Le rôle trouble des associations des consommateurs
Le 14 janvier dernier, Delor Magellan Kamgaing, président de la Ligue camerounaise des consommateurs (Lcc) a rendu public un communiqué de presse dans lequel il appelait les consommateurs camerounais à boycotter les produits de la Société anonyme des Brasseries du Cameroun. Dans ce communiqué, il est écrit: "suite à la révision à la hausse de la plupart des produits de la Société anonyme des Brasseries du Cameroun, le 1er janvier, au motif du renchérissement du coût des matières premières importées, la Ligue camerounaise des consommateurs […] appelle les consommateurs, tout au long de la Coupe d’Afrique des Nations de football […], à consommer uniquement celles dont les prix sont restés inchangés".
Bien que ce mot d’ordre de boycott ne semble pas avoir été suivi par les consommateurs, cette initiative est l’une des rares à être menées par une association de défense des droits des consommateurs. Ce qui ne passe pas inaperçu aux yeux desdits consommateurs qui accusent les responsables de ces différents mouvements de se " faire du beurre " sur leur dos en se servant de leurs difficultés.
Les prix ne cessent de croître sans que personne ne lève le petit doigt et on nous dit qu’il existe des associations pour la défense des droits des consommateurs? Je pense tout simplement qu’ils prennent juste le prétexte de nos problèmes pour résoudre les leurs", affirme Marie Manga, vendeuse de vivres frais au marché du Mfoundi à Yaoundé. Et son voisin de renchérir, le coeur plein de ressentiment: "La personne que nous voyons vraiment sur le terrain c’est le ministre du Commerce, même si ses sorties ne résolvent pas toujours le problème. De toutes les façons, nous n’avons pas le choix. Si nous devons acheter une bière à mille francs ou un litre d’huile à trois mille francs, nous le ferrons. Nous en avons besoin. Ces associations qui existent, leurs promoteurs n’ont pour seul but que de se faire de l’argent au cours des réunion de concertation organisées par le ministre du Commerce".
Initiatives
Ce que démentent la plupart des responsables de ces groupements. Pour Delor Magellan Kamgaing de la Lcc "les associations de défense des droits des consommateurs ont a cœur les problèmes de ceux-ci. Le souci que nous avons dans l’exercice de nos activités est que, nous n’avons pas assez de moyens financiers pour mettre sur pied des actions d’envergure. Tenez par exemple; nous avons mis sur pied un système d’alerte Sms à la Lcc que nous utilisons à chaque fois que le besoin se fait ressentir. Seulement, avant que les consommateurs ne nous lancent des pierres, ils doivent également reconnaître qu’eux-mêmes ne font pas d’efforts pour défendre leurs droits. Et puis, il faut reconnaître que ".
Et Alphonse Issi, président du mouvement national des consommateurs, de poursuivre: "ce qui est terrible au Cameroun c’est que tout le monde veut le changement mais personne ne veut mourir! Lorsque nous convoquons une manifestation générale, c’est à peine 10 personnes qui se déplacent. Comment voulez-vous que les choses changent? A certains moments, nous avons tout simplement l’impression que nous devons tout faire. C’est impossible car nous impulsons le mouvement et les autres suivent. Pensez-vous qu’en guinée le mouvement ait porté juste parce que les associations l’ont voulu? C’est aussi parce que les consommateurs ont contribué au mouvement. Et pas de loin!".
Source: Quotidiens Mutations
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