Dans un continent qui se contente seulement d’importer les matières premières sans les transformer localement, est-il permis d’inscrire l’industrie au rang des priorités ? Elisabeth Tankeu, candidate camerounaise à un second mandat de commissaire de l’Union africaine (Ua) au commerce et à l’industrie pense qu’il faut concilier ou du moins proportionner les ressources du continent à la production industrielle. Pour s’imposer sur le plan international. “ Si je suis élue, je m’attellerai à amener les pays africains à jeter les bases de leur développement industriel ”, a-t-elle affirmé lundi 07 janvier 2008 lors de la conférence de presse de présentation de sa candidature à Yaoundé. Pour elle, il faut rompre avec les vieilles habitudes. Car, “ l’Afrique, pendant longtemps, est restée dans l’économie de traite, dans l’économie de rente ”, et “ les termes de l’échanges se détériorent. Et c’est toujours en défaveur de notre continent ”.
La commissaire sortante et postulante entend travailler en étroite collaboration avec les Etats membres de l’UA, les communautés économiques régionales, les institutions régionales africaines, les agences du système des Nations unies. Elle place son action sous le signe le renforcement du processus d’intégration régionale pour la promotion du marché commun africain ; l’élaboration des stratégies d’industrialisation de l’Afrique ; la protection du continent de l’érosion des matières premières par la finalisation de la mise en place de la bourse panafricaine des matières premières ; l’élaboration du code minier africain ; l’harmonisation du droit des affaires en Afrique pour attirer plus d’investissements directs étrangers ; la défense des intérêts africains dans le cycle des négociations commerciales en cours avec l’Organisation mondiale du commerce…
Bilan
Elisabeth Tankeu résume son action à la Commission de l’Ua au commerce et à l’industrie en trois points. Primo : le renforcement de l’intégration commerciale de l’Afrique. A son actif, l’organisation des conférences des ministres du Commerce pour renforcer la libéralisation des échanges commerciaux ; la création d’un réseau des directeurs généraux des douanes ; la contribution à la réflexion sur l’harmonisation du droit des affaires en Afrique ; la création d’une chambre de commerce africaine ; la consolidation d’un label africain pour la promotion des produits “ made ion Africa ”. Secundo : la consolidation de la compétitivité de l’Afrique au niveau mondial. Tertio : la mise en place des politiques et stratégies de diversification et de modernisation des structures de production industrielle africaine.
Les élections aux différents postes à l’Union africaine auront lieu à Addis Abeba lors des travaux de l’Assemblée générale de l’UA du 28 janvier au 02 février 2008. Le Cameroun a sept candidats sur les seize postes électifs à pourvoir.
Parcours impressionnant
Elisabeth Tankeu connaît bien la commission de l’Union africaine au Commerce et à l’industrie. Elle est commissaire depuis septembre 2003. Avant l’Ua, cette camerounaise qui a vu le jour le 29 février 1944 à Yabassi a gravi des échelons dans l’administration camerounaise. L’on se souvient que, de 1988 à 1990, elle a été ministre du Plan et de l’aménagement du territoire après avoir occupé diverses fonctions dans ce département ministériel entre 1973 et l’année de son entrée au gouvernement. C’est une habituée des milieux économiques. Son parcours académique l’y prédispose. Elle est titulaire d’une licence en économie obtenue en 1971 à Paris I. Avant cela, Elisabeth Tankeu a fait des études préparatoires à Hautes études commerciale (Hec) de Paris entre 1965 et 1967.
Toujours sur le plan professionnel, la candidate camerounaise a travaillé dans plusieurs institutions nationales et internationales : Pca du Bucrep de 2001 à 2005 ; gouverneur à la banque mondiale (1988-2000) ; présidente de la banque de développement des Etats de l’Afrique centrale… Elle a aussi flirté avec l’enseignement. Entre 1999 et 2002, Elisabeth Tankeu a été enseignante associée au programme de gestion des politiques économiques de l’Université de Yaoundé II. Elle a glané diverses distinctions honorifiques : chevalier de l’ordre de la valeur ; officier de l’ordre de la valeur ; commandeur de l’ordre de la valeur ; chevalier de l’ordre gabonais. Sur le plan familial, elle est mariée et mère de trois enfants.
Source: Le Messager
|