Au lieu dit carrefour Ecole de police, deux hommes sont à deux doigts d'en venir aux mains. Une dizaine de témoins, alertés par les éclats de voix, assistent au spectacle. "Remettez-moi mon assurance, les clients m'attendent dans le véhicule", menace l'un des protagonistes de la scène, en empoignant son voisin... |
Au lieu dit carrefour Ecole de police, deux hommes sont à deux doigts d'en venir aux mains. Une dizaine de témoins, alertés par les éclats de voix, assistent au spectacle. "Remettez-moi mon assurance, les clients m'attendent dans le véhicule", menace l'un des protagonistes de la scène, en empoignant son voisin. Un adjudant-chef de la Gendarmerie et quatre autres personnes arborant des badges de l'Association des sociétés d'assurances du Cameroun (Asac) s'interposent. Ajustant sa cravate de couleur rouge, l'autre protagoniste répond : "Pour que je ne continue pas à vous perdre du temps comme vous le prétendez, présentez-moi le carnet rose dactylographié. Ce document, selon la réglementation ne doit pas être rempli à la main", déclare-t-il. Le badge épinglé sur sa chemise révèle qu'il s'appelle Patrice Mougnol. L'inspecteur des ventes de Activa assurances dirige l'une de 20 équipes de l'Asac descendues dans les rues de Yaoundé ce mardi 22 juin 2004, dans le cadre de l'opération "coup de poing" contre les fausses assurances.
"Nous ne sommes encore que dans la phase de sensibilisation des automobilistes sur les dangers qu'ils courent en se faisant délivrer des assurances de façon illégale. Mais, comme vous venez de le constater, ils (les automobilistes) ne sont pas réceptifs. Alors que nous leur rendons service. Car, lorsque l'assurance est contrefaite ou alors délivrée au mépris de la norme, les clients ne peuvent être indemnisés, en cas de sinistre, et vont se mettre à dire toutes sortes de choses sur les sociétés d'assurances", regrette un représentant de l'Asac. Cependant, le fruit de cette chasse aux fausses assurances est encore maigre. De sources dignes de foi, les 100 agents des entreprises du secteur des assurances, mobilisés pour cette opération, en compagnie d'une cinquantaine de gendarmes ont, mis la main sur un nombre très infime de faux papiers d'assurances.
En revanche, les équipes de l'Asac ont décelé de nombreuses anomalies sur la carte rose délivrée aux automobilistes. Ainsi qu'affirme Patrice Mougnol, "plusieurs taximen et particuliers nous ont présenté des reçus de payement de la carte rose, et non le document lui-même. D'autres avaient plutôt une carte rose remplie au bic. Ce qui n'est pas normal. Pourtant, les revenus de ce document récemment institué par la Cemac et approuvé par le code Cima (Conférence interafricaine des marchés d'assurances) n'appartiennent pas aux sociétés d'assurances. Celles-ci les collectent tout simplement afin de les reverser à l'Asac. Donc, ne pas délivrer des documents conformes aux automobilistes est une manoeuvre visant à distraire ces fonds". De sources concordantes, la majorité des cas recensés concernent les clients de la société "Satellite insurance company". Un détail que les contrôleurs de l'Asac assurent qu'ils mentionneront dans leur rapport, aux fins d'éventuelles sanctions.
L'opération qui s'achève ce jour intervient après celle lancée dans la capitale économique il y a deux mois. Et, pour sûr, ce ne sera pas la dernière. Car, les assureurs sont convaincus qu'il existe des réseaux de délivrance de fausses attestations d'assurance, et même de falsification de ces documents. "Des gens font de plus en plus scanner des attestations d'assurance. Des opérations comme celle qui est en cours permettent de les déceler, parce qu'avec un peu de vigilance, on peut bien faire la différence entre une attestation scannée et celle qui ne l'est pas. De même, certains automobilistes falsifient la date de péremption de leur assurance. Cela se fait facilement au moyen d'une machine à écrire. Mais ils ignorent souvent que la même date est inscrite sur le contrat d'assurance informatisé, qui accompagne l'attestation. Une comparaison du délai de validité de l'assurance sur les deux documents permet de déceler les fraudeurs", commente Tanguy Effa, comptable à Atlantic insurance, visiblement satisfait de cette opération coup de poing que les automobilistes de la capitale considèrent, eux, comme une tracasserie.
Source: Quotidien Mutations
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