Car, “ en Esf, [Economie sociale et familiale, Ndlr] nous avons un cours sur la reproduction. On nous parle des organes masculin et féminin, du calcul du cycle…” Mais les enseignements ne sont pas profonds, comme l’avoue Renée, élève en classe de première au lycée d’Ekounou. Et le cours d’éducation à la sexualité ? La jeune fille répond : “ Pas spécifiquement. Mais, on en parle en Esf ”. A l’en croire, les enseignements sont centrés sur la contraception, la “ protection lors des rapports sexuels ”.
Élèves en classe de 3e au lycée d’Elig-Essono, Afana Aser et Alain Ndi sont plutôt évasifs. “ En 4e, on a vu la reproduction ”. C’est en “ Svt, partie humaine, [Sciences de la vie et de la terre, Ndlr] ”, explique Mathieu du Lycée d’Efoulan. Sur ce qu’ils ont retenu, les réponses vont dans tous les sens. L’un parle de la définition de la fécondation, l’autre de la transmission des maladies pendant les rapports sexuels et le troisième, en guise de conclusion, avoue “ comme le cours était long, on prend l’essentiel ”.
Les thèmes évoqués en 3e n’ont plus rien à voir avec la reproduction. Ils concernent : les fonctions de nutrition chez l’homme ; la relation entre l’homme et son environnement ; la défense de l’organisme humain face aux agents pathogènes et l’hérédité humaine.
L’enseignement technique semble mieux loti. Mais cela dépend non seulement de la filière, mais aussi de la classe. Pour Gabrielle Mbogsi, élève en classe de Tle Esf au collège Jeanne Alegue, “ c’est notre matière de base. Elle passe trois fois par semaine ”. Les cours de reproduction ne concernent que les élèves de la 3e. En Terminale, les thèmes développés concernent le sevrage, le développement psychomoteur de l’enfant, etc.
Selon les spécialistes, le manque d’éducation à la sexualité chez les adolescents serait à l’origine des grossesses non désirées chez cette frange de la population. Selon une enquête réalisée par l’Ong Femmes santé développement (Fesade), au Cameroun, 14,78 % de grossesses sont portées par les adolescentes. L’étude réalisée en 1993 reste valable d’après la troisième enquête de démographie et de santé de 2004.
Sans critiquer les programmes existants, le “ curriculum d’éducation à la sexualité des adolescentes et adolescents ” se veut une réponse aux maux qui minent la santé sexuelle des adolescents. Selon Mme Damaris Moulom, présidente de la Fesade, cet outil vise à aider les jeunes à vivre harmonieusement leur sexualité. “ Ce que notre programme apporte de plus c’est la dimension psychoaffective. C’est-à-dire qu’il n’y a pas que la biologie, il n’y a pas que le sexe en tant que sexe. Il y a la sexualité en tant qu’individu… ”, ajoute-t-elle.
Source: Le Messager
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