Il aura fallu un détachement spécial des forces de gendarmerie et de police venu de Yaoundé pour mettre fin au mouvement d’humeur. A l’origine de la manifestation, deux braquages survenus dans le chef-lieu du département de la Mefou-et-Afamba le week-end dernier et qui ont fait deux morts, dont un moto taximan et deux blessés graves parmi les agresseurs.
Selon des témoignages recueillis sur place, tout serait parti samedi soir dans les cours de 22h, lorsqu’un moto taximan de la ville est sollicité par un client pour un dépôt au village Mekomba, situé à 3km sur la route de Dieng.
Arrivé à destination, le pauvre pilote fait face à des menaces de la part de son client et de deux inconnus qui surgissent subitement de la forêt. Sa moto lui est enlevée. A l’aide de son téléphone portable, il parvient quand même à alerter les autres motos-taxis qui se rendent aussitôt sur les lieux.
Au lieu d’une fouille, ils vont monter tout simplement une garde jusqu’à ce que les agresseurs sortent de leur cachette dans les cours de 3h du matin et tombent dans leur filet. A 4h le dimanche dernier, les populations de Mfou sont réveillées de leur sommeil par des klaxons de motos qui se dirigent au lieu dit Camp Nkomo où les trois malfrats seront lynchés nus jusqu’à 6h, heure à laquelle les éléments de la compagnie de gendarmerie de la Mefou-et-Afamba vont faire leur apparition. Les images filmées à l’aide d’un téléphone portable par un habitant de Mfou révèlent un traitement atroce : trois individus déshabillés, avec des visages tuméfiés gisant dans une mare de sang.
Laxisme
A l’hôpital de Mfou où ils sont conduits à 7h par des éléments de la gendarmerie, ils saignent abondamment. Chacun d’eux ayant été amputé d’un talon d’Achille au cours de leur bastonnade. Malheureusement pour eux, l’hôpital de Mfou ne dispose pas d’une banque de sang. Même jusque-là, les populations veulent en finir une fois pour toutes avec ces visiteurs d’un autre genre. Au point d’aller leur arracher les perfusions.
Précipitant l’un d’eux à la mort. Pour des raisons médicales et sécuritaires, les deux autres survivants sont évacués à Yaoundé. Surtout que les familles des victimes informées par les autorités de la ville ont tenté d’aller récupérer les leurs malgré les manifestations des populations. Comme pour se venger, dimanche en soirée, des jeunes gens venus de Yaoundé à bord d’une Corolla de couleur jaune, sollicitent les services de Hamidou Babadi, un taximan d’une vingtaine d’années pour une course à Cradat, non loin de l’évêché de Mfou. En cours de chemin, il est poignardé par ses clients et succombera quelque après à ses blessures. Puis, aussi tôt inhumé à la pure tradition musulmane.
Ses bourreaux, après leur forfait, vont laisser à l’endroit de qui veut l’entendre qu’ils reviendront "frapper plus dur que ça". Que ce soit à la brigade de gendarmerie ou à l’hôpital de Mfou, aucun responsable n’a jugé important de dévoiler l’identité de l’un des rois malfrats.
Dans la localité de Mfou, les agressions contre les motos-taximen sont devenues monnaie courante. Des inconnus écument de temps en temps les lieux dans l’optique d’aller voler des motos. Comme tactique, ils proposent généralement au conducteur un montant un peu plus élevé que le prix pratiqué dans le coin pour un dépôt dans les zones reculées où se cachent leurs comparses. A destination, le pilote est dépouillé, à l’aide d’un couteau ou d’une arme, de son bien.
Et si le phénomène a pris de l’ampleur ces temps derniers dans cette localité, c’est que Mfou, chef-lieu de département avec plus de 50.000 habitants, ne dispose pas d’un commissariat de sécurité publique. Tout comme sa légion de gendarmerie ne dispose pas d’une dizaine d’éléments. Et c’est pour exprimer ce mécontentement que les populations ont manifesté.
Source: Quotidien Mutations
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