" On n’avait plus de sommeil. Je n’ai pas eu un mari, mais un tyran ". M. F. Colette, 32 ans, la première épouse du nommé Tsopze Discael Gabin II a les yeux de quelqu’un qui sort de l’enfer, les traits amaigris d’une revenante, et l’expression saccadée d’une rescapée. Le mari de cette femme, qui l’a épousée avec ses deux autres co-épouses le 1er juin dernier est un tradipraticien que les voisins disent " particulièrement obsédé par la gent féminine ". C’est sous le prétexte de les traiter, et avec " des pouvoirs mystiques ", qu’il les domine, les envoûte, lors de l’acte sexuel principalement. Tour à tour, les nommées N. Marthe, 21 ans et K. Lise, 24 ans, venue de Bertoua se soigner chez lui, seront attirées dans son lit.
" On a été réduites, pendant deux ans, à effectuer les travaux du chantier de la maison ", explique N. Marthe. La première épouse ajoute : " Nous étions transformées en maçonnes. J’étais obligée de me lever tous les jours à quatre heures pour porter le gravier et le sable, avant d’aller au travail, à pied. Mon salaire, c’est lui qui le prenait. Je ne voyais rien, ne mangeais que la kola. Car selon lui, c’est cela qui devait me donner la force ". Et quand elles tentaient de résister ? C’était la bastonnade : 50, 60 coups de fouets et plus. K. Lise enchaîne : " J’étais la plus torturée, parce que je résistais.
Il disait que je suis jumelle, et que j’avais un pouvoir qu’il recherchait. Il me fouettait, pendant que j’allaitais notre bébé. Enceinte, je transportais des pierres et du gravier, souvent sur une distance de près de trois kilomètres. Les voisins nous prenaient pour des vendues ". Joignant le geste à la parole elle présente sur son dos, sa tête, et son postérieur, de grosses traces de fouet. L’homme avait complètement retourné les trois femmes contre leurs familles, et avait commencé " le rituel de la mort " sur l’une d’entre elles, avoue une voisine.
Mais c’est sur les enfants que l’inadmissible se produit. La déposition de l’innocente Ange T., 6 ans à peine, révèle au commissariat du 7e arrondissement à Efoulan l’horreur : " Lorsque nous restons seuls à la maison, pendant l’absence de nos mères, mon père m’appelle dans sa chambre, me demande de me déshabiller, de me coucher sur le lit et de retourner ma face. A son tour, il se déshabillait, après quoi… " Elle poursuit : " Lorsque je lui dis que j’ai mal, il me demande de supporter, sinon, il va me fouetter. Après m’avoir rhabillée, il me disait qu’il faisait cela pour que j’aie de grosses voitures et de belles maisons quand je serai grande. "
Les examens effectués à l’hôpital sont formels : " Absence de l’hymen suite aux viols répétitifs de son père ". Le même diagnostic a été enregistré sur les autres enfants, en fait des bébés de 23 et 8 mois ! L’autre garçon, Daniel, âgé de 13 ans, famélique, a simplement arrêté sa scolarité en 6e, sur ordre de son père, " pour finir le chantier entamé depuis deux ans ". Les coups de fouets sont son repas quotidien.
Alors que l’homme affame la famille et s’emploie à diviser les femmes qui devaient prier afin que " Dieu lui donne le pouvoir et la richesse ", la résistance s’organise. Par la prière. " Les relations sexuelles avaient baissé et nous commencions peu à peu à retrouver nos esprits ", expliquent-elles. Dans la nuit du 16 au 17 juillet dernier, alors que le bourreau, vendeur de médicaments traditionnels au carrefour Nsam, a une nouvelle fois découché, les trois femmes et les cinq enfants s’enfuient vers 2h du matin.
Les familles qui les accueillent sont tétanisées : personne ne les avait plus revu depuis trois ans ! Au commissariat d’Efoulan dans la journée de mardi, les victimes portent plainte. Le tortionnaire charlatan est par la suite cueilli par les éléments du 7e arrondissement, grâce à un stratagème mis en place. Interrogé, celui qui avait déjà abusé d’une fillette de huit ans quatre années plus tôt nie certains faits. Des photos des sévisses corporels, les dépositions et les certificats médicaux des enfants, ont été joints au dossier devant être transmis au procureur de la République.
Tsopze Discael Gabin II après un interrogatoire où il révèle qu’une Mercedes grise devait bientôt être sa propriété, a été déféré au tribunal de première instance de Yaoundé vendredi dernier. L’enquête suit son cours.
Source: Cameroon Info
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