Berne pourrait étendre l'opération à d'autres pays du continent.
La campagne organisée au Cameroun s'est achevée cette semaine. Une autre a pris fin quelques mois plus tôt au Nigeria. Berne a financé ces deux projets à hauteur de 340 000 francs.
But affiché par l'Office fédéral des migrations (ODM): faire comprendre aux jeunes qu'ils nourrissent de faux espoirs en voulant partir pour la Suisse ou l'Europe où la réalité quotidienne d'un clandestin n'a souvent rien d'un eldorado.
La campagne, menée notamment au travers d'émissions radiophoniques, d'affiches mais aussi de réunions avec la population, a eu un «impact probant» au Cameroun, affirme l'Association pour la lutte contre l'émigration clandestine (ALEC).
«Les populations commencent à changer de mentalité face à l'immigration illégale». «Maintenant, elles acceptent de discuter ouvertement sur les dangers de la migration clandestine, sans que nous soyons perçus comme un 'empêcheur de gagne-pain'», se réjouit Emile Afana Bomba, président de l'ALEC, interrogé par l'ATS.
Les associations impliquées soulignent aussi que la campagne a poussé les autorités à davantage s'impliquer dans la lutte contre l'immigration clandestine.
«Le message est passé»
Pour Oscar Francis Eyezoo, président de «Welcomme back Cameroon», le message est passé. Les jeunes ont pris conscience, au fil des séances de sensibilisation dans les lycées et collèges, des dangers des départs illégaux et sans préparation vers «l'inconnu», ainsi que des conditions de vie difficile des immigrés en Europe.
Les séances dans les quartiers et villages ont révélé que les départs vers l'Europe des jeunes chômeurs étaient «financés et encouragés» par les familles. Celles-ci unissent leurs forces pour investir dans ces départs, dans l'espoir de se sortir de la misère et de la pauvreté, souligne M. Eyezoo.
Selon le responsable, le nombre d'appels que «nous recevions après une émission radio ou télé démontre l'importance qu'attachent les parents au problème de l'émigration des jeunes vers l'Europe, évoquant, entre autres, les violences policières lors des expulsions, le manque d'infrastructures d'accueil et d'accompagnement des expulsés».
Evaluation au début 2008
Au Nigeria aussi, les médias, les associations et organisations de la société civile, des artistes locaux, ainsi que les municipalités et des structures de l'Etat ont été les partenaires de la campagne. L'action y a eu lieu entre le 15 juillet 2006 et le 22 mars 2007.
«Le message était: il faut obtenir les documents nécessaires à l'immigration avant de partir», indique Tommaso de Cataldo, chef de la mission locale de l'Organisation internationale des migrations (OIM), et partenaire de la Suisse dans cette opération. Le responsable note que la campagne a provoqué une «prise de conscience» de la part des autorités sur la question. «C'est un acquis important», affirme-t-il.
La Suisse fera une évaluation au début de 2008 de ces opérations, explique Brigitte Hauser-Süess, porte-parole de l'ODM.
Berne n'exclut pas de participer à des campagnes similaires dans d'autres pays en Afrique centrale et de l'ouest. L'ODM cite la République démocratique du Congo (RDC), où il pourrait prendre part à un programme planifié par l'Union européenne.
Source: 20min.ch
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