Carrefour Ndokoti hier après midi, point de départ pour le quartier Logbaba. Il est 16 heures, le trafic est dense. Piétons, motos, taxis et autres véhicules se disputent la route, dans un brouhaha indescriptible. Un brouhaha que complète le bruit du moteur d’un bus de la société de transport urbain (Socatur), de marque Renault qui relève d’un vestige. D’ailleurs, sa présence ici, malgré les passagers qui se bousculent pour y prendre place à bord, ne laisse personne indifférent.
Etant donné qu’un engin du même type, appartenant à la même société, a fait, il y a trois jours (mardi dernier, ndlr), trois morts, à la suite d’un accident.
En effet, ce jour, aux environs de 17 heures, alors qu’une pluie diluvienne se prépare à faire tomber ses premières gouttes, un bus de la Socatur quitte la chaussée quelques mètre après l’arrêt bus et se retrouve sur le trottoir, en écrasant tout ce qui se trouve sur son chemin. Au moment des décomptes. Trois morts et six blessés, dont quatre cas graves. Plusieurs commerces sur une distance d’environ dix mètres sont détruits.
Anne Marie Mbazoa Obono, ménagère ; Alain Pierre Nitout, 35 ans et cadre à la Société nationale des eaux du Cameroun (Snec) ; Samuel Youmsi, tailleur âgé de 55 ans, sont à la morgue de l’hôpital Laquintinie. Trois jours après, le lieu de l’incident reste peu fréquenté, une dizaine de boutiques fermées. Les commerçants quant à eux sont consternés. Ils portent le deuil, étant donné que Samuel Youmsi était l’un des leurs. Puisque son atelier, qui était aménagé dans un conteneur, fait parti des commerces saccagés par le bus. Un tableau portant le programme de ses obsèques est déjà placé devant sa boutique. Il indique qu’il sera inhumé samedi le 2 juin à l’Ouest.
“ Nous ne savons pas exactement ce qui s’est passé. Nous avons seulement vu un bus vide de la Socatur sur le trottoir, bousculant tout sur son passage. Son conducteur qui luttait avec un monsieur n’avait plus la maîtrise du volant ”, raconte une vendeuse de tomate dont le comptoir se trouve en face du lieu de l’incident.
Problème de mentalités
A la Socatur, Jean Ernest Ngalé Bibéhé, le directeur général de ladite société, reste sans voix. Samuel Ekitiké, responsable commercial de la Socatur, s’essaye à l’explication, après ce que leur a dit le chauffeur par qui le drame est arrivé. “ Le 29 mai dernier, autour de 16 heures 50 minutes, après le dépôt des passagers qu’il avait ramenés de Logbaba, notre chauffeur nommé Mesmer Ndé qui assurait la ligne Ndokoti-Logbaba, se rend à son terminus.
Seulement, il y trouve un taxi qu’il dépasse et se gare plus loin. C’est alors qu’un monsieur montera dans le bus pour lui demander pourquoi il a failli le tuer à Nyala. Le conducteur de bus lui dit qu’il ne s’agit pas de lui. Furieux, le monsieur le saisi au cou et la bagarre commence ”.
C’est ainsi que le conducteur va perdre le contrôle du bus. Les forces de l’ordre vont interpeller les deux pugilistes et procèderont à leur identification. Paul Njem, l’adversaire de Mesmer Ndé, est taximan et voulait se rendre justice. Au commissariat central N°2 à Logbaba où ils seront conduits et gardés à vue, Ngallé Ekimea, le commandant de la compagnie des constats d’accident au commissariat central N°2 indique que,… “ quand Paul Njem est monté et a posé son problème, le conducteur du bus lui a dit de descendre. Il a refusé.
C’est alors qu’il a décidé de l’amener à la base de la Socatur. Il a démarré le bus et le taximan l’a saisi et la bagarre a commencé c’est alors que le chauffeur a perdu le contrôle.”. La Socatur qui veut tirer la situation au clair, a déjà porté plainte contre Paul Njem.
Les blessés, à l’hôpital Laquintinie disent n’avoir rien reçu jusqu’ici de cette société pour leurs soins. Même si, “ une femme venant de cette société nous a rendu visite hier après midi ”, précise l’une des victimes internée à la salle A. Ce qui n’est pas de l’avis du directeur général de la Socatur. Il affirme avoir pris l’initiative d’accompagner toutes les familles des victimes. L’entreprise, d’après lui, a pris un certains nombre de mesures pour assurer l’inhumation des morts et les soins de ceux qui sont internés, en attendant la réaction de leur assureur.
Au commissariat de Logbaba, l’on indique que le collectif des commerçants dont les commerces ont été endommagés, a porté plainte contre la Socatur.
Source: La Nouvelle Expression
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