Assauts contre Déby
Au moment où nous mettions sous presses, l’affrontement entre les rebelles et l’armée gouvernementale à N’djamena, la capitale du Tchad, n’avait pas encore d’issue claire. C’était le statu quo. C’est-à-dire une ville minée et bloquée par l’occupation rebelle depuis trois jours, et la résistance des partisans d’Idriss Deby que des sources officielles annoncent au Palais présidentiel. L’épreuve de force est loin d’être achevée. Selon le gouvernement, les rebelles qui ont essayé un assaut contre la présidence de la République ont été repoussés. Abderaman Khoulamallah, le porte-parole des rebelles, explique : “ On a fait une première offensive ce matin [dimanche 03 février, ndlr] pour tester leur capacité de résistance. Ils ont une capacité militaire grâce aux chars et aux hélicoptères mais ils manquent d'hommes ”.
Dans la matinée, les forces gouvernementales ont demandé aux habitants d'évacuer le quartier de la présidence. En après-midi, c’était au tour des rebelles de demander aux civils de libérer certaines parties de la ville. Selon le ministre français de la Défense, Hervé Morin, “ l’étau s’est desserré autour de la présidence de la République ; les combats ont plutôt lieu en périphérie ”. Le porte-parole de la présidence va plus loin, en affirmant qu’ils ont le contrôle de la capitale. Ce que dément le porte-parole des rebelles. Ce dernier indique qu’ils n’ont pas reculé d’un seul pouce ! L’attaque ne concerne pas que la capitale. Toujours hier, dimanche, la rébellion a également assailli la préfecture d’Adré, à la frontière du Soudan.
Pour le moment, aucun bilan officiel n’est établi. On sait simplement que la mort du chef d’état-major tchadien, Daoud Soumaïn, est confirmée. Il est décédé vendredi dernier lors des combats de Massaguet, à 50 km à vol d’oiseau de N’djamena. Certains hommes de Déby ont été faits prisonniers. Depuis samedi soir, environ 600 étrangers dont 217 Français ont été évacués vers Libreville, la capitale gabonaise, par des vols militaires français. Plus de 5.000 personnes se sont déjà déplacées vers la ville camerounaise de Kousseri, séparée de la capitale tchadienne par un fleuve. Le marché public a été en partie incendié à la suite d'un tir d'obus d’hélicoptère de l'armée visant des rebelles. Cet incendie a créé un début de panique, puis la foule est revenue pour piller le marché. Le bâtiment de la radio, gardé jusqu'en milieu de matinée par un char de l'armée qui s'est ensuite retiré faute de munitions, aurait également été pillé.
C’est la grande terreur dans la capitale aujourd’hui. “ On empêche les enfants de sortir, tout le monde redoute les balles perdues (...) j'ai vu passer devant chez moi des voleurs avec des sacs, des chaises sur la tête ”, a indiqué à l’Afp un médecin tchadien habitant près du centre-ville. “ La grande peur, que ce soit Idriss Deby ou les rebelles qui aient la victoire, c'est les règlements de comptes qu'il va y avoir après en ville ”, craint-on à N’djamena.
Source: Le Messager
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