Parce qu’elle veut faire plaisir à son époux, et aussi à ses quatre enfants, elle décide de leur servir leur plat préféré, un rôti de plantain accompagné de viande, communément appelé “ Kondré ”
Pour cette ménagère, le marché de New-Deido est le plus fourni en féculents. Première difficulté, rallier ce marché. Elle emprunte une moto.
Elle paie 300 Fcfa. Une fois au marché New-Deido, elle patauge dans la boue pour se retrouver sur le site de vente du plantain. A sa grande surprise, aucune revendeuse ne vient à sa rencontre pour lui proposer la marchandise. La première Bayam Sellam justifie ce comportement inhabituel. “ Le plantain est rare ma fille. Pour avoir ces quelques régimes exposés sur mon comptoir, j’ai dû batailler comme une folle.
J’ai surtout dépensé beaucoup d’argent. Alors, si tu tiens à prendre le régime, je te laisse à 5000 Fcfa, si tu veux plus tôt prendre en détail, je vends 5 doigts à 500 Fcfa… ”, explique la revendeuse. A cette proposition, Michelle sursaute, et ne comprend pas pourquoi ce produit est devenu si cher. Car en temps normal, le régime de plantain coûte entre 1000 et 1500 Fcfa.
Et c’est une autre revendeuse, qui donne les raisons de la cherté du plantain sur le marché. “ Plusieurs raisons expliquent la rareté du plantain sur le marché. D’abord c’est la saison des pluies, les plantains sont rares dans les champs. Ensuite, le peu de plantain que l’on peut trouver, les Gabonais et les Equato-guinéens viennent acheter à prix d’or pour aller le revendre chez eux. Enfin, les transporteurs qui nous livrent ce plantain se plaignent des tracasseries policières, et du prix du carburant.
Ils nous revendent donc le plantain cher et nous sommes obligées de le revendre à un prix plus élevé pour gagner ne serait ce que 200 Fcfa par régime… ” Découragée, Michelle se tourne vers le macabo.
Baisse des prix
Comme le plantain, le macabo est hors de portée de la première venue. Cinq maigres fécules à 500 Fcfa au lieu de 200 Fcfa. La même raison est avancée pour justifier la hausse du prix de ce produit. N’en pouvant plus, la ménagère se décide finalement à changer le menu du jour. Au rayon boucherie, elle constate que le kilogramme de viande coûte 2200 Fcfa. “ On nous dit tous les jours que les prix ont baissé. Si je prends un demi-kilogramme à 1000 Fcfa, il ne me reste que 1300 Fcfa. Quel repas je peux faire avec 1300 Fcfa… ” Se demande Michelle.
Et au fil des minutes, elle revoit à la baisse ses prétentions. En fin de compte, elle achète un litre d’huile de palme à 500 Fcfa. Non sans douleur : le prix de l’huile de palme est passé de 375 à 500 Fcfa le litre. Tout à côté, elle achète une vingtaine de boite de tapioca à environ 500 Fcfa, quatre tas de gombos à 50 Fcfa le tas. “ Je n’ai pas le choix, je suis obligée de faire le couscous de tapioca à la sauce gombo. ” dit elle dépitée. En sortant du marché, il ne lui reste que 200 Fcfa. Elle emprunte un taxi et retourne chez elle. Le Kondré de son mari va attendre meilleur moment, celui de la baisse du prix des produits de consommation courante.
Source: Le Messager
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