espace de deux mois, notamment septembre et novembre 2002, la consommation de la ligne de téléphone numéro " 2230118 " a culminé à près de 54 millions. Malgré la tendance à la hausse, cette consommation suscite quelques appréhensions chez les responsables de Camtel. Pour une bonne appréciation de la situation, une enquête est aussitôt diligentée.
La suite est plus qu’édifiante. Il se dégage des conclusions des enquêteurs que la ligne à problèmes a été officiellement demandée par un certain Mvogo Fidèle. Mais pendant que ce client attendait sûrement le résultat de sa demande, des agents de la Camtel ont retiré son dossier. Les soupçons de ce forfait pèsent sur le nommé Ngala Wonsi Guy.
Son employeur l’accuse donc d’avoir mis le dossier hors du circuit normal avec la complicité des coaccusés.
Les conséquences de cette jonglerie peuvent s’apprécier à deux niveaux. D’abord, le sieur Mvogo Fidèle n’a jamais bénéficié de la ligne qu’il a demandée. Ensuite, Camtel a connu une perte sèche de plus de 54 millions, puisque cette ligne a probablement servi à une exploitation frauduleuse, dont les dividendes sont tombées entre les mains de ceux qui ont orchestré la manœuvre. Dans cette affaire, le blocage se situe justement à ce niveau. Le juge veut savoir qui a fait quoi au cours de cette opération.
L’avocat de Camtel, pour sa part insiste sur la démonstration technique, pour établir clairement le degré d’implication de chaque accusé. Et pour cela, il entend faire venir des techniciens des télécommunications devant la barre. Leurs témoignages pourront éclairer le tribunal sur les techniques de connexion des lignes téléphoniques. Pour les avocats de la défense, cette action n’a pas de rapport direct avec le détournement des deniers, dont les employés en cause doivent répondre. Le tribunal a renvoyé l’affaire au 16 juillet prochain pour convocation des témoins.
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