"…Tenez, je peux donner quelques résultats : les recettes du port de Douala, qui atteignaient un certain niveau mais qui, dès qu’on a commencé à appliquer la lutte contre la corruption, ces recettes ont augmenté de 30 ou 40 %, donc c’est intéressant ". Ainsi parlait Paul Biya le 30 octobre dernier sur le plateau du " Talk de Paris " sur la chaîne de télévision France 24. Si certains experts ont pu émettre quelques réserves sur la véracité des chiffres donnés par le président de la République, ils s’accordaient néanmoins à reconnaître que les résultats enregistrés par le Port de Douala ces trois dernières années étaient encourageants.
Des résultats que l’on mettait à l’actif de celui qui avait pris la tête du Port autonome de Douala (Pad) début 2005 après le départ d’Alphonse Siyam Siwé et son entrée au gouvernement en décembre 2004. Emmanuel Etoundi Oyono, au regard de ces résultats et de la satisfaction du chef de l’Etat s’attendait sans doute à une promotion ou, à tout le moins, à poursuivre en toute quiétude sa mission au Pad. Il vient d’être nommé directeur de la Mission d’aménagement et d’équipement des terrains urbains et ruraux (Maetur), en remplacement de André Mama Fouda, promu au gouvernement le 7 septembre 2007.
Une façon de faire, diront certains observateurs, qui ne fait pas partie des méthodes de récompense de Paul Biya. Emmanuel Etoundi Oyono paie-t-il le prix des mesures très dures prises à son arrivée au Pad et qui ont remis en cause un certain nombre de décisions prises par son prédécesseur, notamment celles accordant des avantages au groupe français Bolloré dans le marché du dragage du chenal du port qui avait été attribué au groupe de l’homme d’affaires français, très proche de l’Elysée? Une attribution que certains n’avaient pas manqué de taxer de braderie. La remise en cause du contrat de dragage du chenal accordé au groupe Bolloré avait permis au Pad de faire une économie d’environ 600 millions Fcfa par mois.
En perte de vitesse dans de nombreux pays africains, le groupe français a opéré des rapprochements auprès de certains cercles de pouvoir africains depuis l’avènement du nouveau locataire de l’Elysée. Il s’investit notamment dans de nombreuses œuvres caritatives entreprises par certaines épouses de chefs d’Etat africains, dont celle du Cameroun. Il ne fait désormais plus de doute que la session extraordinaire du Conseil d’administration du Pad convoquée demain, mardi 29 janvier 2008, devra entériner la désignation du successeur d’Emmanuel Etoundi Oyono à la direction du Port autonome de Douala.
Puisque selon les statuts de cette entreprise, c’est à cette instance que revient la responsabilité de désigner le directeur général de cette entreprise. Des noms sont d’ailleurs avancés, à l’instar de celui de Jean Marcel Dayas Mounoume, le directeur général de l’Autorité portuaire nationale (Apn), par ailleurs administrateur du Port autonome de Douala, et celui de Dieudonné Evou Mekou, neveu du chef de l’Etat et actuellement Dg de la Caisse autonome d’amortissement.
Source: Quotidien Mutations
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