D’aucuns prétendaient qu’à partir de ce livre, les suicides avaient augmenté en France. Rien de tel au Cameroun. Pourtant, en un laps de temps, CT s’est fait l’écho d’un certain nombre de suicides dont la palme d’or reviendrait à un certain nombre de quartiers à Yaoundé. Qu’est-ce qui peut bien pousser des personnes de conditions sociales aussi différentes à se donner brutalement la mort ?
Le dernier en date est celui de l’inspecteur de police, William Ashu, qui pour des raisons qui demeurent encore non élucidées, s’est tiré une balle dans la tête, samedi dernier, pour en finir avec la vie. Dans son entourage, personne ne pouvait imaginer qu’il allait accomplir un tel acte. Même sa compagne Annita n’a rien soupçonné. Les autres cas sont aussi pathétiques.
A titre de rappel, la semaine dernière, au moment même où se déroulait l’examen du BAC général, on annonçait la mort par suicide de l’ancien principal du collège de la Mefou, François Nsa’a, au quartier Anguissa. Selon certains témoignages, ce responsable a travaillé normalement le 21 mai, lundi veille de sa mort. Il se serait suicidé parce qu’il était soupçonné de distraction des frais d’examen d’une valeur de 660 000 Fcfa.
Autre cas, cette fois-ci au quartier Olembé. Il y a environ deux semaines, le corps sans vie du jeune Hervé G. a été découvert, se balançant au bout d’une corde usée, vêtu seulement d’un sous-vêtement, aux environs de 22 h. Sa mère ne l’avait pas aperçu de la journée et s’inquiétait. La pauvre, raconte qu’elle a remarqué qu’il était toujours déprimé quelques jours avant de se donner la mort.
Par contre, l’entourage du jeune Hervé G. n’était pas tout à fait surpris. D’après certaines personnes, il disait qu’il allait se tuer parce que la vie était trop dure pour lui. Autre lieu, Maroua. Il y a environ un mois, un jeune homme, non identifié, s’est suicidé dans un dépôt de gaz au quartier Congore, parce qu’on le soupçonnait d’être homosexuel.
Une série macabre qui interpelle la société dans toutes ses composantes. Et dont les raisons ne sont toujours pas évidentes. William, François, Hervé, sont unis par un destin tragique qui un beau jour a frappé à leur porte et les a poussés à commettre un acte irréparable et parfois incompréhensible pour leurs proches. Voilà autant de personnes dont la mémoire selon certaines coutumes camerounaises ne sera pas honorée. Emmanuel B, un ressortissant de l’Ouest s’exprime sur le suicide : " Chez nous, lorsqu’on se suicide, on n’a droit ni à la messe, ni à un cercueil, car notre coutume nous l’interdit formellement ".
Son voisin, Jodi, prétend plutôt que dans son village, la pratique veut même qu’il soit enterré loin du village, sans pierre tombale. Selon Dr Emmanuel Richard Dipoko Dibotto, sous6directeur de la Prévention et de l’Action communautaire au Minsanté, au Cameroun, il n’y a pas encore d’études précises sur les cas de suicide. A Douala, le Dr Jean Louis Jon, neuropsychologue à l’Hôpital Laquintinie explique qu’il y a des gens qui se pendent, boivent des médicaments tous les jours ou alors se jettent dans le fleuve Wouri sans que ce ne soit signalé aux autorités. D’où la difficulté à avoir des chiffres.
Selon lui, les suicides sont fréquents chez les adolescents de 15 à 24 ans et c’est la deuxième cause de mortalité après les accidents de la circulation. Une étude a également montré que les personnes âgées ont un taux de suicide élevé. Donc en réalité pas de statistiques fiables. Vu la situation actuelle, on devrait s’y mettre.
Source: Cameroon Tribune
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