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L’or camerounais mal exploité
(03/07/2007)
Avec un potentiel estimé à quelque 3 tonnes, l’or camerounais ne profite qu’aux obscurs tapis dans l’ombre. D’où le lancement d’une structure censée sortir cette filière de l’informel dans lequel il est plongé.
Par Christian Lang

1- Le secteur minier en quête de visibilité

Cela fait plus de 70 ans que l’exploitation minière a commencé au Cameroun. Selon la direction des mines et de la géologie, “ la première exploitation de cassitérite date de 1933, celle de l’or de 1934 et celle de rutile de 1935 ”.

La mine solide a toujours été exploitée de façon artisanale sur les différents sites miniers. Avant l’indépendance, l’exploitation artisanale a même contribué jusqu’à 20% à l’économie nationale. Mais aujourd’hui, le Cameroun ne tire presque pas profit de la richesse de son sous-sol. L’apport de l’industrie extractive dans l’économie nationale est négligeable, inférieure à 1%. Les revenus de ces activités ont presque exclusivement bénéficié aux trafiquants.

Après l’adoption d’un code minier jugé attractif et compétitif en 2001, le Cameroun s’est doté, en 2003, d’un Cadre d’appui et de promotion de l’artisanat minier (Capam). Cette institution est chargée de la coordination, de la facilitation, de l’appui technique et financier et de la promotion de l’artisanat minier. Le Capam doit surtout canaliser les revenus de l’activité minière en cherchant une synergie entre la petite et la grande mine. Car avec des partenariats qui ont été noués, des entreprises étrangères s’intéressent au sous-sol du Cameroun pour une exploitation à l’échelle industrielle.

Du 27 au 29 juin 2007, le ministre de l’Industrie, des mines et du développement technologique, Charles Salé, s’est rendu dans le chantier minier de Mali à Bétaré Oya. Il y a procédé au lancement officiel des activités du Capam.

2- L’or va briller à Betaré Oya

Les artisans miniers du chantier de Mali à Betaré Oya, appelés Nagbata en langue locale, ne se sont pas débarrassés de leurs haillons jeudi 28 juin 2007 pour accueillir Charles Salé. Sans luxe ni artifices vestimentaires éclatants, ces ouvriers ont accueilli le Minimidt dans une ambiance de chantier. Pendant que les multiples intervenants se succèdent sur le podium pour prononcer leurs discours, les Nagbata sont dans les trous d’extraction d’or. Ils creusent et fouillent dans la boue.

A l’effet d’y extraire quelques grammes du précieux minerai. Son exploitation dans cette localité se fait depuis plusieurs décennies. “ Nous sommes à Betaré Oya : la ville dont la personnalité est étroitement associée aux 70 ans d’exploitation de l’or au Cameroun ”, affirme Charles Salé.

Selon le Minimidt, “ sur cette plateforme historique, nous sommes venus consacrer les premiers résultats de la politique de valorisation de nos gisements miniers hors pétrole ”. Il cite notamment : l’adoption d’un code minier attractif et compétitif ; la création en juillet 2003 du Capam “ en tant que structure de facilitation et d’encadrement des activités tant de la petite que de la grande mine. Pour le moment, le Capam met en œuvre un programme dénommé “ appui et organisation de l’artisanat minier camerounais ”.

Ce programme, d’un coût de réalisation de 11 milliards de Fcfa, couvre 28 sites miniers pilotes répartis dans 28 arrondissements ” dans six provinces. Financé sur fonds Ppte à hauteur de 4,5 milliards sur trois ans, ce programme pourrait générer entre 10 et 15.000 emplois en 2010.

La grande mine fait ses premiers pas au Cameroun. Jusqu’en 2003, le Cameroun n’avait délivré que deux permis de recherche. On en compte quarante-deux délivrés à des entreprises intéressées par l’exploitation des mines du Cameroun : le cobalt, la bauxite, le fer, le rutile, l’étain, le coltan, le nickel, l’or, le granite, le diamant…

Les populations de Betaré Oya, comme celles des autres zones d’extraction de minerais, n’ont pas toujours tiré profit de leur sous-sol exploité de façon anarchique. Le maire de la commune rurale de cet arrondissement salue la création du Capam qui va “ canaliser la production minière dans les circuits formels de l’économie et améliorer les conditions de vie des artisans miniers ”. Au-delà de cette note d’espoir, il y a des doléances à formuler. Les artisans miniers souhaiteraient “ quitter l’informel pour le circuit formel ”.

En plus, “ nous souhaitons que vous [Minimidt, ndlr] fixiez le prix de l’or d’une manière officielle en tenant compte…du prix compétitif au marché ”, suggère le porte-parole des artisans miniers. Selon lui, les Nagbata sont dispersés et “ le taux de production réel d’une façon générale entraîne la fuite des devises ”.

3- Le Cameroun, un gisement de 475.000 km2 inexploité

Le Cameroun a un sous-sol très riche. Le pays dispose d’importantes réserves de minerais. Soit trois grands gisements de bauxite : Minim-Martap dont la réserve est estimée à plus d’un milliard de tonnes, avec des teneurs de 43% en alumine ; Ngaoundal qui a des réserves de 120 millions de tonnes avec la même teneur que le précédent gisement.

Le troisième réservoir est celui de Fongo-Tongo avec 50 millions de tonnes et 47% de teneur en alumine. Le Cameroun a la deuxième réserve mondiale de rutile après la Sierra Leone, avec des réserves évaluées à 3 millions de tonnes. Le sous-sol camerounais contient près d’un milliard de tonnes de fer dans les bassins de Mbalam et Kribi.

D’autres localités du Cameroun disposent d’importants gisements de minerais : le cobalt et le nickel à Lomié (250 millions de tonnes) ; le calcaire à Figuil (600.000 tonnes) ; le marbre à Bidzar et Biou ; l’or à l’Est, l’Adamaoua, le Nord et le Sud. Les réserves d’or de Betaré Oya sont estimées à 3 tonnes. La liste des minerais existant dans le sous-sol camerounais est bien longue.

Mais cette richesse minière ne contribue que de façon résiduelle au produit national brut (Pnb) du Cameroun. “ Nonobstant l’important potentiel minier dont il dispose, la contribution de l’industrie extractive au Pnb du Cameroun reste négligeable ”, a reconnu Charles Sale, le ministre de l’Industrie, des mines et du développement technologique, dans Capam News. La contribution de l’exploitation minière dans l’économie a plutôt chuté au fil des ans.

Paul Ntep Gweth, le coordonnateur du Capam ajoute : “ Malgré la richesse du sous-sol camerounais, l’industrie extractive contribue très peu au Pnb (4,8 milliards Fcfa en 97/98 soit 0,08% du Pib [produit intérieur brut, ndlr] ” Or “ Avant l’indépendance, la mine artisanale était organisée et contribuait jusqu’à 20% à l’économie nationale ”, précise-t-il. La quasi-totalité de la production minière est écoulée dans les circuits clandestins. Selon la direction des mines et de la géologie, “ on estime à 32 milliards de tonnes la consommation mondiale des substances minérales pour un marché de 820 milliards d’euros.

Malheureusement, le Cameroun ne tire pas encore profit de ce commerce en dépit d’un potentiel important, la plupart de ses ressources étant inexploitées ”. La production artisanale d’or est estimée à 500 kg l’an selon les statistiques de la direction des mines et de la géologie.

Dans certains pays africains, la petite mine a un impact important dans l’économie. La République centrafricaine produit 400 à 800 carats de diamants par an. Cette production représente un chiffre d’affaire de 50 milliards Fcfa. En Tanzanie, l’apport de la petite mine en 1992 était de 30 milliards Fcfa. La production artisanale de l’or de l’Afrique subsaharienne selon une estimation du Bit en 1999 est de 500 milliards Fcfa. “ Toute la production camerounaise, écoulée dans les circuits clandestins est inconnue de cette estimation ”, affirme Paul Ntep Gweth.

Le nombre de personnes travaillant dans la petite mine dans d’autres pays africains est largement au-dessus de celui des Camerounais. Le Capam devrait contribuer à inverser cette tendance par : la mobilisation de milliers d’artisans pour l’auto-emploi, l’appui technique, logistique et financier.


Source: Le Messager


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