Etoudi fait profil bas
Selon des témoignages recueillis par téléphone aussi bien auprès des victimes que des diplomates camerounais en poste à Bata et à Malabo, près de 2 000 Camerounais seraient dans cette situation. Leurs maisons et commerces sont pillés et saccagés. Les plus chanceux bénéficieraient néanmoins de la protection et de la générosité de quelques rares Equato-guinéens qui ne comprennent rien de l’hystérie de leurs compatriotes.
La deuxième en 33 mois jour pour jour après une traque similaire déclenchée le 6 mars 2004.
En mars 2004 justement, les autorités de Malabo avaient prétexté avoir déjoué un coup d’Etat dont certains éléments de préparation se seraient déroulés en terre camerounaise. Cette fois-ci, c’est deux braquages dans les guichets de la Société générale de Banques et de la Ccei Bank qui seraient à l’origine de la colère des Equato-guinéens. Pour ces derniers, seuls les Camerounais seraient capables des coups fumants de ce genre.
Les braqueurs, selon plusieurs sources, seraient venus par l’océan armés de Fal (fusils automatiques légers) et à bord des embarcations rapides grâce auxquelles ils ont échappé aux hélicoptères qui leur ont fait la chasse.
Jusqu’à ce jour, les autorités équato-guinéennes n’arrivent à donner aucune information fiable sur les circonstances du raid opéré par les flibustiers. Curieusement, ils ont vite fait de mettre le grappin sur les Camerounais. Pourtant, ce pays compte parmi ses immigrés non seulement des Camerounais mais aussi des Nigérians, des Ghanéens, des Maliens et bien d’autres nationalités. Mais chaque fois qu’une chasse aux étrangers est décidée à Malabo, les Camerounais paient la note la plus salée.
Les 600 Camerounais expulsés en mars 2004 faisaient “officiellement” partie des étrangers en situation illégale dans un pays de la Cemac. Curieusement. Seulement, nombreux étaient les rapatriés camerounais porteurs d’une carte de séjour en cours de validité dans ce pays “ voisin et frère ”. Ils y exerçaient des activités régulières, participant de ce fait à l’essor de ce nouvel eldorado d’Afrique centrale. Force est de retenir qu’à tous les coups, même en présentant leurs cartes de séjour, les Camerounais n’échappent pas pour autant à la folie et la vindicte populaires des “ frères ” équato-guinéens qui les dépouillent de leurs biens, mettent à sac leurs boutiques, les malmènent, les torturent, leur infligent les pires humiliations avant de les renvoyer sans ménagement vers leur pays pauvre et très endetté.
Diplomatie et hospitalité bafouées
En mars 2004, les forces de sécurité équato-guinéennes allaient jusqu’à extraire ceux des Camerounais qui croyaient se mettre à l’abri de cette barbarie nationale à l’ambassade du Cameroun. C’était le cas du jeune footballeur Ngompe Tapoco Fabien capturé le 6 mars à l’ambassade du Cameroun à Malabo.
Si les autorités camerounaises respectent à la lettre les usages diplomatiques, à Malabo, on s’en t… le d… Même la légendaire hospitalité africaine est mise à rude épreuve au pays de Obiang Nguema Mbazogo. Lui-même et ses compatriotes sont si ivres de leur pétrole qu’ils sombrent dans l’hystérie à la moindre incartade entre un Equato-guinéene et un Camerounais.
Il y a encore quelques années, une altercation entre une Camerounaise et une Equato-guinéenne a déclenché les foudres des compatriotes de cette dernière contre les Camerounais. Cette fois-ci, deux versions circulent. Outre celle du braquage, une autre version véhicule le décès de l’épouse d’un ministre d’Obiang Nguéma qui aurait trouvé la mort dans le lit d’un Camerounais à la suite d’une overdose de plaisir.
Quel que serait le motif, rien ne justifie ces autres violences dont les Camerounais sont massivement victimes de la part des Equato-guinéens. La réalité de cette succession de violence, c’est que les Equato-guinéens développement à la fois un complexe d’infériorité et de supériorité vis-à-vis des Camerounais. Si la manne pétrolière n’était pas venue il y a une quinzaine d’années seulement enivrer ces gens-là, rien d’autre, en dehors de l’emplacement dans une même aire géographique ne rapprocherait les citoyens des deux pays.
Malgré le boom pétrolier, le gouvernement équato-guinéen a du mal à trouver les solutions aux problèmes sociaux de ses citoyens, notamment le chômage des jeunes. Dans un discours tenu le 2 mars 2004 au stade omnisports de Malabo, le président Obiang Nguema a demandé aux jeunes de son pays de l’aider le moment venu à chasser ces étrangers qui les empêchent de jouir de leurs richesses.
Vite une solution diplomatique durable
Ce message était une réponse à la pétition des jeunes qui s’interrogeaient sur les opportunités d’emploi que le président leur avait promis avant les élections. C’est dire que si les jeunes Equato-guinéens n’arrivent pas à trouver du travail, c’est à cause des étrangers, notamment les très entreprenants et intrépides Camerounais chassés eux-mêmes de leur propre pays parce que c’est aussi “ dur !” là-bas.
Les Nigérians qui ne sont pas moins nombreux dans ce pays sont moins ciblés par la sauvagerie équato-guinéenne parce que Abuja est toujours prêt à dépêcher des avions militaires quand sous l’ivresse du pétrole, ces débordements hystériques effleurent seulement quelques Nigérians.
Voilà bientôt six jours que les Camerounais sont menacés à Bata et à Mongomo et que le gouvernement camerounais fait profil bas. Il est grand temps que les autorités des deux pays trouvent une solution diplomatique durable à ce voisinage que les Equato-guinéens rendent de plus en plus sulfureux. La réaction des étudiants camerounais de Buea jeudi dernier à l’encontre de leurs camarades équato-guinéens n’est pas à encourager. Elle est néanmoins un signal à ne pas négliger.
Source: Le Messager
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