L’indication la plus attendue de la visite quasi officielle que va faire Paul Biya à Paris du 23 au 25 octobre prochain va être la constitution et la publication de la délégation officielle qui l’accompagnera. En rapport avec les batailles de positionnement qui font rage au sein de l’appareil dans la perspective de 2011 (telles que relayées par l’hebdomadaire Repères dans son édition parue hier, mercredi 10 octobre), les personnalités choisies pour accompagner le chef de l’Etat à Paris permettront sans doute à l’opinion de se rendre compte de ce que Paul Biya a déjà tracé les balises autour de lui. Notamment en ce qui concerne la partie de sa visite liée à son audience avec le président français Nicolas Sarkozy.
Les questions liées à l’organisation de l’alternance seront effectivement au centre des échanges, le nouveau président français ayant clairement indiqué qu’il souhait la limitation des mandats pour tout le monde, y compris les chefs d’Etat africains. Ne s’est-il pas étonné devant des proches qu’il entendait déjà le nom de Omar Bongo comme président de la République pendant qu’il était encore au lycée et que, à son accession à la tête de l’Etat français, il se rendait compte que le même Bongo était toujours président du Gabon. Il est vrai que pour Paul Biya, cela ne guère que 25 ans…
Mais ce n’est pas le seul sujet qui risque de créer un dialogue de sourds. Il y a aussi celui de l’immigration (vue du côté de la France) et pour laquelle le gouvernement français prend chaque jour des mesures plus drastiques, de plus en plus polémiques aussi. Là encore, Nicolas Sarkozy a fait savoir, notamment lors de son récent séjour à Dakar au Sénégalais, qu’il fallait trouver des moyens en interne pour stopper cette fuite de cerveaux et de muscles.
Communication spéciale
Or, selon les autorités françaises, le Cameroun fait partie de la liste des pays qui ne coopère pas assez au dispositif de filtrage et de contrôle mis en place par les français. Tout comme il fait partie des pays où l’on fabrique le plus grand nombre de faux documents pour obtenir des visas d’entrée dans l’espace Schengen. Paul Biya devra donc donner des gages au président français sur le sujet. Comme sur une autre préoccupation, celle liée à l’insécurité toujours grandissante au Cameroun, et dont a fait les frais il y a sept mois une citoyenne française, Laurence Vergne, sans que, à ce jour, ses bourreaux aient été retrouvés. Manque de pot, les diplomates étrangers ont été la cible des malfrats ces dernières semaines, alors même que la police camerounaise disait mettre sur pied un dispositif de sécurité plus dissuasif. Le tête à tête entre les deux chefs d’Etat, prévu mardi le 23 octobre, ne manquera donc pas de piquant et pourrait bien déterminer la suite de plusieurs événements (à caractère politique ou nom) au Cameroun.
Il faut simplement espérer que la prestation du président Biya le lendemain (mercredi le 24) à la Conférence générale de l’Unesco ne dépendra pas de la qualité des entretiens avec Nicolas Sarkozy. Parce que, à l’Unesco, ce sera une grande première pour le chef de l’Etat camerounais qui, à travers sa communication, donnera à la fois la vision camerounaise de l’Unesco ainsi que la position du Cameroun sur les principaux sujets de l’heure en rapport avec les secteurs dont s’occupe cette institution internationale. Sur ce deuxième aspect de la visite de Paul Biya à Paris, les données semblent plus claires et les préparatifs se sont accélérés ces derniers jours dans les différents ministères concernés. Il s’agit, notamment, du ministère de l’Education de base dont le chef de département, Mme Haman Adama, est la présidente de la Commission nationale de l’Unesco et sera, à ce titre, chef de la délégation qui s’envole en principe pour Paris dimanche prochain. Elle devrait être accompagnée des ministres en charge de la Culture, Ama Tutu Muna et de la Communication, Jean Pierre Biyiti bi Essam. D’autres ministères impliqués aussi préparent leurs dossiers : c’est le cas des ministères des Enseignements secondaires, de l’Enseignement supérieur, de la Jeunesse, des Sports et de l’Education physique, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, et de la Recherche scientifique et de l’Innovation.
Source Quotidien Mutations
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