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L’opposition défie les forces de l’ordre
(17/01/2008)
On aurait cru entendre un communiqué d’une autorité administrative dans les années 70’ ou 80’. Mais il s’agissait bien d’un communiqué signé le 15 janvier 2008
Par Denis Nkwebo et Dippah Kayesse

Francis Faï Yengo, nouvellement nommé à la tête de la province du Littoral n’y va pas par quatre chemins pour dire qu’il vient de prendre " un arrêté interdisant les réunions et manifestations publiques, et spécialement les marches sur la voie publique jusqu’à nouvel ordre sur l’ensemble de la province du Littoral".

La raison évoquée par le numéro un de la province, " la nécessité impérieuse de maintenir l’ardeur des populations au travail pour mieux assurer leur développement et accélérer la lutte contre la pauvreté et surtout éviter toute dispersion d’énergie… ". Noble objectif, serait-on tenté de dire, si l’on ne se rendait pas compte que la mesure ne vise en fait que certaines formations politiques de l’opposition à l’instar du Social democratic front (Sdf), qui en a organisé deux il y a quelques jours à Douala, même si Faï Yengo s’entoure d’une précaution qui n’a vraiment pas de raison d’être quand il écrit "… Cette mesure d’interdiction à portée générale et qui ne vise aucun groupe particulier…"

Face à cette situation qui cherche visiblement à restreindre la liberté des personnes dans un environnement où rien ne l’autorise, quelques leaders de la société civile et des responsables de partis politiques basés à Douala réagissent à cette reculade qui n’est pas sans rappeler la volonté d’un ancien membre du gouvernement de la République qui avait tenté, avec le succès que l’on sait, d’introduire nuitamment à l’Assemblée nationale, un projet de loi qui visait à " corriger " celle de 1990 sur la communication sociale au Cameroun.



Achille Kotto,
Membre de la société civile basée à Douala
Rien ne nous empêchera de descendre dans la rue.

Il s’agit là d’une véritable reculade par rapport aux libertés ce d’autant plus que les manifestations publiques ne sont pas soumises à autorisation, mais déclarées en échange d’un récépissé. Et si jamais on devrait interdire la tenue d’une manifestation publique, il faut un sérieux motif, le trouble à l’ordre public par exemple. Un motif à ne pas imaginer même si tout semble renvoyer à la révision de la Constitution, un débat en cours au pays. Il est anormal et même dangereux de prendre de telles mesures qui seraient de nature à pousser le peuple à bout. Le thème sur la modification de la Constitution a bien l’avantage de donner au peuple sans exclusion, l’opportunité de s’exprimer d’une manière ou d’une autre.
Pourquoi l’administration qui a lancé les hostilités accepte-elle que les uns marchent dans tous les sens et compte barrer la voie aux autres? Connaissez-vous la vraie position du gouverneur de la province du Littoral, signataire de ce communiqué? Peut-être même que le pauvre est contre la modification de la Constitution, mais embrigadé dans le système, il perd toute liberté d’expression et d’agir. Il faut surtout éviter de mettre le Cameroun dans une logique de guerre entre le pouvoir et le peuple.
A ce jour, personne ne peut empêcher le peuple camerounais d’exprimer son point de vue sur les questions du pays. Depuis quelques années, les politiques, la société civile… tirent la sonnette d’alarme sur les affaires du pays. Le moment serait peut-être arrivé, le peuple a tout simplement besoin d’un leader pour se lever comme un seul homme. La preuve nous a été administrée le week-end dernier avec la sortie du combattant Mboua Massock à Douala.


Anicet Ekané
Président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance démocratie (Manidem)
Cet arrêté va plutôt doper le peuple.

En réalité, le communiqué du gouverneur de la province du Littoral s’appuie sur un arrêté interdisant toute manifestation publique. Un arrêté où il ne donne pas les raisons de cette mesure alors que la loi l’oblige à justifier toute interdiction de manifestation. Et en plus, il fait une interdiction générale sur l’étendue de la province jusqu’à nouvel ordre, donc il anticipe même sur les troubles à l’ordre public. Parce qu’il est obligé de justifier toute interdiction de manifestation publique, ce qu’il ne fait pas dans son arrêté, il le fait peut-être en fonction de ses fantasmes de gouverneur. Je pense également que le gouverneur n’est pas l’homme de la situation dans le Littoral et qu’à ce sujet il faut rapidement envisager qu’on le nomme ailleurs où la gestion des affaires politiques serait beaucoup plus aisée.

Il se trompe à la fois de territoire et d’époque parce que en lisant son communiqué on y voit des termes des allusions dignes du temps d’Ahidjo, "agitateurs de tout bord", "manipulations", "milieux mal intentionnés"… Manifestement, il fait de la provocation comme on en faisant du temps de la dictature sanglante. En plus, il sort un tel arrêté le jour de l’assassinat de Ernest Ouandié! Nous le disons, pour le moment, tout ce qui est intimidation et menace est un moyen de dopage des patriotes surtout lorsqu’il s’agit de leurs libertés. Dans la publication de cet arrêté, le gouverneur est tout simplement un hors la loi pour abus de pouvoir. Le moment venu, nous manifesterons et si le gouverneur veut nous arrêter il nous arrêtera, c’est simple. Il sait lui-même que toutes les libertés et droits qui ont été arrachés dans ce pays l’ont été en dehors de leur réglementation et de leurs lois qui sont faites pour étouffer, opprimer le peuple souverain.


Jean Michel Nintcheu
Député, président provincial du Sdf Littoral
Cet arrêté risque de créer un climat d’insurrection.

Ma réaction est une réaction de colère et d’incompréhension. Décidemment, voilà un gouverneur qui inaugure mal sa prise de fonction dans le Littoral. Ce monsieur vient du Centre où il a presque organisé lui-même les marches pour la modification de la Constitution. Toutes ces réunions du Rdpc d’où sont parties les motions de soutien se sont toutes achevées par des marches. Monsieur Faï Yengo Francis qui n’a pris aucune mesure pour empêcher lesdites marches ne doit pas prendre des mesures pour empêcher les manifestations contre. Nous considérons cet arrêté comme une fuite en avant du pouvoir, sachant que le Littoral est la province à l’avant-garde du non, la province qui fera échec à toutes les manœuvres diaboliques de M. Biya pour se maintenir au pouvoir.

En ce qui nous concerne, nous avons déjà élaboré notre plan d’action que nous allons dérouler sans tenir compte d’aucune manière de cet arrêté rétrograde et moyenâgeux. Nous estimons que cet arrêté du gouverneur est antidémocratique et dangereux. Parce que les populations du Littoral sont mobilisées contre la modification de la Constitution, à un niveau tel que cet arrêté risque plutôt de créer un climat d’insurrection. Sans doute, les populations qui vont vouloir manifester leur ras-le-bol vont trouver en face d’elles les troupes de Faï Yengo. Mais la mobilisation sera telle que le rapport de force ne pourra être qu’en faveur du peuple.

Nous sommes en contact avec toutes les couches de la population, avec tous les groupes sociaux. Et je peux vous assurer que cette province est au bord de l’explosion. Je ne voudrais pas que le gouverneur soit le pyromane qui fera tout exploser. Je voudrais qu’il se ressaisisse, qu’il sache qu’il est d’abord citoyen avant d’être gouverneur et qu’il laisse le peuple s’exprimer. Nous voulons que Paul Biya écoute le peuple, qu’il comprenne leur désarroi et qu’il sache que les populations sont à 99% contre cette modification. Faï Yengo Francis ne nous empêchera pas d’envoyer ce message au président. Nous savons que c’est un gouverneur qui s’est déjà illustré par ses méthodes brutales. Mais le Littoral c’est le Littoral.

Source: Quotidien Mutations




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