Pourtant, l’odeur du porc braisé ne chatouille pas encore les narines des quelques clients des bars et autres tournedos des environs. A un coin de la rue, seul Joseph Nguema s’active déjà à assaisonner la viande de porc pour la mettre à cuire dans le four à braise noirci par les années d’usage. De part et d’autre de son comptoir est écrit " 600 francs le morceau de porc " comme pour prévenir les clients qui avaient pris l’habitude de l’acheter à 500 francs Cfa.
" En fait, le prix du porc a haussé du fait de la peste qui a ravagé bon nombre de cette espèce et les conséquences se font ainsi ressentir au niveau de la commercialisation ", explique Nguema.
Les friands de la chair de porc ne semblent pas découragés par cet état de chose. En guise de petit déjeuner, Alain a tenu à déguster un morceau de porc chez Wilfried avant de se rendre à son lieu de travail .Mais il avoue néanmoins que les 100 francs Cfa supplémentaires ajoutés à son menu auraient pu contribuer à payer son transport jusqu’au bureau.
Si Alain ne lésine pas sur les moyens pour satisfaire son palais, certains clients, jadis fidèles, se font rares au quartier de la braise D’autres par contre ont tout juste réduit leur consommation. " Ceux qui passaient la commande de deux morceaux il y a quelques jours, en demandent un seul aujourd’hui ", confie Wilfried en souhaitant que la situation change au plus tôt. "Si le prix du porc braisé baisse sur le marché, nous baisserons également le prix des morceaux braisés" déclare-t-il dans un élan d’espoir, en servant à onze heures, son second client de la journée.
Wilfried ne semble pas particulièrement inquiet, car c’est en soirée que l’on note la plus grande affluence au quartier de la braise.
La grande partie des porcs vendus à Douala serait élevée à Dschang et Mbouda à l’Ouest Cameroun. Ces régions ayant subi une épidémie de peste, l’approvisionnement en porc devient difficile. Pour palier aux nombreuses dépenses liées à leur activité, entre autres, le loyer du point de vente, l’achat du bois, les condiments d’assaisonnement, les " braiseurs " de porc se sont concertés et depuis une semaine, les délices de la plus petite part s’offrent donc à 600 francs Cfa.
Non loin du point de vente de Joseph, Sylvain Nya ramène du marché central, des kilos de porc dans un grand récipient. " Je suis arrivé un peu tard aujourd’hui parce qu’il fallait trouver la viande de porc, qui se fait de plus en plus rare et chère ", confie-t-il sous un air résigné en regardant son voisin de gauche qui n’est autre que Wilfried Sonkeu. Ce dernier, comme pour compléter les propos de son confrère, souligne que " même avec l’argent en poche, trouver le porc relève du parcours du combattant ".
Source: Quotidien Mutations
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