Plusieurs domiciles, établissements de commerce et entreprises ont déjà reçu leur visite. Armés de gourdins, machettes, coutelas, pistolets automatiques et autres objets dangereux, ces hors-la-loi violentent leurs victimes et emportent argent, appareils électroniques, informatiques… “ Ils sont colosses et farouches, prêts à ôter la vie à tous ceux qui résistent à leur désir. Ils se déplacent à l’aide d’un car.
Leurs coups sont perpétrés après minuit ”, révèlent nombre de victimes dont les plaintes pour braquages sont déposées soit dans un des commissariats de sécurité publique soit dans une des brigades de gendarmerie de l’arrondissement de Douala IVè.
Dans la nuit du dimanche 6 au lundi 7 mai, cette bande de braqueurs a opéré au grand dépôt Guinness (l’une des quatre importantes structures de distribution des produits Guinness dans la capitale économique) situé après la gare routière de Bonabéri, en face de la brigade des recherches de la gendarmerie. Samuel Ngend-Ngend, docteur d’Etat en finances d’entreprise, expert comptable, expert financier et enseignant à l’université de Douala, est le propriétaire de ce grand dépôt.
Il raconte : “ Les vigiles, agents de la société de gardiennage Suprocam, m’ont révélé qu’ils ont été attaqués vers 1h par une vingtaine de personnes armées. Ils sont arrivés à bord d’un car, ont escaladé la barrière de près de trois mètres, neutralisé les vigiles qu’ils ont ligoté, bâillonné. Ensuite, ils ont défoncé une porte, un mur intérieur et une grille pour avoir accès au gigantesque coffre-fort de marque Nugue, pesant 500kg (une demi tonne). Ils ont défoncé le coffre-fort et emporté toute la recette du samedi 5 mai, neuf millions de francs Cfa et demi (9.500.000 Fcfa). En partant, ils ont aussi emporté un ordinateur portable. Leur opération a, selon les vigiles, duré 1h30’. ”
Laxisme des forces de l’ordre
Après le départ en trombe des malfrats, les vigiles parviennent à se débâillonner et déligoter. Ils se rendent à la brigade des recherches de la gendarmerie, à un jet de pierres du grand dépôt. “ Au gendarme qu’ils ont trouvé sur place, ils ont raconté leur calvaire et dit que les braqueurs venaient de quitter les lieux. Ce gendarme leur a dit qu’il ne peut rien faire parce qu’il est seul ; ses collègues étant soit au lycée polyvalent pour les primaires du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) soit à Mbanga Pongo pour voir où a crashé l’avion 737-800 de la compagnie aérienne Kenya airways.
Toutefois, ce gendarme a appelé le 117 et, au bout du fil, on lui a dit que les malfrats étant déjà partis, il n’y a plus d’intervention à faire. A la brigade où je me suis moi-même rendu le lendemain, on me l’a confirmé. Au commissariat de sécurité publique du 15e arrondissement de police cette nuit-là, la situation est identique ; il n’y a pas d’éléments suffisants pour se mettre aux trousses des malfrats ”, révèle Samuel Ngend Ngend.
Autre surprise de Samuel Ngend-Ngend : “ Au commissariat du 15e arrondissement de police où je me suis rendu très tôt le matin pour déclarer le braquage, l’on m’a rétorqué que, comme la brigade des recherches de la gendarmerie est déjà au courant de l’affaire, que j’aille continuer avec elle. Il a fallu que je menace de saisir directement le commissaire central pour qu’on accepte d’ouvrir l’enquête au commissariat du 15e arrondissement de police. ” Une réaction policière pouvant amener à croire que la collaboration entre gendarmes et policiers est tout simplement de façade à Bonabéri.
A en croire le propriétaire du grand dépôt Guinness de Bonabéri, “ une entreprise voisine à son grand dépôt, la société Adic derrière Littocol, aurait été braquée de la même façon dans la nuit du 1er au 2 mai ; les malfrats y auraient emporté près de 13 millions de francs Cfa. Chez monsieur Ndamè, directeur adjoint des ressources humaines à Aes Sonel (autre habitant de Bonabéri victime), les malfrats ont arraché la somme d’un million de francs Cfa. Ils auraient aussi, récemment, en plein jour, attaqué une autre entreprise brassicole à Bonabéri. ”
Source: Le Messager
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