Il y avait, pour donner la primeur aux journalistes, Elisabeth Medoung, directrice administrative et financière de Orange Cameroun, et Clément Tayo, le nouveau patron du marketing au sein de l’entreprise. Un tandem un peu inhabituel pour ce type d’annonce Le lieu même de cette annonce était quelque peu inhabituel pour les journalistes : une salle du deuxième étage de l’immeuble siège de l’entreprise à Akwa - Douala. C’était jeudi dernier. Orange Cameroun informait ainsi, pour ce lundi 17 mai 2004, du lancement d’une nouvelle formule de tarification de ses prestations. Il s’agit de la facturation des communications téléphoniques à la seconde (à l’international comme en interne). C’est-à-dire la possibilité pour le consommateur de payer exactement pour le volume de ses communications. Une espèce de révolution en somme.
Attendue depuis le passage de Mobilis à Orange, la facturation à la seconde concerne, pour les débuts, les "clients abonnés" de Orange Cameroun. Ce sont des personnes ayant souscrit un abonnement du type " Orange 5 " ou " Orange 20 ". Ou encore des clients " Corporate ", c’est-à-dire des entreprises bénéficiant d’une flotte d’entreprise (à l’exclusion du Joker entreprise). En un mot, la révolution annoncée devrait d’abord profiter, pour ainsi dire, aux abonnés dont les communications sont facturées (à la différence des clients pre-paid), lesquels constituent moins de 5% de l’ensemble du portefeuille clients de l’entreprise. Précision importante des acteurs du point de presse : il est désormais possible aux clients concernés de solliciter la facturation à la seconde ou de conserver les systèmes de facturation en vigueur depuis (" classique" ou "happy hours ").
L’importance de cette indication est apparue avec la publication des tarifs de communication pour la nouvelle formule de facturation. Alors que le profane pensait que le prix de la seconde de communication devrait "logiquement " découler de la division du prix actuel de la minute par 60 (une minute étant égale à 60 secondes), le nouveau plan tarifaire présenté aux journalistes laisse apparaître un relèvement substantiel du coût de la minute de communication avec la nouvelle formule. Ces prix sont de 4,41, 3,32 et 2,07 F Cfa pour la seconde d’appel téléphonique (pour les communications nationales) respectivement pour les abonnés " Orange 5 ", " Orange 20 " et " Orange corporate ". Soit, après calcul, 264,6, 199,2 et 124,2 F Cfa pour soixante secondes de communication. Une augmentation de 25% environ, si l’on se réfère au prix de la minute d’appel sur Orange corporate qui est de 100 F Cfa (Ht) selon le tarif en vigueur depuis.
Plus cher
Cette augmentation du prix ne constitue pas un obstacle pour l’ensemble des abonnés de l’entreprise. En fonction de leurs habitudes d’appel, certains pourraient y trouver leur compte. C’est le cas des spécialistes des coups de fil relativement courts. Trente secondes d’appel téléphonique ne coûteront jamais, pour ceux-là, le prix de la minute de communication. Encore que la formule " Chrono " offre la possibilité de passer un coup de fil de trois secondes, si l’on veut. Un tel coup de fil pourrait être plus avantageux qu’un Sms.
Pour les responsables de Orange Cameroun, ce qui ressemble à une augmentation tarifaire avec la formule de la facturation à la seconde (appelée ici Chrono) est logique. Lorsqu’un client essaye de passer un coup de fil, explique Mme Medoung, son compteur personnel ne se met en marche qu’au moment où son correspondant décroche. Pourtant, selon la Daf, il y a tout un ensemble d’équipements qui se mettent en marche dès le début de l’opération pour localiser le correspondant et assurer la connexion entre les deux. Cette mobilisation a un coût. C’est ce coût qui fait, explique-t-on, que pour les formules de tarification anciennes, la première minute de communication était " indivisible ".
Toute communication dont la durée n’excède pas les 60 premières secondes était payée au tarif de la minute. Pour la suite des communications, la facturation se fait par tranches de 20 secondes.
A quand donc le tour des clients Joker pour la facturation à la seconde? Les responsables d’Orange Cameroun ont refusé de " donner une date précise " en déclarant que cela se fera " incessamment ". Ils arguent que la révolution exige l’acquisition de nouveaux équipements de même que des paramétrages techniques nouveaux confiés à des fournisseurs sur lesquels ils ne peuvent se prononcer. Mais, rassurent-ils, la phase actuelle, qui se limite aux clients abonnés, doit être considérée comme une phase expérimentale. Tous les problèmes observés au cours de cette phase devraient trouver des solutions avant que la formule Chrono ne s’étende aux clients Joker. Une chose est sûre : le concurrent est aux aguets, lui qui a depuis lancé une campagne publicitaire sur des affiches où l’on ne voit pour l’instant que des images laissant suggérer un chronomètre...
Par Christophe Bobiokono, Quotidien Mutations
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