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Bastos, nouveau "carrefour de la joie"
(31/07/2007)
La prolifération de rôtisseries, bars et autres cafés attire du monde, apportant au grand quartier résidentiel, une image sulfureuse qu’il n’a pas toujours eue.
Par Cameroon Tribune

19h30mn. Une heure déjà, que la pénombre est tombée sur la grande voie de la nouvelle route Bastos. De nombreux véhicules engagés sur cette route qui va de la sous-préfecture de Tsinga jusqu’à l’Agence Air France, quittent presque tous la route principale pour emprunter la bretelle légèrement escarpée qui débouche au très populaire carrefour Bastos. La transformation est radicale. Au fur et à mesure qu’on approche du carrefour, aux îlots de pénombre succèdent des tronçons lumineux de plus en plus marqués. L’animation aussi va grandissante.

Au point même de déboucher sur des embouteillages, plutôt inhabituels dans ce quartier chic de la ville. Il faut dire que le visage du carrefour aussi a bien changé depuis. Stylé, " soft ", sobre, le coin de plaisance des VIP de la capitale n’a aujourd’hui rien à envier aux carrefours de joies populaires voire populeux, que sont le carrefour Eldorado au quartier Mvog-Ada, ou encore " Maison blanche ". Transformations particulièrement visibles sur l’axe allant vers l’Ecole publique bilingue de Bastor.

Là, entre les nouveaux bars, les restaurants, et surtout les rôtisseries qui ont poussé comme des truffes, le trafic est devenu très difficile en ce début de soirée. Les places étant difficiles dans ce nouveau royaume du poulet, même les " grosses cylindrées " versent dans l’incivisme. Les parkings n’étant pas les espaces les mieux partagés, chaque véhicule se gare la où il peut, faisant fi de la circulation qui ne cesse de se compliquer derrière.

Plus loin, en allant vers les restaurants chinois, en plein carrefour même, on peut apercevoir trois jeunes garçons actifs, proposant à leur clientèle des sandwichs, " Shawarma ", et du porc grillé. Le tout dans une atmosphère bien arrosée par les groupes de jeunes garçons qui ne cessent de se former dans les troquets et rendent hommage à Bacchus, parfois de manière très bruyante. Look Jean’s — Baggie- Destroy, ces jeunes fêtards complètent un tableau vestimentaire déjà bien enlevé par de jeunes filles particulièrement habillées à l’économie.

Pour que l’ambiance monte, le diktat de la mini-jupe et du Dvd (dos et ventre dehors) comme on dit dans le milieu, s’est imposé de lui-même. On approche progressivement de 21h, et rôtisseries comme bars affichent archi combles. Peut-on parler de la naissance d’une nouvelle rue de la joie modèle " capos " ? Un client venu chercher du poulet pour épauler sa femme qui n’a pu faire la cuisine, n’est pas loin de le penser : " On avait rarement vu autant de monde ici à Bastos. On se croirait à la Briqueterie ".

Violences

En effet, avec ce fort taux de fréquentation, échauffourées et vulgarité ne sont pas bien loin. Le plus souvent, une femme sera passée par là. On entendra alors des propos du genre, " tu touches encore à ma go je vais te show ", (tu touches encore à ma femme, je vais te montrer) ou encore " gars embarquons les nga si on siba en boîte " (Gars, embarquons les femmes si on veut aller en boîte). Une vendeuse de beignets située au carrefour assiste à tout ce manège avec circonspection. " Je suis ici depuis sept ans et j’ai pu vivre toutes les mutations du carrefour. J’essaie de ne pas m’en occuper et de me focaliser sur ma propre clientèle ", explique-t-elle. Un discours que reprennent volontiers ses voisines, vendeuses de poisson à la braise.

Mais derrière tout ce paysage festif, le carrefour Bastos voit resurgir de vieux démons. Celui de la violence par exemple. Beaucoup de témoignages recueillis sur place font état d’actes d’agressions. " Un soir, alors que j’étais venu ici avec ma fille, nous avons assisté à une bagarre, où des jeunes menaçaient de sortir des poignards. Nous avons dû abandonner notre repas et filer en douce ", raconte un habitué du coin.

Dans cette nouvelle tanière de libations et dérives en tous genres, le gagnant de tous les suffrages de popularité reste incontestablement la rôtisserie. Peut-être même le catalyseur de tous ces flux. Il y a cinq ans, il n’y avait qu’une seule rôtisserie dans le coin, non loin d’un supermarché. Aujourd’hui, voyant que la filière marche, la concurrence est devenue plus accrue. Pas moins de cinq rôtisseries se disputent les parts du marché, essayant chacune d’y aller de sa petite innovation pour attirer le plus de clients.

Il faut y ajouter les cinq grands cafés qui juchent le long du trottoir. Pour le grand bonheur des amateurs qui disent apprécier particulièrement la rapidité de cuisson des gallinacés rôtis dans ces grands fours surchauffés, et surtout les " prix démocratiques ". 1000 Fcfa le quart de poulet avec frites (pommes de terre ou plantains), 2250 Fcfa le demi, 4500 Fcfa l’entier. Grands perdants de cette nouvelle configuration du carrefour Bastos, certains habitants qui avaient établi résidence dans le quartier pour son chic et sa tranquillité, et doivent aujourd’hui composer avec cette fièvre du samedi soir…qu’ils vivent tous les jours !







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