A partir de ce matin, vendredi 11 janvier 2008, la ville de Yaoundé devrait enfin pouvoir être normalement approvisionnée en ciment. Face à l'importante déficience de ce produit observée dans la capitale depuis plus d'une semaine, le ministre du Commerce a, en effet, effectué une visite expresse au siège des Cimenteries du Cameroun (Cimencam) à Douala hier, jeudi 10 janvier 2008. Pour Luc Magloire Mbarga Atangana, il était question de trouver une solution rapide à ce qu'il a considéré comme une "crise". Pendant près de deux heures de discussions avec le staff dirigeant de Cimencam, le ministre s'est ainsi voulu concret : "Comment procéder pour mettre un terme à la rupture d'approvisionnement en ciment que vit Yaoundé ?", a-t-il lancé en direction de Jean-Pierre Le Boulicaut, directeur général de Cimencam.
Au terme d'une séance de ping-pong avec son visiteur, le principal responsable de la société productrice de ciment a tenu à démontrer que la pénurie actuelle n'est pas le fait de Cimencam, qui "joue correctement son rôle" ; mais plutôt celui des gros distributeurs de ciment, qui, semble-t-il, auraient trouvé meilleur marché dans certains pays voisins du Cameroun comme la Guinée Equatoriale, où une tonne de ciment coûte jusqu'à 25.000 Fcfa plus cher qu'à Douala ! Jean-Pierre Le Boulicaut a également reconnu que la société qu'il dirige n'a pas la logistique nécessaire, en terme de camions, pour assurer une meilleure distribution de ciment à travers le pays.
Quelques propositions concrètes sont néanmoins sorties des débats. Pour s'assurer de l'acheminement sans détour des stocks vers Yaoundé, des convois seront organisés dès ce vendredi, 11 janvier 2008, entre les deux capitales du Cameroun. Le plan d'expédition prévoit des chargements représentant environ 1.500 tonnes par jour, pendant une semaine au moins, afin de compenser le gap. Les services du gouverneur et les responsables du ministère du Commerce pour le Littoral, ont été requis pour la surveillance des stocks le long de l'axe routier Douala - Yaoundé.
Importations
Hier déjà, jeudi 10 janvier 2008, 17 camions de 30 tonnes chacun ont quitté les berges du Wouri pour Yaoundé. Les responsables de Cimencam sont par ailleurs en pourparlers avec ceux de Camrail. Il est question que ces derniers accordent une plate-forme pouvant contenir entre 700 et 800 tonnes de ciment par jour dans les wagons marchandises en direction de Yaoundé. Les discussions sur un tarif préférentiel sont en cours…
L'augmentation des volumes d'approvisionnement de la capitale (plus de 200 tonnes environ) pourrait cependant provoquer une pénurie tout aussi importante dans l'arrière-pays. Sans compter la spéculation des prix qui va avec. Certains revendeurs, dit-on, cèdent à 6.000 Fcfa le sac de 50 Kg, au lieu de 4. 960 Fcfa officiellement. De ce point de vue, on aurait donc simplement "déshabillé Paul pour habiller Pierre". D'où le débat sur l'importation du ciment, qui a été remis sur la table par le ministre du Commerce et même par le Dg de Cimencam. Contrairement à une opinion répandue, Cimencam encourage en effet la concurrence dans son secteur, a affirmé Jean-Pierre Le Boulicaut.
La demande annuelle de ciment se chiffre, a-t-on appris, à quelque 1,4 million de tonnes. Lequel besoin Cimencam éprouve de sérieuses difficultés à satisfaire, en attendant le renforcement de sa production annoncée dans les mois à venir. Avec l'importance des travaux en cours ou annoncés dans le secteur des Btp au Cameroun, cette demande est d'ailleurs appelée à croître. Mais, malgré les assurances gouvernementales relatives aux taxes additionnelles, les opérateurs privés locaux hésitent toujours à se lancer dans le business de l'importation du ciment. Luc Magloire Mbarga Atangana promet de les y motiver à nouveau.
Source : Quotidien Mutations
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