Objectif de ce dîner-débat : examiner l’évolution de la croissance économique au Cameroun au cours de ces dernières, et proposer des solutions pour rendre cet indicateur économique compatible avec les objectifs de développement du Cameroun.
Des différentes interventions, au moins un consensus s’est dégagé : après la crise économique de la période 1986-1993. Selon Abdoulaye Seck, un expert de la Banque mondiale invité a présenté le "profil de la croissance économique au Cameroun" au cours de la décennie 1996-2006, le taux de croissance moyen, durant cette période, a culminé à un peu plus de 4%, soit une croissance par individu d’environ 2,3%. Et d’ajouter : "cela signifie que pour doubler le revenu par habitant avec un taux de croissance pareille, il faut attendre 33 ans".
Par ailleurs, cette croissance que Bruno Bekolo Ebé, économiste, qualifie "d’appauvrissante" dans la mesure où elle n’a pas encore la moindre incidence sur la pauvreté au Cameroun, a culminé aux mêmes taux en 2003 et 1963 (3,5%), selon Roger Tsafack Nanfosso, enseignant d’économie à l’université de Yaoundé II-Soa.
Dans un exposé intitulé "quelle politique de croissance pour le Cameroun ?", cet universitaire a ainsi révélé que malgré la reprise observée entre 1996 et 2006, période caractérisée par de nombreuses réformes visant à booster la croissance économique, le Cameroun n’a réussi, au mieux, qu’à faire un bond de 40 ans en arrière.
Fcfa, Dollar, Euro…
Cette remarque reste identique en cette année 2007, puisque les projections de la Banque des Etats d’Afrique centrale (Beac) situent le taux de croissance au Cameroun à 4%, soit seulement 0,5% de plus qu’en 1963. Cette situation pourrait tout aussi être qualifiée de "paradoxe camerounais", expression utilisée par Jean Pierre Fourcaut, un expert de la mission économique française, pour parler de la dichotomie entre la surliquidité des banques installées aux Cameroun et les difficultés qu’éprouvent les investisseurs à se faire octroyer des crédits.
Toutes choses qui freinent les investissements et accentuent le chômage dans le pays (voir article ci-dessous).
Aussi, a souhaité Essimi Menyé, ministre délégué auprès du Minefi chargé du Budget, il est grand temps de "faire du décollage économique au Cameroun une réalité". Un défi qui, selon le ministre d’Etat, ministre de la Planification, Augustin Frédéric Kodock, passe par le renforcement de l’offre énergétique, de la construction des infrastructures, etc. Bref, par une exploitation judicieuse des énormes ressources dont dispose le Cameroun, affirme Georges Serre, ambassadeur de France au Cameroun.
Un résumé suivi d’un hochement de la tête (en signe d’approbation) de l’économiste Roger Tsafack Nanfosso, qui, en plus, propose une lutte plus accrue contre la corruption, l’amélioration du climat des affaires et, surtout, l’arrimage du franc Cfa, non plus uniquement à l’euro, mais aussi au dollar américain et au yuan chinois.
Source: Quotidien Mutations
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