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Des bonbons et biscuits sans origine fixe
(23/11/2007)
Les produits de la contrebande gangrène les marchés de l’Ouest Cameroun.
Par Azap Ndongo

“ Ce sont de bons bonbons ; ils sont importés ”, laisse entendre, en se pourléchant, Géraldine. “ Ils ont un bon arôme ”, réplique Modeste. Sur l’étiquette du produit, on ne peut lire distinctement les indications relatives à ses dates de fabrication et péremption, encore moins à son pays d’origine. Et pourtant, ils ont pignon sur rue dans les marchés locaux.

L’origine de ces produits de marques et couleurs diverses et variées est même ignorée des commerçants. Des inscriptions portées sur les emballages sont parfois rédigées en des langues totalement méconnues des consommateurs. Par ailleurs, l’on peut identifier quelques noms des pays sur l’étiquette : Brésil, Argentine, Turquie, Arabie Saoudite, côte d’Ivoire, Emirats arabes Unis, Nigeria.
Des bonbons et biscuits d’origine étrangère sont pourtant très prisés par des hommes, femmes et enfants.

“ Ces bonbons et biscuits coûtent moins cher. C’est pourquoi, j’en achète régulièrement pour mes enfants ”, déclare Hortense Kuengou. A longueur de journée, de nombreux enfants essaiment la principale artère du centre ville de Bafoussam avec des plateaux ou cartons de biscuits et bonbons “ étrangers ”. Ils les proposent aux piétons et aux occupants des voitures qui s’arrêtent aux points de racolage. Certains vendeurs ont fait de la gare routière (B) et de la station-service leur sanctuaire. Ils en vendent bon marché.

A quelques rares exceptions près, tous les produits “ étrangers ” proviennent de la contrebande. “ Ils coûtent moins cher par rapport aux produits locaux parce qu’ils entrent frauduleusement au Cameroun ”, soutiennent des commerçants. “ Ces produits proposés à des prix bas cassent et déstabilisent les produits nationaux qui paient les taxes et différents frais. Cette concurrence déloyale en plus de grignoter les parts de marché des entreprises nationales, ne permet pas de comparer les prix et de voir si l’offre vaut la peine ”, se plaint-on du côté de certaines responsables à la délégation provinciale du commerce.

Ils proposent aux producteurs locaux de reconquérir quelques parts de marché tout en maintenant la qualité des produits sur le marché, et en les adaptant aux nouvelles demandes par rapport aux changements de comportement des populations.
Cette invasion vient néanmoins interroger la capacité de l’industrie locale de la biscuiterie et de la confiserie en général à satisfaire la demande tant quantitative que qualitative d’un marché national en pleine expansion.

Une qualité douteuse

La qualité des biscuits et bonbons “ étrangers ” déversés sur les marchés de l’Ouest Cameroun divise les consommateurs. Si pour Madame Kuengou les produits importés sont de bonne qualité, pour Francette, il y a du bon et du mauvais. Avec la déréglementation des marchés et la perméabilité des frontières conjuguées à l’inefficacité des contrôles et à l’environnement propre au Cameroun, il est difficile, en l’état actuel, de juger la qualité de ces produits. Certaines sources estiment que ces biscuits et bonbons sont fabriqués selon les normes en vigueur dans leurs pays d’origine et correspondent aux habitudes alimentaires de leurs populations respectives.

Pour d’autres, ces produits ne sont pas “ tropicalisés ”. Il y a donc comme une inadéquation produit/habitude alimentaire. D’autres facteurs peuvent aussi faciliter la dépréciation de ces produits “ importés ”. Ils mettent généralement 30 à 45 jours entre les pays de production et le port de Douala. “ Il faut encore s’interroger sur les conditions dans lesquelles ils sont transportés et conservés de ces pays étrangers jusqu’au Cameroun ”, se plaint un diététicien. Il fait observer qu’ “ avec le temps d’entreposage, de stockage chez le distributeur ou l’importateur, il y a lieu de s’interroger sérieusement sur la qualité de ces produits. ” “ Et même, conclut-il, les conditions de conservation et de commercialisation du petit détaillant dans la rue ou au quartier n’offrent pas toujours les garanties nécessaires en la matière. ”

La faillite de l’Etat

La réglementation en matière de contrôle des produits alimentaires est quelque peu légère au Cameroun. Il n’existe spécifiquement pas de loi qui régisse cette activité. On essaie de se débrouiller avec la loi du 5 août 1996 relative à la normalisation et dont les décrets d’application sont toujours attendus. Il faut aussi souligner l’insuffisance des comités et du personnel chargés du contrôle de la qualité sur toute l’étendue du territoire.

En sus, il y a la porosité des frontières du Cameroun et la corruption ambiante qui favorisent la contrebande. Face à cette faillite de l’Etat, les producteurs européens et asiatiques exportent vers le Cameroun et vers d’autres pays africains, assurément, des produits qui, en principe, n’auraient jamais dû sortir de leurs pays d’origine. Les importateurs jouent sur la naïveté des consommateurs et réalisent de juteux bénéfices.

Par ailleurs, les secteurs de biscuiterie, confiserie et boulangerie sont abandonnés entre des mains inexpertes au Cameroun. Comme d’ailleurs d’autres secteurs de production des biens de consommation. Selon un agent de la délégation provinciale du Commerce pour l’Ouest à Bafoussam qui a requis l’anonymat, “ certains pays notamment d’Asie délivrent de manière fantaisiste des normes internationales de qualité Iso. Dans des pays comme l’Arabie Saoudite et Bangladesh, des organismes accordent des normes Iso après trente jours d’audit seulement alors que le minimum de temps requis est de 3 ans. ”

L’invasion des bonbons et biscuits ainsi que d’autres produits “ étrangers ” au Cameroun se fait décrier au moment où le débat sur les Accords de partenariat économique (Ape) entre les pays de l’Union européenne et de l’Afrique, bat son plein. Cette invasion montre déjà à quel point les produits locaux sont menacés par les produits étrangers, une fois les barrières douanières seront tombées.


Source: Le Messager


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