C’est un homme meurtri et " affaibli "-le mot est de lui- qui est monté à bord de l’avion qui l’a déposé samedi matin à Bruxelles en Belgique. Meurtri par ce " qu’il lit depuis quelques jours dans les journaux et entend à la radio". Affaibli " depuis que la Fécafoot a publié la short-list des techniciens pressentis pour diriger l’équipe nationale ". A ce sujet, Jules Nyongha exprime une double indignation. " C’est maladroit de publier une pareille liste en ce moment à la veille d’un match aussi capital que celui qui nous oppose dimanche au Liberia.
Je crois que c’est de la déstabilisation pure et simple. C’est très surprenant que cela vienne de la Fécafoot. Ce n’est ni plus ni moins que du mépris pour le staff en place et qui, plus est, se tue à la tâche avec des moyens de bord depuis des mois ", s’emporte-t-il. Et de poursuivre : " En plus, en jetant un coup d’œil sur leur short-list, je découvre avec stupéfaction que mon nom n’y figure même pas alors que j’ai bel et bien fait acte de candidature au poste de sélectionneur ", révèle l’intérimaire. Voilà donc les raisons de la cassure entre Jules Nyongha et la Fécafoot.
L’entraîneur national par intérim ne mâche pas ses mots et laisse entendre que " la fédération n’a pas tenu compte de son état psychologique et de celui de l’équipe. Elle nous lâche au moment où on a le plus besoin d’elle ", a-t-il lancé. Pour bien comprendre les causes de cette fracture, il faut remonter à la première quinzaine du mois de mai, période au cours de laquelle la Fécafoot a publié et proposé au MINSEP la liste des cinq entraîneurs, susceptibles, selon elle, d’entraîneur les Lions Indomptables.
On y retrouve les noms de l’Allemand Horst Köpple, des Français Joël Muller et Jean Petit, du Belgo-espagnol Emilio Ferrera et du Portugais Artur Jorge. L’ancien entraîneur des Lions bénéficie d’ailleurs d’une recommandation de Mohammed Iya approché vendredi dernier en marge de la messe de requiem organisée en la mémoire des trois arbitres disparus dans le crash de l’avion de la Kenya Airways. Le président de la Fécafoot nous a promis un entretien malheureusement non honoré pour cause de " temps ".
Appel à candidatures
Ce qui intrigue dans la démarche de la fédération, c’est que Artur Jorge, son favori, n’a pas fait acte de candidature. Question de pure logique. A quoi cela servait-il de lancer un appel à candidatures, du reste officieux, s’il faut recommander quelqu’un qui n’a pas constitué un dossier en bonne et due forme. Le Portugais n’a pas manifesté clairement l’intention de revenir entraîner l’équipe nationale, avec laquelle il n’a atteint, lors de son premier bail aucun objectif (qualification ratée à la coupe du monde 2006, élimination prématurée à la CAN 2006).
Entretemps, l’image de looser que traîne depuis quelques années Artur Jorge s’est encore renforcée. Vendredi dernier, Créteil, club de la banlieue parisienne au chevet duquel il a été appelé en janvier dernier, est descendu en National (troisième division). Quelle crédibilité un tel technicien peut-il encore avoir aux yeux des joueurs et de l’opinion ?
Sur un plan purement méthodologique, le cri de cœur de Jules Nyongha nous semble fondé. Le procédé utilisé par la Fécafoot est pour le moins bancal. Le timing et le contexte ne prêtaient pas forcément à la communication des noms des potentiels entraîneurs en ce moment. Plus " qu’un manque d’élégance et de courtoisie " que dénonce Nyongha, c’est davantage une maladresse de communication. Aux dernières nouvelles et selon des sources bien introduites, la démarche de la Fécafoot va rester pour l’instant sans suite.
Le recrutement du prochain sélectionneur devrait se faire au terme d’une procédure claire et transparente d’appel à candidatures et non à l’issue d’une démarche obscure. Cela dit, le technicien lance cet après-midi en Belgique le stage préparatoire au match Liberia-Cameroun. Mieux que toute autre personne, Nyongha sait que la meilleure réponse qu’il puisse apporter à " ce mépris " dont il dit être l’objet est la victoire qu’il doit ramener de Monrovia.
Source: Cameroon Tribune
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