Le président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie, instigateur des manifestations contre Aes Sonel apprécie le changement survenu à la tête de Aes Sonel
Quelle lecture faites vous de la nomination d’un nouveau directeur général camerounais de surcroît à la tête de Aes Sonel ?
Lorsque nous avons engagé la campagne pour la dénonciation de la concession accordée par l’Etat camerounais à Aes, nous disions que Aes Sonel n’a pas les compétences managériales et techniques pour gérer la Sonel. C’était d’autant plus vrai que quelques mois plus tard, Aes Sonel était obligé de prendre comme consultant Marcel Niat Njifendji, l’ancien directeur général de la Sonel, ce qui voulait dire que la mise à l’écart des cadres camerounais par les dirigeants américains était l’une des raisons qui ne pouvait pas permettre aux Américains de gérer notre compagnie d’électricité. Encore que l’expérience de ces Américains était encore à prouver. Donc, le rappel des cadres camerounais pour gérer la Sonel est une bonne chose dans la mesure où ces cadres vont travailler dans un environnement qui est le leur. Mais cette mesure tend aussi beaucoup plus à calmer les esprits des consommateurs camerounais qui peuvent penser que l’arrivée des cadres nationaux à la tête de cette société va résoudre le problème des délestages au Cameroun. Erreur, le problème reste entier. Il s’agit de la politique américaine qui privilégie le rapatriement des gains au détriment de l’investissement
Le Pca, le Dg, le Dga et pratiquement tous les cadres de Aes Sonel sont camerounais.
Est-ce une victoire pour le Manidem qui n’a cessé de scander “ Yankees Go Home ” ?
Nous n’avons rien contre les Américains. Le slogan était “ Aes go home” . Nous nous adressions à une société américaine qui avait pris la cession de la Sonel dans le but unique de s’approprier les richesses du pays. Donc, le fait qu’ils reviennent à de meilleurs sentiments en nommant des cadres camerounais montre bien que nous avions raison. Même les employés de Aes Sonel s’étaient mobilisés pour dénoncer le caractère arrogant et raciste des Américains. C’est aussi une victoire pour ces milliers d’employés qui se sont battus pour que leurs compétences soient reconnues. C’est une victoire de la mobilisation générale et celle de notre parti qui a compris que les intérêts supérieurs du Kamerun étaient menacés.
Peut on penser que l’arrivée d’une nouvelle équipe dirigeante à la tête de Aes Sonel va résoudre le problème de la crise énergétique dont souffre le Cameroun depuis quelques années ?
Nous sommes persuadés que les problèmes de fond ne seront pas résolus. Ce n’est pas un problème d’individus à la tête de la Sonel. Nous nous sommes attaqués à la politique de cette société américaine qui accordait peu de respect pour les Camerounais, encore moins pour le développement du Cameroun dans la mesure ou la fourniture en pointillés de l’énergie a grevé d’un point la croissance économique du Cameroun. Sur le plan social, c’est une tragédie, les hôpitaux privés d’électricité, les incendies, la destruction des appareils électro-ménagers du fait des délestages. Les choses ne vont pas changer si on ne remet pas en cause la concession accordée à Aes, la politique de cette société américaine. La camerounisation des cadres n’est qu’une façon de voiler les vrais problèmes. Notre campagne visant à dénoncer cette concession va continuer, et nous allons l’accentuer d’autant plus que les faits nous donnent raison. L’arrivée d’un nouveau directeur ne va pas faire disparaître la prime fixe. Donc, nous allons continuer la mobilisation tant que cette société continuera à fouler aux pieds le cahier de charges contenu dans le contrat de concession
source:Lemessager, Léopold Chendjou
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