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Conflit: résistances nigérianes à Bakassi
(23/06/2004)
Ca ne s'arrange toujours pas entre le Nigéria et le Cameroun à Bakassi. Le chef traditionnel et les populations de la presqu'île se disent prêts à prendre les armes si on les obligeait à devenir Camerounais...
Par Thierry Ngogang, Quotidien Mutations

Selon des informations émanant de la British Broadcasting Corporation (Bbc), la perspective de voir la presqu'île de Bakassi être rendue au Cameroun d'ici le mois de septembre prochain (comme le prévoit le calendrier de retrait défini par les parties nigérianes et camerounaises sous l'égide de l'Onu), n'enchante pas du tout les dizaines de milliers de ressortissants nigérians qui vivent sur cette péninsule depuis toujours. Tous n'arrivent pas à réaliser que, d'ici trois mois, leurs maisons ne seront plus sur le territoire nigérian. Pour le média anglais, ils affirment tous aimer leurs terres, leurs traditions. Et, à l'instar de Mama Ereba, ils souhaitent que la souveraineté de leur pays continue à s'exercer sur cette zone. "Je ne veux pas être une résidente étrangère dans ma propre maison. D'ailleurs, je ne comprends et ne parle pas du tout le français qui est la langue officielle du Cameroun", dit-elle.

Etyin Etim Okon Edet, qui fait office de chef traditionnel de la communauté nigériane à Bakassi, résume le sentiment général de ses concitoyens : "Le Cameroun et le Nigeria doivent oublier le verdict de la Cour internationale de la Haye et vivre ensemble en frères. Par conséquent, il est important de trouver une solution amicale ". Toujours d'après la Bbc, pour ce dernier, " la dispute n'a rien à voir avec le pétrole; le problème est plutôt au niveau de l'héritage laissé par ceux qui y vivent. La Cour de justice de la Haye doit par conséquent revoir son jugement ". Dans le cas contraire, le chef nigérian se fait plus menaçant : " Nous ne voulons pas la guerre, mais si cette décision est maintenue, nous sommes prêts à prendre les armes pour réaffirmer l'appartenance de cette zone à l'Etat fédéral nigérian."

Les dizaines de milliers de personnes qui résident dans la péninsule de Bakassi sont de l'ethnie «Efike» que l'on retrouve majoritairement dans la partie Est du Nigeria, mais aussi dans certaines régions du Sud-Ouest du Cameroun.

Pauvres, elles vivent essentiellement de la pêche. Depuis l'arrêt de la Cour internationale de justice de la Haye le 10 octobre 2002, elles n'ont jamais accepté le verdict. Ulcérées par la rétrocession de 33 villages occupés par le Nigeria au Cameroun au mois de décembre dernier dans la région du Lac Tchad, elles savent très bien que le retrait définitif de l'administration et des forces armées de leur pays de la péninsule est inéluctable. D'où ce dernier baroud d'honneur destiné à faire monter un peu plus la pression. En fait, à en croire le reporter de la Bbc, au-delà de ces actes de bravades, les ressortissants nigérians craignent particulièrement le retour des forces de gendarmerie camerounaises, réputées pour leur non-respect des droits de l'Homme. Ce sont d'ailleurs ces exactions à répétition commises par ces forces de gendarmerie sur les populations nigérianes qui avaient servi de motif au régime du défunt dictateur Sani Abacha pour s'emparer par la force des deux tiers de la péninsule au début des années 90. A l'époque, il s'agissait officiellement pour le régime Abacha de protéger ses ressortissants et réaffirmer la souveraineté de son pays sur la région.

Il y a quelques mois de cela, au cours d'un séminaire organisé dans la ville de Calabar (Sud-Est du Nigeria), un éminent professeur d'histoire, membre de la commission nationale nigériane des frontières, avait toutefois démonté cette thèse en révélant que la junte militaire au pouvoir à Abuja avait occupé Bakassi afin de détourner l'opinion nationale des vrais problèmes du pays et la ressouder autour du concept de l'unité nationale. Une thèse crédible, au regard des difficultés politiques et économiques que connaissait le Nigeria à cette période.

Cependant, il est à noter que les tensions entre le Cameroun et le Nigeria et le Cameroun à propos de cette zone ne sont pas nouvelles. Elles ont débuté au moment où les recherches ont démontré que cette région était riche en ressources halieutiques...et surtout pétrolifères. Les différentes escarmouches qui ont eu lieu entre les deux pays depuis 1981 ont causé plusieurs centaines de morts dans chaque camp. Depuis environ deux ans, malgré la mobilisation militaire dans la zone, la tension a considérablement baissé. A l'heure actuelle, le règlement de ce litige frontalier est considéré comme une grande réussite et un exemple à suivre par la communauté internationale.

Cet optimisme n'empêche en aucun cas une éventuelle mise en application de cette menace. De nombreux observateurs crient déjà, avec quelque raison, à la manipulation et à l'intox. En particulier de la part de l'aile dure du régime de Olusegun Obasanjo, qui " monterait " ainsi ces riverains contre infléchir la position de leur président, à qui ils ont toujours reproché une mollesse devant les autorités camerounaises, notamment au plus fort du verdict de La Haye, qu'il était alors question de dénoncer, quitte à engager une autre action militaire contre le Cameroun. On remarquera à ce propos toute leur mauvaise foi, eux qui indiquent que la seule langue officielle du Cameroun est le français. Pour autant, on aurait tort de prendre à la légère ce signal fort qui intervient alors que la commission mixte est à pied d'oeuvre et obtient des résultats plutôt encourageants. Il n'est certes plus question de revenir négocier quoi que ce soit, le verdict de la cour ayant été accepté par les deux parties, en vertu du bon vieux principe de clause facultative de juridiction obligatoire. Mais il reste que cette attitude indique aux autorités camerounaises d'engager d'autres actions sur le terrain, de manière à rassurer les populations apparemment désemparées. Pour les rassurer d'abord, mais également pour créer des structures économiques et sociales qui intègrent toutes les populations vivants sur la péninsule.

Source: Quotidien Mutations








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