Ayant choisi de se consacrer à la sensibilisation de la jeunesse camerounaise sur ce phénomène, ce mouvement créé par un groupe de jeunes conduit par Emile Bomba Afana, étudiant en sciences de gestion à l’Université de Yaoundé II, vient de réaliser, avec le concours d’un cabinet d’études, une enquête sur la question dans la capitale.
L’étude a circonscrit son champ exploratoire sur la tranche de jeunes âgés de 15 à 35 ans, dans les quartiers Bastos, Ntaba-Nlongkak, Biyem-Assi et Ngoa-Ekellé. La démarche consistait à cerner les contours de l’émigration clandestine à partir des questions telles que : qui sont les jeunes qui partent ? Pourquoi partent-ils ? Quelles stratégies de rétention peut-on proposer ? L’initiative entend s’étendre dans les autres villes du pays.
La restitution des résultats de cette enquête, soutenue par un documentaire, a fait l’objet mercredi dernier d’une conférence-débat à l’Institut des Relations internationales du Cameroun (IRIC), en présence du ministre des Sports et de l’Education physique, Augustin Edjoa, et de l’ambassadeur d’Italie, Antonio Bellavia. Face à un auditoire constitué d’élèves et d’étudiants, le directeur de l’IRIC, Narcisse Mouellé Kombi, a relevé le caractère novateur de l’opération, qui se distingue par " une analyse originale et une fiabilité avérée ".
" Un choix tragique ". C’est ainsi que, par une évocation des drames réguliers vécus aux larges des côtes de son pays, l’ambassadeur d’Italie a résumé l’aventure dans laquelle se lancent des jeunes, au risque de leur vie. " On est tous concernés ", a estimé le chanteur Ottou Marcellin, qui a interprété " L’énergie du désespoir ", une chanson composée sur place. De Joséphine Ndagnou, réalisatrice du film " Paris à tout prix ", l’on a entendu cet appel : " Pourquoi choisissons-nous de déserter notre continent pour aller investir les continents des autres ? Je suis choquée de voir que, malgré toutes ses richesses, l’Afrique est à la traîne. Je demande à nos dirigeants de nous aider à aimer notre continent ".
" Un arbre ne pousse pas en dehors de ses racines ", a prophétisé Jean Emmanuel Pondi, qui a remis en cause le contenu des études au Cameroun, qui " ne reflète pas vraiment notre savoir-faire, notre savoir-être africain ". " Nous avons conscience, dira le ministre des Sports et de l’Education physique, que notre jeunesse a beaucoup de problèmes et que nous avons le devoir de les résoudre, si nous voulons éviter les dérapages que l’on connaît ".
Source: Cameroon Tribune
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