L’internationale Tchèque de l’Olympique lyonnais Milan Baros a déclaré samedi dernier qu’il accepte la sanction de trois matchs prises à son encontre, la veille, par la commission de discipline de la Ligue de football professionnelle. Lors d’un duel musclé avec le défenseur camerounais de Rennes, Stéphane Mbia, le 18 avril dernier, l’attaquant s’était pincé le nez et éventé comme pour chasser une mauvaise odeur. Manquant de preuve, la commission n’a pas retenu la circonstance aggravante de racisme qui aurait valu au moins six matchs de suspension à Milan Baros.
« Il n’est pas dans les pouvoirs de la commission de sonder les âmes et les cœurs », a expliqué la LFP dans ses attendus. Elle a jugé que le « comportement » du footballeur, « inadmissible et inqualifiable », était « de nature à instaurer pendant une rencontre un climat d’intolérance et une atmosphère viciée, génératrice de conflits et de tensions ».
« J’accepte cela. J’aurais très bien pu écoper d’un carton rouge sur le terrain, a déclaré samedi Milan Baros à l’issue du match de son club contre le Paris Saint-germain, au cours duquel il était titulaire (…) J’avais toujours dit que j’accepterais une sanction si on ne m’accusait pas de racisme. C’est important pour moi (…) J’ai serré la main de Mbia, je lui ai dit que c’était une mauvaise attitude de ma part mais pas une attitude raciste. J’ai beaucoup d’amis de couleurs. Je respecte tout le monde. »
Une décision « paradoxale »
Dès vendredi, trois associations antiracistes, dont SOS Racisme, s’étaient pourtant étonnées de la décision « très paradoxale » de la LFP. « Cette décision est totalement incompréhensible : si c’est une insulte comme une autre, la sanction est trop importante par rapport aux sanctions habituelles, si c’est une injure à caractère raciste, la suspension est scandaleusement faible », a indiqué le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples) dans un communiqué. Mouloud Aounit, Son secrétaire général, étant d’autant plus désolé que « la dimension raciste » du geste était selon lui« sans ambiguïté ».
Pour la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme), la décision rendue par la LFP est un « sombre mystère ». L’association juge que les explications du joueur, notamment celles selon lesquelles il a des amis Noirs, ne sont « ni probants, ni valables, encore moins sérieux pour qualifier l’acte. Ce sont justement les rhétoriques entendues et utilisées systématiquement de longue date par les racistes pour se défendre. »
Concernant d’éventuelles suites juridiques, le MRAP a consulté dès vendredi son service spécialisé. Mais le secrétaire général de SOS Racisme, Hermann Ebongue, a indiqué que « la législation exige des éléments de preuve que nous n’avons pas ».
Source: Afrik.com
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